Richard Hein a été révoqué de la présidence de la MASA par le ministre Mahen Gondeea le 3 novembre. La raison ? Des conflits persistants et un « manquement grave » à la gouvernance, incluant des absences non justifiées.
Richard Hein n’est plus le président de la Mauritius Society of Authors (MASA) depuis le lundi 3 novembre. Le ministre des Arts et de la Culture, Mahen Gondeea, explique que cette décision, « mûrement réfléchie », s’est imposée après une évaluation approfondie du fonctionnement de l’institution.
« Cette décision vise avant tout à rétablir une gouvernance saine, transparente et efficace, dans l’intérêt supérieur de nos artistes et de l’industrie musicale mauricienne », dit le ministre Mahen Gondeea. Il précise que son objectif principal depuis le début de son mandat a toujours été le bien-être des artistes et le développement durable du secteur musical.
Selon le ministre, une relation conflictuelle persistante entre le président et le directeur de la MASA a freiné plusieurs décisions importantes et perturbé le bon fonctionnement de l’organisation. « Au final, ce sont les artistes qui en ont été les principaux perdants, et cela est tout simplement inacceptable », souligne-t-il.
Mahen Gondeea indique avoir personnellement convoqué deux réunions de travail avec Richard Hein et le directeur afin de rétablir le dialogue et de trouver des solutions concrètes. « Malheureusement, le Chairperson n’a assisté à aucune de ces deux réunions. Pire encore, lors de la dernière convocation, il a été constaté qu’il se trouvait à l’étranger, sans en avoir informé le ministère et il s’agit d’un manquement grave aux principes de transparence et de bonne gouvernance qui doivent prévaloir dans une institution publique », ajoute le ministre.
Par ailleurs, un ‘forensic audit trail’ a été lancé pour faire toute la lumière sur la gestion des fonds collectés et s’assurer que les artistes perçoivent les revenus qui leur reviennent. « À ce jour, aucune démarche concrète n’a été entreprise à cet effet par le conseil d’administration », précise le ministre.
Mahen Gondeea insiste : « Cette décision n’a rien de personnel. Elle repose uniquement sur des faits objectifs et sur un devoir de responsabilité. Il est de mon obligation, en tant que ministre, de veiller à ce que la MASA fonctionne dans la rigueur, la transparence et le respect de sa mission. Je ne peux pas accepter que des conflits internes ou des négligences administratives se fassent au détriment des artistes mauriciens. »
Des consultations ont été lancées pour la désignation d’un nouveau président. Pour rappel, Richard Hein, producteur et ingénieur du son, avait été nommé en avril 2025 comme président à temps partiel de la MASA. Il avait également été élu à deux reprises membre du conseil d’administration de l’institution, d’octobre 2011 à juillet 2014, puis de 2018 à 2021.
Avis des artistes
Si nos tentatives pour joindre Richard Hein sont restées sans réponse, plusieurs artistes, eux, ont réagi à sa révocation. Pour Jean-Alain Résidu, auteur, producteur et compositeur, Richard Hein est une personne « de très grande qualité » qui, selon lui, « aurait été un excellent président de l’institution ». « Je dois avouer que Richard Hein est quelqu’un qui aurait pu travailler au nom et dans l’intérêt des artistes. C’est très dommage qu’il ait été révoqué », déplore celui connu sous le nom d’artiste Alain Residu 5D.
L’artiste affirme également que des manœuvres internes auraient conduit à cette situation. « Il n’y a aucun doute qu’il y a eu complot contre lui. Il y a une équipe au sein de cette institution qui joue un mauvais rôle. En sus, il a découvert que RS 95 millions, accumulées et non distribuées aux artistes, dormaient là depuis longtemps… et juste après, il est révoqué. Ce n’est pas normal », soutient-il.

Jonathan Bécherel, artiste et membre du conseil d’administration de la MASA, partage le même sentiment. « Je trouve cela étrange que, juste après nous avoir informés d’une ‘misallocation of funds’ au sein de la MASA, Richard Hein ait été révoqué. Ce n’est pas normal. C’est grâce à lui que nous avons appris la vérité. Il a le calibre pour être un bon président », confie-t-il.
Il reconnaît toutefois que la relation entre le président et le directeur, Gérard Louise, était tendue. « Chacun avait une vision différente. Et, d’après ce que j’ai compris, le courant ne passait pas entre les deux. Mais je n’ose pas trop m’avancer là-dessus, car je ne sais pas vraiment ce qui s’est passé », indique Jonathan Bécherel.
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