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Aéroport et mini-port à Agalega exemptés d’EIA - Fazila Daureeawoo : «On veut empêcher que des gens mettent des bâtons dans la roue»

agalega

Si les constructions d’une piste d’atterrissage, d’un petit aéroport et d’un mini-port à Agalega sont dispensées  d’un permis EIA, c’est pour que le public ne puisse contester le projet. C’est ce qu’affirme la vice-Premier ministre, Fazila Jeewa-Daureeawoo. Les Agaléens souhaitent davantage de dialogue autour de ce projet évalué à plus de Rs 3 milliards.

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Maurice continue à garder le dossier de construction d’une piste d’atterrissage, d’un « airport terminal » et d’un mini-port par l’Inde dans le flou. Alors que la Grande Péninsule commence à dévoiler ses intentions, le gouvernement mauricien permet à Afcons de ne pas donner de détails du projet en l’autorisant à ne pas déposer de dossier EIA (Environmental Impact Assessment). Le projet reste ainsi loin de la curiosité des Mauriciens.

« Nous voulons empêcher les gens de mettre des bâtons dans les roues », avoue Fazila Jeewa-Daureeawoo, lundi lors de l’émission Question Time sur Radio Plus. « Pourquoi pas d’EIA ? Pour que le projet aille vite. C’est la seule raison. Tout le monde attend ce projet. On a l’occasion d’améliorer la vie des Agaléens. On veut que le projet aboutisse. S’il y a des personnes de mauvaise foi et font appel contre la décision, on peut perdre beaucoup de temps », explique Fazila Jeewa-Daureeawoo.

Des accords entre l’Inde et Maurice demeurent secret avec une vice-Première ministre responsable du dossier qui ne sait pas s’il y aura des militaires sur cet archipel mauricien.  « Nous ne sommes pas contre le développement. D’ailleurs, ce projet est une promesse non-tenue de 15 ans, mais le gouvernement devra penser à deux fois avant de faire quelque chose qui nuirait à la communauté », lance Laval Soopramanien, président de l’association Les amis d’Agalega.

Arnaud Poulay, président de La Voix des Agaléens, abonde dans le même sens affirmant ayant réclamé que le Memorandum of Understanding entre Maurice et l’Inde soit rendu public. « Nous aurions voulu qu’il y ait une séance d’information à Agalega et à Maurice pour nous expliquer de quoi il en retourne. »

Les accords liant l’Inde à Maurice, datant du 11 mars 2015, par rapport à Agalega resteront secrets. « La clause de confidentialité fait partie d’un accord signé entre le gouvernement indien et le gouvernement de la République de Maurice », avait indiqué Fazila Jeewa-Daureeawoo, vice-Premier ministre et ministre des Administrations régionales, dans une réponse écrite déposée au Parlement en mai dernier. C’est avec surprise que les quelque centaines d’Agaléens ont appris, mardi dernier que les travaux d’une piste d’atterrissage de 3 000 mètres, plus grande que celle de Rodrigues, vont démarrer le 12 février 2019.

La ministre a indiqué avoir « appris des autorités indiennes » qu’un contrat a été signé avec la compagnie indienne Afcons Infrastructure Ltd le 28 septembre dernier pour les travaux à Agalega. Elle a dit ignorer si des militaires indiens vont aider à la construction. Elle était également dans l’incapacité d’affirmer si le gouvernement mauricien devra débourser de l’argent pour ce projet de plus de Rs 3 milliards.  « Nous avons pu rencontrer le haut-commissaire de l’Inde à Maurice il y a quelques mois. C’était une rencontre amicale durant laquelle nous avons partagé nos appréhensions. Il nous a rassuré, mais il n’y a rien d’écrit noir sur blanc », concède Laval Soopramanien. Et d’ajouter que « je ne crois pas que l’intention est d’étouffer l’île avec des infrastructures ».

La piste d’atterrissage fera un quart de la longueur de l’Ile du Nord (Agalega est composée de l’Île du Sud et l’Île du Nord). La piste actuelle, longue de 1 300 mètres, en mauvais état, ne peut accueillir que de petits avions. La nouvelle permettra l’atterrissage d’avions de type B 737-900 et A321, types d’appareils pouvant transporter plus de 200 passagers. À noter qu’Agalega compte 300 résidents permanents. La jetée qu’Afcons devra aménager pourra accueillir des bateaux de 149 mètres de long. En sus de cela, la compagnie devra construire plusieurs facilités : aéroport, hangar et tour de contrôle, entre autres.

Un Joint Project Monitoring Committee, comprenant des officiers mauriciens et indiens, supervise le projet qui a déjà été avalisé dans le Detailed Project Report. Mais ce dernier reste aussi top secret. Le projet étant totalement pris en charge par la Grande Péninsule, c’est elle qui a choisi l’entrepreneur après un exercice d’appel d’offres.

Un enjeu national pour l’Inde

En Inde, les langues se délient peu à peu. Dans un article publié en ligne dimanche, le 28 octobre, le très respecté journal indien The Hindu, cite un haut responsable indien. Ce dernier affirme que les projets de l’Inde dans la région n’ont jamais été « acquisitive or colonial ».

Toutefois après l’annulation du projet de base sur l’île d’Assomption, aux Seychelles, il y a quelques mois, « New Delhi bouge rapidement mais silencieusement pour s’assurer que son projet à Maurice ne rencontre pas de problèmes ». Citant le haut officiel du gouvernement indien, The Hindu indique que contrairement aux bases militaires d’autres pays, l’Inde ne restreindrait pas le mouvement des locaux. Ce dernier affirme aussi que les projets similaires d’autres pays visent à « garder le contrôle, sans diluer leur souveraineté ».

  • LDMG

 

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