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Assurance de Rs 25 millions sur des bateaux de pêche : des frais additionnels de Rs 100 000 à Rs 250 000 par an

Une sortie en mer peut rapporter entre 3 et 4 tonnes de poissons.
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Certains opérateurs de bateau de pêche vont devoir souscrire à une assurance de Rs 25 millions pour les couvrir en cas de naufrage ou de nécessité de remorquage. Cette décision du ministère de la Pêche est diversement commentée. 

Judex Ramphul, président  du syndicat des pêcheurs.
Judex Ramphul, président du syndicat des pêcheurs.

Ils seraient au moins une quinzaine d’opérateurs avec un total de plus de 35 bateaux en fibre de verre, semi-industriel, à être concernés par cette mesure. Quelques-uns d’entre eux confirment d’ailleurs avoir déjà obtenu une lettre en ce sens du ministère de la Pêche, les sommant de faire le nécessaire afin que leur permis puisse être renouvelé ou étendu. « It has been decided that, henceforth, all fiberglass fishing boats will be required to have an insurance coverage of wreck removal & towage, amounting to Rs 25 million », fait valoir le ministère. 

Une décision qui est, cependant, décriée par certains. Judex Ramphul, le président du syndicat des pêcheurs est d’avis qu’une telle décision portera préjudice aux « petits » opérateurs locaux. « Les petits opérateurs ne vont pas pouvoir payer une telle assurance. Cot pu gagne ca cass la ? », se demande-t-il, estimant que plusieurs opérateurs seront probablement contraints de cesser leurs opérations.

Judex Ramphul ne manque d’ailleurs pas d’exprimer son incompréhension face à une telle mesure qui, il croit savoir, fait suite aux naufrages des bateaux tels que le MV Angel 1 (2011), le MV Benita (2016) ou encore le MV Wakashio (2020). « Nous disposons de petits bateaux qui font entre 12 et 23 mètres. Nous transportons seulement entre trois et quatre tonnes de diesel pour faire tourner les moteurs. Ils ne peuvent pas nous comparer avec de grands navires qui transportent des dizaines de tonnes d’huile lourde et d’hydrocarbure », dit-il. Et d’ajouter : « Enn ti bato cout Rs 7 a 8 millions. Aster pu al met lasirans 25 millions. Pena logic ». Soutenant qu’il s’agit d’une décision « irréfléchie », Judex Ramphul demande au ministère de la Pêche de revoir sa copie.

Des revenus de Rs 400 000 à Rs 550 000 par sortie

Entre Rs 410 000 et Rs 630 000. C’est en somme ce que coûterait une sortie en mer pour un bateau de pêche semi-industriel. Le montant varie en fonction de la taille du bateau ainsi que la durée de la campagne qui est d’une quinzaine de jours en moyenne. Le montant des dépenses mentionné ci-haut exclut, toutefois, les salaires des pêcheurs payés en fonction des prises ainsi que les frais administratifs (personnel, chauffeur, le transport, véhicule réfrigéré et l’électricité pour les chambres froides). S’agissant des revenus, les montants varieraient entre Rs 400 000 à Rs 550 000 pour trois à quatre tonnes de poissons pêchés lors d’une sortie. Dépendant de la météo, un bateau peut effectuer jusqu’à une douzaine de sorties sur une année.

Les dépenses pour une sortie de pêche :

  • Diesel/huile : Entre Rs 200 000 à Rs 400 000
  • Équipage et mécanicien : Salaire fixe de Rs 60 000/mois
  • Glaçons : Rs 40 000
  • Maintenance : Entre Rs 20 000 et Rs 40 000
  • Nourriture : Rs 30 000 pour 10 personnes (15 jours + réserve 5 jours)
  • Matériels de pêche (lignes, hameçons, cannes) : Rs 10 000
  • Appât : Rs 30 000
  • Plomb : Rs 20 000
  • ICTA, assurance : Rs 300 000 à Rs 500 000/an
Feroz Taher, un des directeurs de Hassen Taher Seafoods Ltd.
Feroz Taher, un des directeurs de Hassen Taher Seafoods Ltd.

Feroz Hassen Taher de la compagnie Hassen Taher Seafoods Ltd, pour sa part, dit accueillir favorablement cette mesure. Cependant, il concède que cette décision va impacter sur ses coûts d’opération. « C’est un coût additionnel, mais c’est bien d’être préparé à toute éventualité. Tou dimoune trankil », dit-il. Car il estime qu’avec le changement climatique, les bateaux sont désormais plus à risque, surtout lors des pannes de moteur. « Je félicite le ministre Maudhoo pour une telle décision et j’espère qu’il ne cèdera pas à d’éventuelles pressions pour faire marche arrière », déclare Feroz Hassen Taher. 

Le directeur d’Hassen Taher Seafoods Ltd considère que le ministère peut aller encore plus loin en fixant le montant des compensations en cas de décès de marins pêcheurs sur la mer. « Actuellement, les consignes ne sont pas claires au sujet de la Group Personnal Accident Insurance. Nous demandons ainsi au ministre de fixer le montant de la compensation à Rs 1 million par personne », dit-il. 

Coûts d’opération en hausse

D’autres opérateurs sollicités sur la question disent qu’ils sont toujours en train d’étudier la demande du ministère, surtout par rapport au montant additionnel qu’ils seront appelés à débourser. « Les opérateurs s’acquittaient jusqu’ici d’un premium variant entre Rs 200 000 et Rs 500 000 par bateau, par an. Avec cette nouvelle réclamation du ministère, ils vont devoir débourser entre Rs 100 000 et Rs 250 000 additionnelles », explique notre interlocuteur.  Ce qui pèsera lourd sur les opérateurs à en croire notre interlocuteur. Selon ce dernier, ils vont devoir débourser le double du montant pour les assurances. « Sans compter ceux dont la compagnie d’assurance qui refuserait d’offrir une telle assurance, tant ce marché est petit », poursuit-il. 

Autres contraintes

En sus des coûts d’opération en hausse, les opérateurs de bateau de pêche doivent aussi composer avec d’autres contraintes. Parmi, le manque de main-d’œuvre et les aléas climatiques : cyclones, dépressions, fortes houles et vents forts. La surpêche sur les bancs situés dans la zone économique exclusive de Maurice est aussi décriée, contraignant les pêcheurs à parcourir de plus en plus de longues distances pour trouver du poisson. Et enfin, certains pêcheurs ne se montreraient pas le jour du départ bien qu’ils aient touché leur salaire versé la veille du jour du départ.

De plus, ces opérateurs doivent faire face à une hausse des coûts d’opération, surtout par rapport aux produits importés. « Le diesel est passé de Rs 20/litre à Rs 28/litre. Les hameçons, les lignes de pêche ainsi que le plomb, lesquels sont importés, ont augmenté de 100 %. Sans compter les pièces de rechange et la nourriture », dit-il. Ce qui ne manque pas d’impacter, selon un petit opérateur, sur les revenus. « Dix ans de cela, nous vendions aux banians à Rs 160/kilo. L’année dernière, de par la compétitivité, les deux plus gros opérateurs écoulaient leurs poissons à Rs 140/kilo, voire jusqu’à Rs 125/kilo. C’est incompréhensible », s’étonne-t-il. 

 

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