Etablir les causes des inondations. C’est ce que fera le gouvernement. Depuis 2013, Port-Louis subit des montées des eaux malgré la construction de drains. Dimanche, la capitale et ses environs ont subi une inondation semblable à celles de 2013, à la différence qu’il n’y a pas eu mort d’homme.
Il faudra établir les causes des inondations. C’est ce qu’a fait comprendre le Premier ministre, lundi. Il animait une conférence de presse à son bureau. Malgré les investissements massifs dans les drains, Port-Louis et ses environs ont été inondés après trois heures de pluie. Le gouvernement veut comprendre pourquoi.
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Pravind Jugnauth annonce une étude par les techniciens, comprenant ingénieurs, hydrologues, météorologues et autres techniciens de topographie et construction urbaine. D’ailleurs, le point de presse d’hier faisait suite à une réunion d’urgence entre le Premier ministre et la National Disaster Risk Reduction and Management Centre (NDRRMC). « En espace de quelques heures, il y a eu des grosses averses avec des inondations et j’exprime ma sympathie et ma solidarité envers les familles affectées », dit le PM.
Le chef du gouvernement a expliqué que le gouvernement investit dans la construction de drains. De plus, le dernier Budget a alloué Rs 1 milliard à la National Development Unit et Rs 1 milliard aux collectivités locales pour des travaux d’infrastructure. Malgré cela, Port-Louis n’a pas été épargnée. L’eau a afflué des régions avoisinantes vers la capitale à cause de la topographie. « Il y a eu des averses subites et abondantes, 143 millimètres de pluie rien qu’à la Montagne des Signaux».
Les officiers du NDRRMC ont débuté un exercice d’analyse sur les raisons des inondations de dimanche dernier à Port-Louis, dès que la station météorologique de Vacoas a levé l’alerte de fortes averses.
Selon nos sources, les techniciens procéderont à des visites sur les lieux affectés au plus tard ce jeudi. Ils devront ensuite boucler leur enquête et formuler des propositions. Un exercice important, car l’île est de plus en plus touchée par le phénomène de microclimat, soit des conditions climatiques extrêmes dans des régions géographiquement très petites.
Le constat est clair : malgré les investissements de plusieurs millions, les drains construits n’ont pas vraiment été efficaces. Une explication pourrait être la topographie de la région, nous explique une source. Les techniciens du NDRRMC auront aussi la lourde tâche de savoir si les constructions dans le cadre du développement de la capitale, parmi divers projets en cours, ont influencé la capacité d’évacuation des drains ainsi que l’étanchéité du sol.
Compensations à l’étude
Le gouvernement a constaté qu’il y a eu des dommages aux propriétés. D’ailleurs, une enquête sera effectuée pour établir un barème dans le but de dédommager les sinistrés. Depuis lundi matin, ces derniers peuvent toucher leurs compensations de la Sécurité sociale. D’ailleurs, 314 sinistrés sont répartis dans trois centres de refuge : Roche-Bois, Riche-Terre et Richelieu. Le chef du gouvernement est revenu sur les inondations de 2013 et rappelle qu’il y avait eu des pertes en vies humaines. « La situation est comparable, mais les infrastructures ont permis de mitiger les effets des inondations. »
Pas de réponses aux démagogies
Répliquant à la déclaration du leader de l’opposition, le Premier ministre souligne qu’il y a des retards à rattraper et que les héritages du passé reposent sur le dos du gouvernement actuel. Il évoque des drains mal conçus et développements sans planification. « Lors des inondations de 2013, il y a eu mort d’homme et Xavier-Luc Duval n’a pas démissionné alors qu’il était au gouvernement. Au lieu de commentaires constructifs, il vient avec des propos négatifs, c’est dégoûtant de faire de la politique sur le malheur des autres », a avancé le chef du gouvernement.
À la merci du climat
Pravind Jugnauth a souligné que nous ne sommes pas une exception, car les averses et inondations ne touchent pas que Maurice. Il a ajouté qu’un Master Plan est en préparation par les consultants de la Land Drainage Authority concernant l’étude topographique et la construction de drains. Le Premier ministre se dit satisfait de la prestation du service météo.
« Le temps n’est pas une science exacte», a-t-il rappelé. Il a aussi annoncé que le radar de Trou-aux-Cerfs sera opérationnel une fois qu’il sera calibré. Pravind Jugnauth souligne que plusieurs projets seront enclenchés et que le budget nécessaire a été alloué. Toutefois, Maurice est en chantier et cela pose problème, devait affirmer le Premier ministre. Dans les situations pressantes, le gouvernement émettra des appels d’offres urgents.
Moins de surfaces perméables
La bêtise humaine est à la base des problèmes. C’est ce que pense l’hydrologue Farook Mowlabaccus. Il explique que les développements résidentiels et infrastructurels autour de Port-Louis ont réduit la superficie de surface perméable. Cela cause davantage de ruissellement. « Ajouté à cela, nous recevons depuis quelques années, une quantité abondante de pluie en très peu de temps. Nous recevons l’équivalent de deux jours de pluie en deux heures. »
L’expert souligne qu’il ne faut pas prêter oreille à la thèse de nappes phréatiques obstruées autour de Port-Louis, car ce n’est pas le cas.
« Il n’y a pas de nappe dans cette région, il faut aller chercher du côté de la modification du cours des ruissellements en surface. » Le spécialiste souligne qu’il faut revoir la taille des drains.
Rs 8,3 millions pour la construction de drains à Port- Louis
Le lord-maire, Daniel Laurent, confirme que le ministère de l’Environnement a octroyé une enveloppe de plus de Rs 8 millions à la mairie de Port-Louis, il y a quelques semaines.
L’argent sera utilisé pour la construction de drains à travers les quatre circonscriptions de la capitale. Certains de ces travaux ont démarré dans plusieurs régions, notamment dans les faubourgs de la capitale. Une attention particulière sera accordée à Vallée-des-Prêtres, Vallée-Pitot, Plaine-Verte et Pailles, des régions qui ont été particulièrement affectées par les inondations durant le week-end.
Cependant, ces travaux concernent uniquement les routes dites non classifiées, car les principales artères tombent sous la tutelle de la Road Development Authority. « La municipalité a également déboursé plus de Rs 30 millions dans la construction de drains durant les deux dernières années », nous explique Daniel Laurent qui défend son bilan.
La situation est suivie de très près, selon le lord-maire. La priorité du conseil est de s’assurer que tous les drains, les cours d’eau et canaux soient bien entretenus et nettoyés pour prévenir tout risque d’accumulation de déchets. Chaque mois, des tonnes de déchets, comprenant des vieux appareils électroménagers, des vieux matelas sont enlevés des cours d’eau.
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