En voulant aider les enfants, elle a eu le choc de sa vie en constatant que les parents, eux-mêmes, ne savaient ni lire, ni écrire. Comment aider leurs enfants si eux-mêmes sont plongés dans l’obscurité. Josette Hack s’est engagée à les porter vers la lumière.
Cette Quatrebornaise de 66 ans a été enseignante dans les écoles primaires. Elle a fini sa carrière comme directrice dans une école de la zone d’éducation prioritaire (ZEP). Josette Hack s’est dévouée pour aider les enfants et les familles en difficulté de la région. C’est avec « regrets » qu’elle a dû prendre sa retraite, tout en restant attachée à son idéal : se consacrer à l’alphabétisation des adultes, tache qu’elle poursuit comme un sacerdoce.
La besogne menée à l’école de Tranquebar avec une population d’une centaine d’élèves n’a pas été sans embûches. Il fallait leur inculquer les connaissances de base pour qu’ils puissent se faire une place dans la société. « Ce fut très difficile », explique Josette Hack. Car le taux d’absentéisme élevé a joué au trouble-fête.
« Ensuite, les parents eux-mêmes devaient apporter leur contribution. Leur parler et leur faire comprendre la nécessité de scolariser leurs enfants aient primordial. Ils furent convoqués à l’école pour apprendre comment s’y prendre. Mais personne n’était disposé à répondre à mon appel », se déplore Josette Hack. Elle décide de prendre le taureau par les cornes et de se rendre elle-même chez les parents d’élèves.
« N’y allez pas, madame », lui conseillaient ses collaborateurs, craignant le danger qu’elle courrait.
Mais la maîtresse d'école, obstinée, avait pris sa décision. C’est ainsi qu’armée seulement de sa détermination et de son courage, elle se lance à l’aventure.
Lors de ses visites, elle comprend vite l’origine de cet absentéisme scolaire : la pauvreté la plus tragique. « Certains logements sont de simples bicoques en tôle. De l’intérieur, on observait le ciel. Le sol était en terre battue, le mobilier pratiquement inexistant. Seul un triste lit occupait l’espace . » Josette Hack réalise que ces gens squattent les terres de l’État.
Elle rencontrera aussi des familles mieux loties, mais tout de même dépourvues des moyens nécessaires pour envoyer leurs enfants à l’école. Les membres de ces familles sont eux-mêmes démunis et analphabètes.
Du lait à l’école
Avec une patience infinie, Josette Hack parviendra à motiver les parents pour qu’ils scolarisent leur progéniture. Cela, grâce à l’aide providentielle d’une compagnie qui assure la distribution quotidienne d’un verre de lait chaud aux enfants. On leur offrait aussi un pain fourré. « Un enfant au ventre vide ne pourra jamais affronter la journée. » C’est ainsi que les enfants, de plus en plus nombreux, reprennent le chemin de l’école.
Certains des parents qui restaient jusqu’alors sourds aux appels pour participer aux réunions de la Parents Teachers’ Association ont fini par consentir. Là aussi, le personnel enseignant découvre l’étendue du problème posé par le fait que les parents ne savaient ni lire, ni écrire. Parmi eux, une femme sera choisie pour présider l’association.
Auxiliaire bénévole
Depuis sa retraite, Josette Hack, auxiliaire bénévole, exerce comme animatrice d’alphabétisation dans la région de Quatre-Bornes sous l’égide de Caritas. Elle a constaté chez les adultes une soif d’apprendre.
Un de ses apprenants lui a dit lors de son apprentissage, en guise de remerciements : « Se premie fwa ki mo trap enn krayon dan mo lame. »
Celle qui parle était l’aînée de sa famille. Elle s’occupait du ménage et aidait à préparer le repas. « Elle attendait chaque après-midi le retour de ses frères et de ses sœurs de l’école pour jouer en leur compagnie », raconte l’ancienne maîtresse d’école.
Les apprenants, il y en a beaucoup et de toutes les tranches d'âge. Parmi, une vieille dame de 89 ans qui veut se familiariser avec la langue anglaise basique. « Elle y met du cœur et elle est très ravie de ses progrès », souligne Josette Hack.
Une autre famille comprend des parents analphabètes. Leurs conditions n’ont pas empêché leurs enfants de compléter leurs études secondaires jusqu’au Higher School Certificate. Ils ont ainsi décidé de rattraper le temps perdu.
Ils qui ont tenté l’aventure avec le soutien. Avec Josette Hack, ils ont commencé une véritable exploration : celle de découvrir le monde merveilleux des chiffres et des lettres.
Quand les élèves surprennent les enseignants
Josette Hack croyait tout savoir en matière d’enseignement des adultes. « Après ma retraite, j’ai suivi un cours d’un an et demi chez Caritas. J’ai commencé à exercer après. L’appel était lancé après les messes. Les personnes intéressées devaient se faire connaître. C’est ainsi qu’une salle paroissiale est mise à la disposition des apprenants. Contrairement aux jeunes enfants, on leur enseigne les mots en entier.
Ensuite, ils se familiarisent avec les syllabes. On comprit vite que, sans apprentissage aucun, leur formule propre leur a appris les lettres de l’alphabet. »
Les cours consistent à les initier au sens des mots déchiffrés dans la rue, dans les magasins, les titres de presse. Ils apprennent à écrire leurs noms sur les formulaires bancaires de retrait ou de dépôt et aussi le montant, leur adresse, numéro de carte d’identité appris par cœur. C’est ainsi que les adultes arrivent à sortir des ténèbres.
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