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Amendements à l’IBA Act : vibrants plaidoyers pour que le GM fasse marche arrière

« Anticonstitutionnel », « atteinte à la liberté de la presse », « danger pour la démocratie »... Ce sont les termes énoncés à plusieurs reprises dans l’émission « Au cœur de l’info » le lundi 22 novembre 2021. Il était question des amendements proposés à l’IBA Act introduits en première lecture à l’Assemblée nationale ce mardi. Les invités de Ruth Rajaysur et de Patrick Hilbert se sont exprimés, sans langue de bois, sur ce projet de loi.

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Un frein aux investissements, selon Rajen Narsinghen 

narsingenPourquoi réduire la validité de la licence d’une radio en la faisant passer de trois ans à un an seulement ? C’est la question posée par Rajen Narsinghen, chargé de cours de droit à l’université de Maurice, présent lundi sur le plateau de Radio Plus. Il fait ressortir que la loi permet des investissements étrangers dans les radios. 

« En Angleterre ou en Inde, on accorde un permis de radio ou de télé de 10 ans. Il faut comprendre la logique économique derrière l’audiovisuel. Personne ne souhaitera investir dans une radio qui a une licence pour un an seulement et où ce sont les autorités qui décident du renouvellement», déplore-t-il. 

Rajen Narsinghen estime que « des protégés du régime ont bénéficié de licences radio et ont droit à une loi taillée sur mesure ». Pour lui, une loi sur l’audiovisuel doit être « claire, prévisible et stable ». Il est catégorique : « Si ces trois critères ne sont pas respectés, est-ce qu’on voudra investir ? Cela fragilisera le secteur. »


Ashok Radhakissoon : «Le projet de loi a été calqué sur la FIAMLA» 

ashok« Lorsque j’ai étudié ces amendements, j’ai essayé de comprendre sur quoi ils ont pu se baser pour venir avec ce projet de loi. En faisant des recherches, j’ai compris qu’ils se sont basés sur la Financial Intelligence and Anti-Money Laundering Act (FIAMLA), la loi contre le blanchiment d’argent et le terrorisme. Comment peut-on faire cela ?» s’interroge l’avocat Ashok Radhakissoon, présent lundi sur le plateau de Radio Plus.

Il dit ne pas comprendre l’importance de venir avec l’Independent Broadcasting Authority (Amendment) Bill à un moment où le pays est confronté aux difficultés liées à la pandémie de COVID-19. Pour l’homme de loi, ce projet de loi est une sérieuse atteinte à la libéralisation des ondes.


Shakeel Mohamed : «Il est grand temps de revoir le système» 

Shakeel Mohamed estime que le gouvernement vient avec ce projet de loi au moment où l’on est focalisé sur la COVID-19, histoire de « le faire passer comme une lettre à la poste ». Pour le député rouge, « le gouvernement détruit la liberté constitutionnelle ». 

Selon lui, « nous évoluons dans un système où le pouvoir est centré sur une personne. C’est le Premier ministre, un élu politique, qui décide qui siège sur tel ou tel comité ». Il soutient qu’il est temps de remettre en question le système. Il prend l’exemple de l’Angleterre qui dispose de Select Committees redevables envers le Parlement et non  le Premier ministre. 

Interpellé sur le fait que le PTr, avait tenté de museler la presse, Shakeel Mohamed répond : « 53 ans après l’indépendance, notre système de gouvernance est pareil. Tout est centré sur le Premier ministre. N’est-il pas temps de revoir ce système ? » 

Le député rouge voit en ces amendements une manière de placer une épée de Damoclès au-dessus de la tête des radios privées. Cela prendra quatre à cinq ans si on fait appel à la Cour suprême. Entre-temps, on pourra fermer une radio ou l’étouffer», dit-il.


Krish Caunhye : «Je suis prêt à démissionner, si c’est moi qui suis visé» 

« Si c’est moi qui suis visé à travers cette loi, je suis disposé à démissionner et à me retirer comme CEO de Top FM. » Engagement pris par Krish Caunhye sur Radio Plus lundi. Il dit ne pas comprendre la nécessité de tels amendements vu que les lois existantes sont bien armées pour éviter des dérapages à la radio. « Il y a déjà d’énormes responsabilités sur nous car le régulateur nous empêche déjà de faire n’importe quoi .» 

Commentant les sanctions financières préconisées dans le projet de loi, le patron de Top FM soutient qu’il a rencontré diverses difficultés financières par le passé. « Depuis notre création, nous avons roulé à perte pendant 14 ans. Je n’ai pas touché de salaire pendant les trois premières années. C’est faux de dire que les radios font de gros profits », a-t-il soutenu.  Il trouve regrettable que le gouvernement vienne avec des mesures aussi répressives car sa radio, dit-il, s’est toujours tenue aux côtés de la population en aidant ceux en détresse.


Ravi Rutnah : «Les lois ne peuvent être statiques» 

L’ancien député et avocat Ravi Rutnah est le seul intervenant à s’être exprimé en faveur des amendements à l’IBA Act. « C’est une loi qui a été introduite en 2000 et nous sommes aujourd’hui en 2021. Il y avait à l’époque trois radios. Aujourd’hui, notre système de communication a beaucoup avancé. Les informations sont aujourd’hui diffusées à une grande vitesse sur les réseaux sociaux », estime-t-il. Il souligne la nécessité d’apporter des amendements, précisant que « les lois ne peuvent être statiques ».


Reza Uteem : «Une tentative pour intimider les radios» 

Pour Reza Uteem, les amendements proposés par le gouvernement constituent tout bonnement « une tentative pour intimider les radios, et une en particulier ». Le député du Mouvement militant mauricien a condamné le fait que les sanctions administratives infligées à un opérateur seront prises en compte au moment du renouvellement annuel de sa licence. Il y voit une réelle tentative d’asphyxier les radios privées.

 

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