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Adi Teelock : «Ce Budget démontre encore une fois à quel point le gouvernement ne comprend pas les problématiques et les enjeux»

Adi Teelock, membre de Platform Moris Lanvironnman, est d’avis que les mesures annoncées dans le budget ne sont pas suffisantes pour répondre à l’immense défi qui nous guette. Elle indique : « Le Budget présente un ensemble de mesures timides, voire rétrogrades, qui réduisent notre capacité déjà limitée à relever les défis du changement climatique. Certaines mesures sont même franchement nuisibles à l’environnement, aux écosystèmes naturels et à la biodiversité ». Elle ajoute : « Ce Budget démontre encore une fois à quel point le gouvernement ne comprend pas les problématiques et les enjeux. La cogestion du Climate and Sustainability Fund par le gouvernement et le secteur privé à l’exclusion de la société civile et des ONG environnementales ne nous rassure pas non plus ».

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Pour Adi Teelock, restaurer les plages par l’extraction de sable du lagon est non seulement inefficace, mais dangereux. « Cette pratique a des impacts négatifs importants et irréversibles sur la dynamique des courants marins et la biodiversité. De plus, elle favorise l’érosion. Et voilà que le gouvernement ne trouve rien de mieux que d’annoncer un amendement à la Removal of Sand Act pour autoriser l’extraction du sable pour alimenter des plages érodées ! » déplore-t-elle. Est-ce là, se demande notre interlocutrice, la nouvelle stratégie des autorités pour répondre au problème de l’érosion des côtes mauriciennes ? Cette mesure soulève diverses interrogations de sa part : « Est-ce que le gouvernement sait combien de plages remises en état par des travaux, dits de protection contre l’érosion devant des hôtels, ont dû être restaurées à maintes reprises ? Est-ce que des études ou suivis sur le problème de l’érosion sur le long terme ont été menés pour connaître les raisons de l’inefficacité de ces mesures ? »

Au sujet des dizaines de fermes de corail annoncées, Adi Teelock souligne que sans des mesures globales ridge-to-reef pour minimiser la dégradation du lagon par divers polluants, ces fermes auront très peu de chances de remplir leur rôle. Une approche intégrée est nécessaire pour assurer leur efficacité et leur succès. Quant au reboisement, elle craint que les mesures annoncées dans le Budget ne se réalisent jamais. « D’année en année, les Budgets annoncent la plantation de centaines de milliers d’arbres sur un certain nombre d’hectares. Où est le bilan ? L’urbanisation rapide par la multiplication de vastes projets immobiliers, ainsi que les gros travaux routiers perpétuent la dégradation environnementale et sont un facteur contributif au changement climatique. La perte, ces dernières années, de centaines d’hectares de forêts établies et de champs de cannes signifie la perte de puits de carbone qui ont un rôle si important dans l’atténuation du changement climatique.  Et ce n’est pas la création de micro-plantations d’arbres et d’arbustes un peu partout sur l’île qui va compenser cette perte », explique-t-elle. 

Concernant la souveraineté alimentaire, Adi Teelock souligne que la capacité de chaque pays à maintenir et développer sa propre production de nourriture de base est indispensable. « Il faut savoir que l’agriculture des pays desquels nous importons 80 % de nos besoins alimentaires est aussi impactée par le changement climatique. Ainsi, leur capacité d’exportation s’en trouvera réduite. Malgré des milliards de roupies annoncées chaque année depuis 2016, le bilan est extrêmement maigre. Sans stratégie claire et un plan d’accompagnement cohérent établis avec toutes les parties prenantes, rien de significatif ne se produira », souligne-t-elle.

  • LDMG

 

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