Un an après l’arrivée du gouvernement de l’Alliance du Changement, les jeunes Mauriciens dressent un bilan contrasté : progrès reconnus, frustrations persistantes et exigences d’inclusion. Une génération lucide, déterminée à transformer les promesses en actions concrètes.
Un an après l’arrivée du gouvernement actuel, les jeunes Mauriciens dressent un bilan contrasté. Si certaines initiatives sont reconnues, une génération réclame davantage d’inclusion et d’actions concrètes pour transformer les promesses en réalité. Entre espoir discipliné et frustration maîtrisée, ces voix dessinent les contours d’une jeunesse déterminée à ne plus attendre.
Loin de l’image d’une jeunesse uniformément déçue, certains jeunes reconnaissent des avancées tangibles. Rewatee Soorjun, 21 ans, souligne : « Au cours de l’année écoulée, plusieurs initiatives gouvernementales, comme le Youth Employment Programme ou les formations SME Mauritius, ont permis aux jeunes de se former, créer des entreprises et participer au développement du pays. » Pour elle, ces actions traduisent « une jeunesse tournée vers l’avenir, convaincue que chaque initiative peut transformer la société ».
L’engagement de terrain se développe également. « De plus en plus, les jeunes s’impliquent dans des projets communautaires, environnementaux, culturels ou citoyens, agissant comme partenaires du développement national », observe Rewatee Soorjun, saluant aussi « le rôle croissant des jeunes femmes, soutenues par des programmes de mentorat et de sensibilisation ».
Tatiana Larose, 21 ans, adopte une position nuancée : « Certaines réformes sociales ont été mises en place, l’entrepreneuriat jeune progresse et les initiatives de formation se multiplient. Ces efforts méritent d’être salués. » Mais elle ajoute : « Si le gouvernement écoute et fait confiance à la jeunesse, le changement espéré deviendra possible. »
Opportunités concrètes et défis quotidien
Des progrès sont perceptibles dans le secteur éducatif sont observés. Durga Pariag, 22 ans, étudiante en philosophie indienne, salue l’engagement du ministre de l’Éducation, Mahend Gungapersad, notamment pour les élèves d’Agaléga, qui peuvent désormais passer leurs examens sur place. Pour elle, cette mesure illustre un principe fondamental : « Personne ne doit être laissé pour compte dans la quête du progrès. »
Chudaamani Devi Gaya, 22 ans, insiste sur les opportunités offertes par les filières STEM, les entreprises de la Cybercité et les universités techniques, qui permettent stages et formations. Son expérience au Parlement national des jeunes comme ministre déléguée aux Affaires étrangères lui a permis de « développer leadership, travail d’équipe et gestion du temps ». Pour elle, « les opportunités existent, mais il faut les chercher activement ».
Cependant, même parmi ceux qui reconnaissent les efforts, le sentiment d’impatience est palpable. Tatiana Larose tempère son optimisme : « Les défis du quotidien – emploi, coût de la vie, logement – restent centraux, et les jeunes souhaitent être inclus dans la prise de décision, pas seulement écoutés. »
Aliah Hassaanah Mahamoodally, 23 ans, ajoute : « Nous rêvons d’un pays où le premier emploi n’est pas un parcours du combattant, et où le coût de la vie permet de commencer la vie d’adulte sereinement. » Pour certains, la déception domine. Tanushri Gobin, 20 ans, résume : « L’espoir, on l’avait lors du 60-0 historique, symbole d’un renouveau. Mais un an plus tard, une phrase domine : ‘Tou gouvernman parey.’ »
Sheoraj Dhanrajsing, 18 ans, va droit au but : « L’espoir suscité par les promesses d’autonomisation, d’économie verte et de digitalisation a laissé place à la déception. Le chômage reste élevé, le coût de la vie augmente et beaucoup peinent à atteindre l’indépendance. Le gouvernement invoque la lenteur des réformes, mais les jeunes réclament des résultats concrets : emplois, éducation moderne et soutien aux projets entrepreneuriaux. »
Hossen Mosaheb Soopun, 19 ans, insiste : « Les prix montent, les salaires stagnent, et les opportunités se raréfient. Le mérite cède souvent la place aux ‘bonnes connexions’. » Muhamad Sawar Nawfar, 24 ans, pointe lui aussi les contradictions dans la gouvernance : « Certaines avancées méritent d’être saluées, mais les nominations politiques dans des postes clés alimentent un sentiment de continuité des pratiques clientélistes. »
Exiger une place réelle à la table
Au cœur de cette frustration se trouve une revendication centrale : être considérés comme partenaires décisionnaires, non comme simples bénéficiaires. Ouday Chuttoo, 17 ans, le dit sans détour : « Nous avons entendu tant de promesses sur l’autonomisation et l’éducation, mais peu ont été tenues. Nous voulons une vraie place à la table, pas une représentation symbolique. »
Hans Ansah, 21 ans, constate la même impuissance institutionnelle : « Les promesses de renouveau ont suscité de grandes attentes, mais le véritable changement reste lent. Nous avons des idées, mais souvent pas le pouvoir de les réaliser. » Pourtant, il reste optimiste : « La résilience de notre génération est inspirante : bénévolat, initiatives écologiques et engagement citoyen montrent que le vrai changement commence avec nous, pas seulement avec le gouvernement. » Poovarahsi Subbarayan, 20 ans, met l’accent sur les droits des femmes et propose des mesures concrètes : soutien aux survivantes de violences domestiques, égalité salariale, congé menstruel.
Mygel Young Pak Kian, 22 ans, conclut : « La période de grâce est révolue. Le changement doit commencer maintenant, sinon de plus en plus de jeunes envisageront l’émigration. Le gouvernement doit décider : parler ou poser la première pierre d’une nouvelle Maurice. »
Face à la désillusion, l’émigration devient une option envisagée. Hossen Mosaheb Soopun explique : « Les jeunes cherchent encore leur place dans un pays qu’ils aiment, mais qui trop souvent les oublie. » Pourtant, l’espoir persiste : « Le vrai changement viendra de ceux qui refusent d’attendre. »
Une jeunesse prête à bâtir
Mariyah Sheereen Damree, 18 ans, incarne cette posture active : « Tout n’est pas perdu. Une génération montante choisit d’agir plutôt que de subir. Par la créativité, les projets écologiques et l’engagement citoyen, les jeunes redéfinissent les mécanismes du changement. »
Lolljowaheer Chatreshsingh Sharma, 18 ans, conclut : « L’avenir appartient à ceux qui osent construire, pas seulement rêver. Nous ne sommes pas dans l’attente : nous sommes prêts à bâtir. » Aliah Hassaanah Mahamoodally résume la posture collective : « Espoir, désillusion, attente ? Surtout espoir, avec de l’attente. Nous voulons être inclus, écoutés et encouragés à prendre notre place dans l’avenir du pays. »
Quatre années restent devant ce gouvernement pour transformer l’impatience en confiance, les promesses en actes. Une génération entière observe, lucide et déterminée. Prête à s’engager si on lui en donne les moyens – ou à partir si le pays ne lui en offre pas. Entre fidélité et désillusion, la jeunesse mauricienne reste debout : exigeante, courageuse et résolument tournée vers l’avenir.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !


