Bousculade, harcèlement, coups, sont des types de violence courants dans les établissements scolaires. Certains élèves rapportent les cas, alors que d’autres préfèrent souffrir en silence. Les autorités encouragent, cependant, les victimes à dénoncer tout acte de violence.
La semaine dernière, deux élèves de la Form II d’un collège privé de Rose-Hill se sont disputés. L’un d’eux a tenté d’étrangler son camarade avec un câble électrique. La victime a dû recevoir des soins à l’hôpital tandis que son agresseur a été renvoyé de l’établissement.
Dans un collège d’État des hautes Plaines-Wilhems, une vidéo en circulation montre un adolescent pris à partie par d’autres. Les parents des élèves impliqués dans l’agression ont tous été convoqués. À la suite des recommandations d’un comité disciplinaire, parents et élèves ont eu droit à des séances de counseling. Cinq élèves sont sous surveillance et suivis par des psychologues. Ils ont été renvoyés du collège pour trois jours, avec des devoirs à faire.
Deux autres élèves ayant filmé la scène ont été renvoyés pour une journée avec des devoirs. Pour qu’ils puissent retourner en classe ils devront venir accompagnés de leurs parents et munis d’une lettre d’excuse. La Brigade des mineurs s’est lancée dans une campagne de sensibilisation auprès des élèves d’autres classes.
Les actes de violence dans le milieu scolaire ne peuvent être quantifiés. Les responsables du ministère de l’Éducation soutiennent, cependant, qu’il ne faut pas se voiler la face. Ces actes existent bel et bien dans nos établissements. C’est la raison pour laquelle les autorités ont mis des paramètres en place.
Pour le ministère de l’Éducation, aucun cas d’indiscipline ne doit rester sous silence. Il est du devoir de chaque chef d’établissement de le rapporter. Depuis fin 2014, la ministre de tutelle, Leela Devi Dookun Luchoomun, s’est engagée dans un vaste exercice visant à identifier les faiblesses du système éducatif en vue d’y remédier dans les meilleurs délais.
Ainsi, depuis 2015, il est régulièrement rappelé aux chefs d’établissement d’utiliser le temps de l’assemblée du matin pour sensibiliser les élèves aux divers maux qui affectent l’univers scolaire, tels que la drogue et l’intimidation, entre autres. Les recteurs et maîtres d’écoles sont tenus d’inculquer aux élèves le sens des valeurs, notamment le respect, le savoir-vivre, le savoir être, le leadership, le partage, l’empathie, la solidarité et le patriotisme.
En janvier 2016, le ministère a publié le Student Behaviour Policy. C’est un outil à la disposition des enseignants et des chefs d’établissement pour prévenir la violence et sévir contre tous types de brutalités, qu’elles soient physiques ou verbales, et contre le non-respect des autres (amis, enseignants).
Incidence des films violents
Tout cas d’indiscipline qui se produit dans une école publique ou privée doit être rapporté au bureau de la zone dans lequel se trouve l’établissement. Le directeur délègue alors des inspecteurs à l’école pour un constat. Une plateforme de dialogue, impliquant parents, enseignants, chefs d’établissement, inspecteurs, directeurs de zone et cadres du ministère, est constituée. Dans des cas particuliers, l’aide de la Brigade des mineurs est sollicitée.
Des sanctions sont prises à l’encontre de ceux trouvés responsables de délits. Les victimes et les agresseurs sont tous suivis et soutenus par des psychologues du ministère de l’Éducation. Par la suite, des campagnes de sensibilisation sont menées avec une surveillance accrue et ciblée au sein de l’établissement concerné.
Dans les collèges privés, la situation est tout aussi difficile, reconnaît le responsable du Labourdonnais College de Vallée-des-Prêtres, mais des actions sont prises. Selon Houmayoun Soobadar, président de la Managers of Private Secondary Schools Union (MPSSU), les enfants ont maintenant de nouveaux centres d’intérêt. « Aujourd’hui, le portable est devenu le meilleur ami de l’élève. Le fait d’être souvent sur les réseaux sociaux et de regarder des films parfois violents a une incidence sur le comportement des enfants. »
Houmayoun Soobadar dit aussi que « le comportement des élèves a changé. Ils viennent en classe sales, la chemise hors du pantalon, les devoirs pas faits ou mal faits. En tant que responsable, nous devons trouver d’autres stratégies pour les intéresser à la vie scolaire. »
Ce dernier a constaté que plusieurs enfants viennent en classe avec un petit sac à dos qui ne contient qu’un cahier pour toutes les matières! « Les parents ont un rôle à jouer. Nous comprenons qu’aujourd’hui tout le monde soit occupé et troublé par les défis de la vie. Toutefois, nous croyons que le parent a le devoir de s’assurer que son enfant part à l’école avec tout ce dont il a besoin. »
Selon Houmayoun Soobadar, au sein des collèges privés, il y a un sentiment d’appartenance familiale. De ce fait, chaque éducateur a à cœur l’intérêt des enfants.
Les élèves sont encouragés lorsqu’ils ont bien agi. Ils sont aussi réprimandés lorsqu’ils agissent mal. À titre d’exemple, au Labourdonnais College, le parent est averti de tous les cas d’indiscipline de son enfant et des actions sont prises.
Un bon leadership
Dans les collèges d’État, il y a deux façons de faire. Certains enseignants préfèrent fermer les yeux. Pour eux, il n’y a rien de concret qui puisse arrêter la situation. D’autres informent la direction de l’établissement et ils décident de concert de la marche à suivre. Selon le président de la Government Secondary School Teachers’ Union, (GSSTU), Vikash Ramdonnee, chaque établissement doit avoir un bon leadership pour gérer les situations d’urgence. « Si chaque collège pouvait avoir deux Deputy Rector, l’un s’occuperait de l’aspect administratif et l’autre de l’aspect académique. Cela, nous aiderait énormément dans notre quotidien. »
Les enseignants souhaitent également être mieux armés pour traiter les cas de violence à l’école. Ils demandent ainsi aux autorités de se pencher sur la formation continue, parce que les cas évoluent. « Tout le monde doit se sentir concerné. Dans les établissements privés, les solutions sont vite trouvées, parce que les responsables ont la liberté d’agir. Dans les collèges d’État, il y a toute une procédure à suivre, même s’il y a des paramètres déjà en place. »
Dans certains cas, il faut faire appel aux policiers afin de maîtriser la situation.
18 psychologues pédagogiques
Le ministère de l’Éducation dispose actuellement de 18 psychologues pédagogiques, de quatre psychologues pédagogiques supérieurs et d’un responsable. Ces derniers fournissent un soutien psychologique aux élèves confrontés à des difficultés. Ils sont disponibles pour le pré-primaire, le primaire, le secondaire et sont assistés de 18 travailleurs sociaux éducatifs. Ceux-ci effectuent des visites à domicile et assurent le bien-être de l’enfant. Durant cette année budgétaire, huit postes supplémentaires de psychologues de l’éducation et quatre postes de travailleurs sociaux seront créés.
En cas de problème, la procédure veut que le chef d’établissement remplisse un formulaire de recommandation et de consentement des parents et l’adresse aux directeurs de la zone afin que le psychologue intervienne. Son rôle est d’effectuer des visites et d’organiser des séances de counseling avec l’enfant et la famille. Le personnel de l’école travaillant avec l’enfant reçoit également des conseils sur la gestion. Des séances de suivi sont également menées pour promouvoir le bien-être psychologique de l’enfant. Les interventions ont lieu dans les cas où les élèves ont des difficultés d’apprentissage, des problèmes d’adaptation à l’école et à la maison, des problèmes comportementaux et psychologiques, des problèmes sociaux et émotionnels.
Rita Venkatasawmy : «Il nous faut avoir la bonne attitude pour agir»
L’Ombudsperson pour les enfants, Rita Venkatasawmy, observe que la génération actuelle ne se laisse pas faire face à la violence. Elle soutient que les actions doivent être concertées.
Les cas de violences dans les écoles sont régulièrement dénoncés. Qu’est-ce qui explique cela ?
Aujourd’hui, les enfants sont de plus en plus conscients de leurs droits. Nous avons en face de nous une génération proactive qui ne se laisse pas faire. Les campagnes de sensibilisation se font à tous les niveaux. Tout cela les encourage à dénoncer. Nous ne pouvons pas quantifier les cas de violence dans les écoles pour le moment, mais ce sera fait avec la parution de notre rapport prévu pour la fin de septembre.
Comment procédez-vous lorsqu’un cas vous est rapporté ?
Nous travaillons avec toutes les instances qui s’occupent des enfants. Nous veillons ainsi à ce que toutes les procédures soient suivies. Si quelqu’un vient chez nous sans avoir suivi les procédures, nous l’aiderons et le conseillerons sur la marche à suivre.
Sommes-nous suffisamment équipés pour faire face à la violence dans nos écoles ?
Nous avons beaucoup d’institutions et la bonne volonté pour faire avancer les choses. Mais le fait de ne pas travailler ensemble, parfois, n’est pas pour arranger les choses. Il nous faut avoir la bonne attitude pour agir et cela concerne chaque individu.
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