Il n’est pas question de revoir les baux. Armand Maudave, président de l’Association of Campement Owners & Users, est on ne peut plus clair. Il considère que l’accès aux plages est un droit déjà acquis.
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Le ministre Mahen Jhugroo a fait comprendre qu’il souhaite ouvrir l’accès aux plages au public et qu’il sévira contre ceux qui empiètent sur les plages. Comment accueillez-vous cette décision ?
D’abord, je dirais que l’accès aux plages est déjà acquis. Un vieux règlement préconise l’accès à la plage tous les 500 mètres. Il semblerait qu’avec le temps, cet accès a été oublié et certains passages ont été obstrués. Dans des cas d’obstruction délibérée, des sanctions n’ont pas été prises. Cela dit, et je le répète, l’accès est un droit acquis.
Pour ce qui est d’empiètement, venez le prouver en évoquant les règlements. Parlant pour les 600 membres de notre association [issus] de Pointe-d’Esny, de Grand-Baie ou d’ailleurs autour des côtes, les empiètements allégués se réfèrent à du cordage à l’intérieur du terrain loué à bail, avec parfois une inscription « Terrain privé ». Cela irrite ! Les propriétaires ont le droit de préciser : « Ce terrain, je le loue, j’y ai construit une résidence et je n’ai nullement besoin de clearance pour préciser l’étendue de ma propriété ».
La propriété privée s’étend à l’intérieur des bornes et va jusqu’à la haute marée. Ce qui est permis aux membres du public, c’est un droit de passage entre le High Water Mark et le Low Water Mark. Ils n’ont ni le droit de squatter, ni de pique-niquer. Cela relève aussi du respect élémentaire de l’autre, de la politesse et de la bienséance. Les bonnes manières, la morale transcendent les lois. Je l’ai précisé ailleurs récemment. Faut-il aussi souligner que la haute marée fluctue selon les saisons ?
Qu’est-ce que cela implique pour les détenteurs de bail ?
Cela implique que pendant que le détenteur du bail y réside, en permanence ou pas, et s’il s’acquitte de la taxe qui lui a été imposée, il a le droit à la quiétude et à la sécurité.
Est-ce que le public peut venir piqueniquer devant les bungalows ?
Il y a les Proclaimed Public Beaches pour cela. Il n’y a pas assez de Proclaimed Public Beaches, j’en conviens. La plage située devant un terrain loué à bail n’est pas proclamée publique. Le Mauricien a aussi l’impression d’une saturation de l’occupation de la côte par les hôtels, les villas et les restaurants. Ce n’est peut-être qu’une perception. La perception est souvent plus prenante que la réalité.
Mahen Jhugroo avance qu’une équipe de son ministère, en collaboration avec le State Law Office, se penche sur les baux accordés par l’État sur des Pas géométriques. Seriez-vous d’accord que ces contrats soient revus ?
Pas du tout. Il y va de ce qu’on appelle dans les démocraties : « la permanence de l’État ». L’État accorde un bail de 60 ans à ceux qui ont choisi cette option. Il ne peut venir, du jour au lendemain, remettre cela en cause. Il y a eu des discussions dans le passé, mais au final, l’État doit respecter sa signature. Sauf s’il y a des raisons d’extrême gravité pour ce revirement, comme une menace à la sécurité du pays. Ce qui se passe reflète surtout une méconnaissance des règlements. Le besoin du public pour se rendre à la plage s’affirme de plus en plus. Désormais, tout le monde a les moyens de se rendre à la plage. Il faut donc plus de plages publiques qui soient adéquatement aménagées.
Le ministre du Logement et des Terres annonce aussi qu’il sévira contre les locataires de Pas géométriques qui n’ont pas respecté les clauses de leur contrat. Redoutez-vous des poursuites de l’État ?
Ceux qui ont obstrué les accès à la plage ont eu tort. Il ne faut pas se mettre dans des situations où on peut sévir contre soi.
Des poursuites contre l’État sont-elles envisageables si celui-ci va dans cette direction ?
Cela fait 10 ans que nous demandons à en discuter avec les autorités, les détenteurs de baux, ceux de l’hôtellerie, de la restauration et les autres parties prenantes. On ne peut déclarer ex cathedra que le public peut venir piqueniquer sur les plages devant les campements. Il n’y a pas de dialogue. Trois lettres adressées au ministre Etienne Sinatambou sont restées sans réponse. Les deux seuls ministres à nous avoir écoutés sont Raj Dayal et Alain Wong. Dialoguons et des solutions raisonnables seront trouvées à toutes ces situations tendues.
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