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Attaques personnelles et coups sous la ceinture, marque de fabrique de la campagne électorale 

À mesure que les élections générales approchent, plusieurs politiciens, en particulier le Premier ministre, n'hésitent pas à intensifier leurs attaques pour discréditer leurs adversaires. Cette stratégie devrait gagner en intensité à l'approche du scrutin.

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Pravind Jugnauth : une escalade dans la politique d’attaques personnelles

Le Premier ministre Pravind Jugnauth se distingue de plus en plus par son approche agressive envers ses adversaires. En lançant des attaques personnelles d’une virulence que beaucoup qualifient d'inédite, Pravind Jugnauth ne semble épargner personne. Ce style de campagne n'est pas nouveau pour lui ; en effet, il a déjà fait preuve de telles rhétoriques acerbes lors des élections générales de 2010, notamment à l'égard du leader du Mouvement militant mauricien (MMM), qu'il avait qualifié de "Johny", et s'était aussi laissé aller à des commentaires désobligeants envers la famille Uteem.

Treize ans plus tard, Pravind Jugnauth semble avoir intensifié ses attaques, en se basant largement sur les frasques et les scandales passés de ses adversaires pour les discréditer. Sa propension à s'immiscer dans la vie privée de ses opposants est désormais une stratégie récurrente de sa campagne. L’une des plateformes fréquemment utilisées par le Premier ministre est celle de l’Assemblée nationale, plus précisément la tranche des Prime Minister’s Question Time. Cette période lui permet souvent de répondre à des questions, ce qui lui offre l'opportunité de critiquer ses adversaires.

Pas plus tard que mardi dernier, c’est le dirigeant du parti politique Nouveaux Démocrates, Richard Duval, qui en a fait l'expérience lorsque Pravind Jugnauth n'a nullement hésité à ressusciter une affaire datant de 16 ans, qui avait vu l'arrestation de Cindy Legallant, considérée comme proche de Richard Duval. C'est en effet pendant une bonne vingtaine de minutes que le chef du gouvernement a remis les détails de cette affaire sur le tapis. 

Mais c'est sans l'ombre d'un doute avec l’ex Premier ministre, Navin Ramgoolam, son challenger officiel, que Pravind Jugnauth a décidé de croiser le fer. Les coffres-forts du leader du Parti travailliste, ses relations avec la femme d'affaires Nandanee Soornack, son style de vie festif sont les sujets de prédilection de Pravind Jugnauth.

Et selon plusieurs de ses collaborateurs, Pravind Jugnauth n'a pas encore dit son dernier mot, car il dispose d'autres munitions qui seront utilisées contre Navin Ramgoolam pour le discréditer auprès de l'électorat, tout en prenant soin de projeter davantage son image de modèle pour la société. Le discours prononcé par Pravind Jugnauth sur les comptes à l'étranger de certains membres de l'opposition, ainsi que les allusions de plus en plus fréquentes sur la provenance des 3 000 dollars de billets neufs retrouvés dans le coffre-fort de Navin Ramgoolam, de même que l'utilisation de ses cartes de crédit, sont des thèmes que Pravind Jugnauth compte utiliser et abuser pour mener la vie dure à son opposant.

Selon d'autres sources proches de Pravind Jugnauth, on fait ressortir que Pravind Jugnauth ne fait que riposter. "Il a compris que rester sur la défensive n'est pas la solution, compte tenu de la virulence de ses adversaires contre sa personne mais aussi contre les membres de sa famille. Il a choisi de se défendre et d'attaquer, c'est le jeu politique", affirme un conseiller du gouvernement. 

Il faut en effet souligner que l'opposition attaque le Premier ministre sur tous les fronts depuis 2019. L’affaire Angus Road, la contestation de son élection en 2019, les sous-entendus faits contre les membres de sa famille démontrent l'intensité de la campagne menée par l'opposition contre Pravind Jugnauth. 

Du côté de l'hôtel du gouvernement, plusieurs personnes avancent également que les offensives concernant les membres de l'opposition devraient prochainement passer à une autre étape. En effet, si les dénonciations faites par le Premier ministre venaient à être prouvées, on fait clairement comprendre que des enquêtes seront initiées, et ce, peu importe si l'on est en campagne électorale ou non.


Les électeurs appelés à décider de l'avenir politique du pays, selon Dev Sunnasy

La campagne politique ne semble cependant pas se limiter uniquement à des attaques personnelles et à des règlements de compte. Du côté de l’opposition extra-parlementaire, plusieurs partis politiques tels que Rezistans ek Alternativ et Linion Moris ont au cours de ces dernières années démontré leur capacité à s'élever au-dessus des attaques personnelles et à présenter des propositions pour la société.

Maintenant, savoir si ces propositions sont réalisables ou non constitue bien entendu un autre débat. Mais cela démontre la volonté de certains politiciens de vouloir faire les choses autrement. 

Dev Sunnasy, dirigeant de Linion Moris, estime que c'est aux Mauriciens de décider quels sont les politiciens qu'ils souhaitent voir à la tête du pays pour gouverner. « Les Mauriciens doivent savoir s'ils veulent des politiciens qui vont s'occuper de leurs difficultés tout en faisant preuve de transparence sur l'utilisation des fonds publics et, bien entendu, avoir un comportement civilisé, comme l'avait dit à l'époque le président seychellois », déclare-t-il. 

Dev Sunnasy tient à mettre en avant qu'avant de fusionner avec le parti politique de Nando Bodha, Linion Pep Morisien avait fait part de sa vision en présentant en deux occasions un budget alternatif. De plus, il souligne qu'un projet de loi sur la Freedom of Information Act a déjà été préparé et doit à présent être soumis à des débats. 


Dépasser les attaques politiques pour se concentrer sur les défis réels, selon Yvan Martial

L'observateur politique et ancien éditorialiste Yvan Martial, qui dit aussi avoir pris note de la virulence des discours politiques, est d'avis que "tout politicien qui se laisse aller à des attaques en-dessous de la ceinture montre un manque d'éthique et est à court d'arguments, offrant ainsi une parade à leurs adversaires". Selon lui, il est grand temps de cesser de s'intéresser aux politiciens car ils ne sont pas dignes d'intérêt. Il propose plutôt de se concentrer sur les véritables enjeux du pays, plutôt que de s'attarder sur des personnes qui n'ont pas d'éléments de réponse sur les défis qui guettent le pays. De plus, il estime que ce n'est pas à la veille d'une campagne électorale que les partis politiques traditionnels vont se mettre à réfléchir en termes d'idées.

  • LDMG

 

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