Interview

Amar Deerpalsing, président de la Fédération des PME : «Les jeunes sont réticents à créer une entreprise manufacturière»

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Certaines PME sont destinées à fermer leurs portes, selon Amar Deerpalsing, le président de la Fédération des PME. Dans cet entretien, il évoque les difficultés auxquelles font face les petits opérateurs du secteur manufacturier et leur avenir.

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Comment évoluent les petites entreprises dans le secteur manufacturier ?
Le secteur manufacturier est en difficulté. La production industrielle est en constante baisse. Il y a quelques années, la production industrielle représentait 25 % du Produit intérieur brut (PIB), aujourd’hui, elle tourne autour de 15 % à 14 %. Cette tendance va persister parce que les entreprises, notamment les petites, font face à de nombreuses difficultés. Certaines PME sont destinées à fermer leurs portes.

Quelles sont les difficultés que rencontrent les petites entreprises ?
Les PME font face à une compétition déloyale. Elles font face à la concurrence locale et internationale, celle des grandes entreprises à Maurice et celle de l’importation. Les PME sont désavantagées, notamment parce que les gens préfèrent travailler dans des grandes entreprises. Dans ce cas, ces petites compagnies se retrouvent avec une pénurie de main-d’œuvre. Elles ont aussi un nombre important de travailleurs qui démissionnent, ce qu’on appelle le labour turn-over et cela bouscule toute l’organisation des petites entreprises.

De plus, il y a un traitement différent pour les opérateurs industriels et ceux qui sont dans l’import. Les PME sont régies sous toutes sortes de formes par le Mauritius Standards Bureau (MSB) pour que leurs produits soit certifiés. Par contre, ces mêmes conditions ne sont pas appliquées aux produits importés, qui ne sont strictement pas régulés. Il est donc plus facile aux importateurs d’acheter le produit fini à l’étranger et de le revendre à Maurice sans aucune contrainte. Toutefois, les PME doivent toujours s’assurer d’être en conformité avec les lois prescrites, ce qui alourdit les tâches des entreprises. Elles sont donc découragées et n’investissent pas dans la formation et les équipements. Elles sont condamnées à fermer leurs entreprises et à se lancer dans l’importation.

D’ailleurs, 83 % des produits qu’on consomme sont importés. Même les jeunes sont réticents aujourd’hui à créer une entreprise dans le secteur manufacturier. Entre le temps d’attente pour le permis, l’approvisionnement en matières premières et l’achat de machines à l’étranger et la location, ils sont portés vers l’import.

Par ailleurs, il y a une disparité entre les petites et les grandes entreprises dans l’application du salaire minimum. Les petits opérateurs sont contraints de payer Rs 8 500 aux employés alors que les grandes entreprises paient Rs 8 140. Un apprenti aujourd’hui touche à peu près le même salaire qu’un ouvrier qualifié. Ce qui n’est pas normal.

Le Budget 2018/2019 sera bientôt présenté. Quelles sont les attentes des petits opérateurs ?
Pendant des années, le ministère du Business, des Entreprises et des Coopératives a fait la sourde oreille à nos doléances. Ce n’est pas aujourd’hui qu’ils vont changer. Il n’y a aucune raison pour les petites entreprises de demander quoi que soit au gouvernement. Ils viennent avec des plans d’aides tels que le label Made in Moris ou encore le système de code barre mais, pour moi, ils ne servent à rien.

  • LDMG

 

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