Remous au gouvernement : Statu quo tendu entre le PTr et le MMM

Le climat reste tendu entre le PTr et le MMM malgré une réunion d’apaisement mercredi. De nouvelles rencontres sont prévues jeudi entre Navin Ramgoolam, Paul Bérenger et leurs états‑majors, visant à résoudre les différends et consolider l’unité gouvernementale.

Le mood entre le Parti travailliste (PTr) et le Mouvement militant mauricien (MMM) reste inchangé. Les divergences perdurent, malgré une réunion d’apaisement tenue mercredi entre ministres des deux camps.

Une rencontre pourrait avoir lieu jeudi matin entre le Premier ministre Navin Ramgoolam et son adjoint Paul Bérenger. Et celle-ci devrait être suivie d’une réunion avec les états-majors du PTr et MMM, en présence des deux leaders. Reste à savoir si ces réunions auront bien lieu.

Pourtant, la rencontre entre les représentants des deux partis, tenue au Bâtiment du Trésor — siège du Bureau du Premier ministre —, s’est déroulée dans un climat plutôt serein. Les discussions ont duré un peu plus d’une heure, dans une atmosphère qualifiée de cordiale par plusieurs sources concordantes.

Du côté du PTr, étaient présents les ministres Arvin Boolell, Anil Bachoo et Patrick Assirvaden, tandis que Shakeel Mohamed, no 3 du gouvernement, se trouve à l’étranger. Pour le MMM, il y avait Arianne Navarre-Marie, Aadil Ameer Meea, Rajesh Bhagwan et Ajay Gunness. Reza Uteem est, lui aussi, en mission hors du pays. Les deux leaders étaient absents.

Cette réunion visait à instaurer un véritable dialogue sur les différends entre Rouges et Mauves. Une étape destinée à apaiser les tensions et à rapprocher les positions. Les discussions ont porté sur les problèmes de fond qui minent le gouvernement, avec pour objectif de rétablir l’ordre et de consolider l’unité de la coalition.

Une source proche du Premier ministre confie : « Dans une alliance, il faut que les deux côtés fassent des compromis. Navin Ramgoolam souhaite accommoder Paul Bérenger, qui assure l’intérim en son absence. Plusieurs concessions ont déjà été faites, notamment avec les départs de Rama Sithanen et de Kishore Beegoo. Mais il ne peut pas non plus donner l’image d’un leader faible. »

Dans le passé, certains Travaillistes avaient déjà évoqué cette perception avec le Premier ministre. À chaque fois, Navin Ramgoolam aurait répondu que, s’il devait trancher, il privilégierait Paul Bérenger.

Toutefois, plusieurs dossiers en suspens irritent Paul Bérenger, tandis que Navin Ramgoolam tarde à les régler. Parmi ces points sensibles : un manque de consultations sur certaines nominations, l’absence d’un directeur permanent à la Financial Crimes Commission, des nominations qui tardent, et les agissements de certaines personnes dans l’entourage du Premier ministre.

Réunion du BP mauve

Certains aspects de l’affaire du milliardaire malgache Mamy Ravatomanga suscitent également des tensions du côté des Mauves. Des postes stratégiques restent aussi problématiques, notamment ceux de Commissaire des prisons (Dev Jokhoo) et de police (Rampersad Sooroojebally).

Mardi soir, Paul Bérenger a réuni le bureau politique du MMM pour évoquer ces points de tension, sans faire allusion à une rupture. « Les choses ne peuvent pas continuer comme ça », aurait-il déclaré. Il a toutefois précisé aux ministres et députés présents qu’il ne songe pas à quitter le gouvernement — ce n’était pas à l’ordre du jour.

Après les explications de leur leader, les membres présents ont plaidé pour le dialogue et la patience, privilégiant des solutions durables, tout en reconnaissant que les questions soulevées sont parfaitement légitimes.

Au PTr, on ne souhaite pas voir éclater une crise. « Le gouvernement ne doit pas éclater », confie une source haut placée. Mais la fatigue se fait sentir : « On fait beaucoup d’efforts pour répondre aux demandes de Paul Bérenger et du MMM. » Malgré tout, les Travaillistes se disent prêts à en faire davantage, comme cela a été exprimé lors de la réunion de mercredi.

Les rencontres prévues jeudi pourraient changer la donne. Dans le cas contraire, le statu quo perdurera, affaiblissant le gouvernement à l’aube de la première année de l’alliance du Changement, élue le 11 novembre dernier — ou pire, provoquant une cassure avant même ce premier anniversaire.