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«Au cœur de l’info» - Sam Lauthan : «La lutte antidrogue à Maurice manque de punch» 

Kunal Naik et Sam Lauthan.

Le débat sur la décriminalisation de la consommation de drogue revient sur le devant de la scène. L’émission « Au cœur de l’info » de Radio Plus du lundi 5 octobre 2020 était axée sur le sujet. Parmi les invités : Sam Lauthan et Kunal Naik.

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«La décriminalisation de la consommation de drogue est à l’agenda du gouvernement. Est-ce la bonne approche ? » Tel était le thème de l’émission « Au cœur de l’info » de Radio Plus le lundi 5 octobre 2020. Pour en débattre, Patrick Hilbert et Anoop Dhookeeya ont accueilli en studio Sam Lauthan, l’un des deux assesseurs de la commission d’enquête sur la drogue, et Kunal Naik, directeur plaidoyer chez PILS (Prévention Information Lutte contre le SIDA ; NdlR). L’ancien Attorney General, Rama Valayden, est intervenu par téléphone.

Sam Lauthan estime que la lutte contre la drogue à Maurice « manque de punch ». Pour lui, « le gouvernement doit être transparent sur l’application des recommandations du rapport de la commission d’enquête sur la drogue ». Il lance ainsi un appel pour une réflexion collective sur le sujet. « Les grands réseaux mafieux sont toujours actifs », a-t-il prévenu.   Il a tenu à faire la distinction entre les termes « dépénalisation » et « décriminalisation ». Pour lui, le rapport de la commission d’enquête sur la drogue a recommandé une certaine forme de dépénalisation. « Les consommateurs qui sont condamnés pour la première fois ne devraient pas aller en prison mais dans des centres de réhabilitation et payer une amende ou alors faire des travaux communautaires et recevoir des soins. En prison, leur situation empire », a-t-il expliqué. Sam Lauthan a ajouté qu’il faut adapter le système portugais (décriminalisation des drogues illicites ; NdlR) au contexte mauricien. 

Kunal Naik a insisté qu’il n’est nullement question de dépénalisation. « On parle du modèle portugais où les consommateurs sont encadrés […] C’est un pas vers un changement drastique. Le programme prévoit d’identifier si le consommateur doit recevoir des soins ou faire des travaux communautaires. Pourquoi prenons-nous le modèle portugais ? C’est un pays où la consommation de drogue est la plus basse d’Europe grâce à son système », a-t-il commenté. . 

Intervenant par téléphone, Rama Valayden a indiqué qu’il trouve que la stratégie du gouvernement n’est pas claire. « Il faut un Policy Paper clair et expliquer vers quel système on va. Il y a un flou. Y aura-t-il une répression sur les consommateurs ? C’est facile de faire plaisir avec des effets d’annonce. » Mais encore faut-il, selon lui, savoir quelle politique nous voulons. « Pourquoi à la Réunion, où la population et le climat sont proches de ceux de Maurice, n’y a-t-il pas autant de drogues synthétiques qu’à Maurice ? », a demandé l’ancien Attorney General.

Solutions proposées 

Rama Valayden préconise de lutter contre le trafic en encadrant la vente. « Ce n’est pas parce que quelque chose est légal que tout le monde va en consommer. En travaillant sur un modèle de santé, on peut arriver à sensibiliser les consommateurs. Je propose une dépénalisation du cannabis pour lutter contre la drogue synthétique. Mais cela prendra du temps, car ceux qui en consomment sont déjà dépendants », indique-t-il.

Sam Lauthan est, quant à lui, d’avis qu’il faut avant tout des statistiques sur l’usage de drogues. « Il faut des données scientifiques sur la consommation de drogue à Maurice. Malgré les contrôles aux frontières, elle continue à entrer. Le second axe est donc d’en empêcher la distribution. Il faut aussi sensibiliser puis traiter les consommateurs […] » 

Il a précisé que les produits présents dans les drogues synthétiques se vendent en quincaillerie. « Il est vrai que les consommateurs deviennent des zombies. À peu près 80 % des patients de l’hôpital Brown Sequard sont des consommateurs de drogues synthétiques, dont les effets sont irréversibles », constate-t-il. 

De son côté, Kunal Naik a indiqué que pour lutter contre les drogues synthétiques, il faut la prévention mais aussi un contrôle du marché du cannabis. « L’accessibilité et le prix des drogues synthétiques ainsi que l’interdiction du cannabis expliquent le succès des drogues de synthèse », a conclu Kunal Naik.

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