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Sexmonth : éducation et prévention au cœur de la sensibilisation

Le Dr Tavisha Gunness alerte sur la hausse des infections sexuellement transmissibles.

L’ONG Pils consacre le mois de novembre à la sensibilisation à la santé sexuelle à travers le « Sexmonth ». Une initiative soutenue par le ministère de la Santé, dans un contexte marqué par la hausse des infections sexuellement transmissibles à Maurice.

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Sensibiliser et éduquer. Tel est l’objectif de l’ONG Pils qui consacre le mois de novembre à la santé sexuelle à travers une campagne baptisée « Sexmonth ». « Nous voulons libérer les conversations autour de la santé sexuelle et encourager les personnes à en parler dans une perspective plus positive, éducative et pédagogique, afin de lutter contre les maladies et les tabous, tout en promouvant les droits », explique Jacques Achille, responsable de la communication stratégique de l’organisation.

Des activités sont prévues tout au long du mois, principalement sur les réseaux sociaux. Une semaine de dépistage se tiendra du 17 au 22 novembre dans six régions du pays, avec des sorties de terrain organisées par les différentes équipes de Pils pour aller à la rencontre du public. Un premier podcast a également été lancé le mardi 4 novembre.

Cette initiative intervient dans un contexte où la nécessité de parler ouvertement de santé sexuelle se fait de plus en plus sentir. La hausse des infections sexuellement transmissibles (IST) et du VIH, les changements de comportements sexuels chez les jeunes et les violations des droits liés à la sexualité témoignent de l’urgence d’agir.

Un constat partagé par le Dr Tavisha Gunness, médecin en santé publique et coordinatrice pour la santé sexuelle et reproductive au ministère de la Santé. Selon le Health Statistics Report 2023, les cas d’IST sont passés de 132 en 2015 à 460 en 2023, une hausse notable, particulièrement parmi les jeunes. « Cette augmentation s’explique par les modalités des rapports sexuels, avec de nombreuses personnes s’engageant dans des activités à haut risque », observe-t-elle, citant en exemple la pénétration anale, classée comme pratique sexuelle à haut risque.

Le Dr Gunness précise que, contrairement au vagin, l’anus ne possède pas les mêmes propriétés physiologiques. « Toute pénétration dans un sphincter serré peut causer des lésions et favoriser la transmission des IST comme le VIH », souligne-t-elle. Elle ajoute que certains rechignent à utiliser le préservatif, pensant qu’il réduit le plaisir sexuel.

Face à cette réalité, le ministère de la Santé intensifie ses campagnes de prévention. Des tests de dépistage sont régulièrement proposés dans les hôpitaux régionaux et les centres de santé communautaires. Des Youth Clinics sont également organisées dans les campus universitaires, où des Community Health Care Officers encouragent les jeunes à se faire dépister.

Le ministère offre aussi des services de planification familiale dans tous les centres de santé communautaires (Area Health Centres, Community Health Centres, Mediclinics), où des préservatifs et autres méthodes de contraception sont distribués gratuitement. « Ces cliniques fonctionnent régulièrement afin de prévenir les grossesses non planifiées et les infections sexuellement transmissibles », rappelle le Dr Gunness.

Campagnes de prévention

Par ailleurs, des campagnes communautaires sont menées pour sensibiliser le public sur la santé sexuelle et les précautions à adopter pendant et après la grossesse. Des causeries sont aussi organisées dans les centres sociaux, ainsi que dans les écoles – sans distribution de préservatifs, précise la médecin.

Le ministère a récemment lancé le projet Comprehensive Sexuality Education en collaboration avec le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP). « Une première formation destinée aux formateurs a eu lieu en août, suivie de sessions en cascade à l’intention des ONG, de l’Ombudsperson for Children et du ministère de l’Égalité du genre », explique le Dr Gunness. L’ONG Safire a également bénéficié d’une session dédiée aux adolescents en situation de rue ou hors du système scolaire. « Nous comptons étendre le projet vers d’autres organisations et multiplier les activités autour de cette éducation complète à la sexualité », conclut-elle.

Du côté de Pils, le Sexmonth sera marqué par une série de podcasts filmés et diffusés sur les réseaux sociaux. Ces vidéos proposeront des entretiens et discussions avec divers intervenants : Karola Zuel, créatrice de contenu et officière de prévention ; Zoë Rozar, sexologue ; Sabrina Quirin, fondatrice de Menowise ; Patrice Moineau, coordinateur de prévention ; et le Dr Hans Gopal, entre autres.

De nombreux jeunes touchés par la syphilis en 2023

Le nombre de nouveaux cas d’infections sexuellement transmissibles (IST) enregistrés dans les cliniques dermatologiques des hôpitaux régionaux s’est élevé à 468 en 2023, dont 288 hommes et 180 femmes. Parmi ces cas, 300 concernaient la syphilis, 54 des infections gonococciques, 52 des écoulements urétraux et 44 des verrues vénériennes.

Les données du Virology Laboratory Service montrent également une hausse du taux de positivité de la syphilis chez les femmes enceintes, passé de 1,2 % en 2015 à 4,5 % en 2023. Sur les 385 cas de syphilis dont l’âge est renseigné, 165 ont été détectés chez les 15 à 24 ans et 221 chez les 25 ans et plus. Le taux de positivité est plus élevé chez les femmes enceintes de 15 à 24 ans (5,5 %) que chez celles de 25 ans et plus (2,5 %).

Le Dr Gunness précise toutefois que cette hausse peut s’expliquer aussi par un nombre accru de tests de dépistage. « Plus on dépiste, plus on détecte de cas », indique-t-elle, rappelant que le test du VIH est désormais intégré à de nombreux services hospitaliers, y compris les chirurgies et le suivi des femmes enceintes.

Selon elle, la syphilis reste une maladie encore méconnue à Maurice. « Elle peut avoir des conséquences graves, notamment une transmission de la mère à l’enfant pendant la grossesse, pouvant entraîner des malformations congénitales », explique-t-elle. D’où l’importance du dépistage systématique pendant la grossesse et avant la conception. « La syphilis est curable avec un traitement approprié à base d’injections d’antibiotiques », ajoute-t-elle.

Sexmonth

Activités prévues en novembre

Parmi les activités prévues par Pils en novembre figure la participation à la Semaine internationale de dépistage (SID), du 17 au 22 novembre. Les équipes de l’organisation se rendront à Ébène, L’Escalier, Grand-Baie, GRNW et Flic-en-Flac pour échanger avec le public et proposer des services de dépistage.

La SID est une initiative mondiale à laquelle Maurice participe depuis plusieurs années à travers Pils, AILES et le Collectif Arc-en-Ciel, entre autres. Cette année, plusieurs partenaires rejoignent le mouvement, dont le Centre de Solidarité, Kinouété, Young Queer Alliance (YQA), Étoile d’Espérance, Out Moris et des acteurs du secteur privé.

Le mois se clôturera les 27 et 28 novembre par le « Sextival », un festival autour de la santé sexuelle organisé chez Pils, rue St Georges à Port-Louis. « Ce sera un moment festif et musical pour rassembler tous ceux qui œuvrent dans ce domaine et permettre au public de comprendre ce qu’est réellement la santé sexuelle », explique Jacques Achille.

 

 

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