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Administrations locales - Refonte de la Local Government Act : vers la fin de l’inaction et le début du devoir

Pour Me Manoj Appado, la refonte de la Local Government Act doit être fondée sur la réalité du terrain.

Dans un monde en pleine mutation, dans lequel les défis urbains, ruraux, climatiques, sociaux, économiques, géopolitiques et technologiques s’entrecroisent, il devient essentiel de repenser la gouvernance des villes et des villages locaux. Selon Me Manoj Appado, avoué, la refonte de la Local Government Act ne doit pas être un simple toilettage législatif, mais une réorientation stratégique de la démocratie de proximité.

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«Il ne s’agit pas seulement de nettoyer nos villes et villages. Il s’agit d’innover, d’anticiper, de mieux servir, avec une vision lucide des nouvelles réalités : l’intelligence artificielle, la numérisation, la mobilité durable et les services intelligents », indique l’avoué.

Pour lui, les collectivités locales ne peuvent plus être en compétition avec d’autres instances. Ils doivent devenir des facilitateurs, des relais intelligents qui coopèrent avec les services de l’État dans des domaines aussi fondamentaux que l’éducation, la santé, la sécurité ou le devoir communautaire.

« Une cellule de communication et de pédagogie pour les conseillers est importante », précise-t-il.

Les points essentiels de la réforme

• Intégrer la mise en place d’une cellule de communication et de pédagogie.
• Permettre aux conseillers municipaux de communiquer efficacement avec les citoyens.
• Sensibiliser aux technologies et surtout promouvoir l’éducation civique et numérique de proximité.
• L’accès à la bibliothèque locale depuis la maison ou la formation numérique des aînés ne sont pas des utopies. Ce sont des objectifs réalistes si un cadre légal, souple, mais structuré, les rend possibles.

D’autres propositions

Pour Me Manoj Appado, l’idée de smart cities n’est pas mauvaise en soi. Mais elle ne peut être réservée aux quartiers privilégiés ou aux investisseurs étrangers. 

« Il faut réadapter les idées préconçues et veiller à ce que la modernisation profite à toutes les couches de la société. Le numérique ne doit pas creuser les inégalités, mais servir à les combler. Ce qui passe par des règlements locaux rénovés, des initiatives citoyennes soutenues et une vigilance permanente contre les blocages administratifs ou juridiques », dit-il.

Initiative et innovation de mise

Un autre point mis en avant par l’avoué : beaucoup de choses peuvent se faire par l’initiative et l’innovation. Toutefois, des blocages surgiront inévitablement sans un encadrement légal approprié.

« Il ne faut pas offrir le prétexte aux élus pour ne pas s’atteler à leur tâche, sous couvert de carences législatives. La refonte légale est donc une condition sine qua non de l’efficacité locale », soutient-il.

Tout en ajoutant qu’il va de soi que ces batailles politiques dureront. Les résistances au changement, les réflexes partisans, les inerties administratives ne disparaîtront pas du jour au lendemain. Mais ce qui doit primer, c’est un programme étoffé, clair et approprié, porté par des élus compétents, visionnaires et ancrés dans le réel.

Projets

D’autre part, Me Manoj Appado estime que le duel électoral doit se faire sur la base de projets concrets, pas sur des slogans ni sur la force d’un groupe politique.
« Ce sont les citoyens qui doivent être au centre, car grâce à la proximité, c’est le quotidien qui sort gagnant. Il ne s’agit pas de donner le pouvoir à ceux qui crient le plus fort, mais à ceux qui proposent, agissent et innovent avec intégrité, qui incarnent la proximité », indique-t-il.

Au service du peuple

Selon l’avoué, si l’on se met au service du peuple, il faut savoir répondre présent avec promptitude, pas avec retard et indifférence. Sinon, l’hibernation estivale rendra le pouvoir au peuple, avec ou sans refonte légale. Et ce jour-là, précise-t-il, le réveil sera brutal pour ceux qui n’auront pas su entendre les murmures de la démocratie locale.

Pour lui, l’avenir de Maurice se joue autant dans les rues de ses quartiers que dans les hémicycles de ses conseils. Réformer la gouvernance locale ne peut plus être une affaire de technocrates ni de rituels électoraux. C’est un impératif démocratique, scientifique et éthique. Il s’agit de reconstruire le lien de confiance entre les citoyens et les organismes locaux, de faire du territoire un espace d’intelligence partagée et de l’élu local un acteur éclairé et proche.

L’engagement des conseillers et du maire

Il va plus loin dans ses propos. « La proximité ne doit plus être un slogan vide de sens. Elle doit redevenir une présence active, quotidienne, authentique. Le conseiller municipal ne peut plus se contenter d’apparaître aux cérémonies, de plaire aux potentats ou aux mandarins du jour. S’il fait de la politique, il doit s’y engager pleinement. Il doit répondre promptement aux doléances des citoyens, être sur le terrain, disponible, facilitateur. Ce sont les citoyens qu’il doit convaincre et servir, et non l’inverse. Mais pour bien mener sa mission, il doit lui-même être bien renseigné. »
« Le maire, quant à lui, ne doit pas se contenter d’inaugurer un terrain de volley-ball avec un coup de pied dans un ballon sous les projecteurs. Il doit s’assurer que ce terrain soit réellement accessible à chaque citoyen, qu’il vive en centre-ville ou en périphérie. Et à terme, il doit faire en sorte que cet espace de sport et de rencontre devienne un lieu de mémoire, de mérite où les trophées parlent d’effort, de cohésion et de rêve partagé. »

Autonomie financière

Il déclare que rien n’est possible sans une autonomie financière des mairies. Pour lui, trop longtemps, on a vécu avec l’adage selon lequel « celui qui loue l’orchestre choisit la musique ».
« Il faut maintenant que les collectivités puissent financer, planifier et innover. Ce qui exige des décisions profondes, courageuses, à la manière d’un Lee Kuan Yew qui savait trancher pour bâtir », propose-t-il.

Participation et interaction

Un autre point mis en avant par Me Manoj Appado : il ne faut pas attendre six ans pour juger un élu. L’action municipale doit devenir participative et interactive, avec des mécanismes permettant aux citoyens d’interpeller, de corriger et de rappeler à l’ordre un élu récalcitrant. La démocratie locale fonctionne si elle est vivante, exigeante et vigilante.

« On ne veut pas renier nos traditions, nos cultures et nos cultes. Ils sont le socle de notre identité et la richesse de notre vivre-ensemble. Mais force est de constater que le XXIe siècle est celui des défis de la science, comme l’a si bien souligné Claude Allègre, de l’Académie des sciences. L’intelligence artificielle, les données massives, la climatologie, l’ingénierie urbaine et la santé environnementale sont désormais des piliers incontournables de la bonne gouvernance. »

Cellule scientifique permanente

Me Manoj Appado est formel. Il est donc indispensable d’inclure dans la nouvelle structure de la Local Government Act une cellule scientifique permanente, composée d’experts multidisciplinaires, rattachée à chaque mairie et conseil de district. Cette cellule aurait pour mission d’orienter les choix politiques locaux sur une base factuelle et rigoureuse. Elle aviserait en matière de développement urbain, de gestion des déchets, de santé publique, de sécurité, de dératisation et d’accès aux services éducatifs et numériques — y compris les bibliothèques accessibles depuis chez soi.

Pour lui, ce conseil scientifique local ne doit pas être un organe décoratif, mais un partenaire actif du conseil municipal, consulté pour chaque décision stratégique.

« C’est ainsi que nous pourrons sortir du pilotage à vue et inscrire l’action publique dans une logique d’innovation, d’anticipation et de résilience », évoque-t-il.

« Ce projet doit s’articuler autour d’un urbanisme digne de ce nom : respectueux de l’environnement, intelligent, esthétique, fonctionnel et pensé avec et pour les citoyens. Cet urbanisme ne doit pas se contenter de répondre aux besoins classiques, mais raconter une vision du vivre-ensemble, une harmonie entre mémoire, innovation et inclusion. »

Être à l’écoute du peuple

« The one who pays the piper calls the tune.  Le peuple est ce payeur, il mérite que sa musique soit entendue, sans délai, sans intermédiaire, sans trahison », dit l’avoué.

Il est d’avis que la refonte de la Local Government Act doit être fondée sur la réalité du terrain, la rigueur de la pensée et l’espoir d’un pays réconcilié avec lui-même.
 

 

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