L’île Maurice indépendante est aussi la culmination d’une longue lutte syndicale menée par des grands tribuns comme Dr Maurice Curé, Emmanuel Anquetil, Guy Rozemont et Dajee Rama, plus connu comme Pandit Sahadeo. Que dire de la lutte syndicale 50 ans après ?
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Depuis l’Indépendance, le nombre des syndicats n’a cessé de croître. Au 31 décembre 2016, on comptait 344 syndicats et 120 300 syndiqués sur un total de 565 000 travailleurs. Une évolution syndicale positive, constate Désiré Guildhary, président de la Free Democratic Unions Federation. Toutefois, il regrette que certaines entreprises fassent toujours des difficultés pour que leurs employés se joignent à un syndicat. Il souhaite qu’un amendement soit apporté à l’Employment Relations Act faisant obligation sur le patronat pour que leurs employés soient syndiqués.
Haniff Peerun, président du Mauritius Labour Congress, estime que malgré des contraintes et des moyens limités, le mouvement syndical a énormément contribué à améliorer le sort des travailleurs à Maurice. Outre une amélioration des conditions de service et des salaires, il explique que les syndicats ont aussi mis sur pied des fonds d’aide dédiés à leurs membres. Il cite notamment le Provident Fund et le Credit Union.
Certes, le consultant en relations industrielles, Dev Luchmun, est satisfait qu’après l’Indépendance, le droit syndical a été renforcé et que l’État Mauricien a ratifié plusieurs conventions du Bureau international du travail. Toutefois, il regrette l’absence d’une unité syndicale 50 ans après l’Indépendance. « Les syndicats ont intérêt à s’unir en prenant l’exemple de la Confédération Internationale des syndicats libres et de la Confédération mondiale du Travail qui ont fusionnées pour devenir la Confédération Syndicale Internationale qui est la plus puissante au monde ».
Les grandes dates du monde du travail
18 septembre 1934
Le Dr Maurice Curé, élu à une élection partielle, en remplacement du démissionnaire Roger Pezanni, fait un plaidoyer au Conseil du gouvernement en faveur de la classe ouvrière.
23 février 1936
Lors d'un meeting au Champ-de-Mars, l’assistance vote le principe de créer le Parti travailliste.
21 avril 1936
Le Parti travailliste installe ses premières assises au 3 Place Foch à Port-Louis, dans le cabinet du Dr H. Jeetoo. C'est le début de la grande croisade pour la conscientisation de la masse des travailleurs.
Août 1937
Mécontentement des petits planteurs suite à un litige avec les usiniers à propos des cannes de la variété UBA. Ce qui déclenche un grave conflit social qui culmine en une fusillade à Flacq et à L'Escalier. On dénombre quatre morts parmi les laboureurs : Sookdeo Gobin, Anandoh Gowree et Dawood Lallmohamed tombent sous les balles le 13 août 1937 à Flacq et Ayoub Madarbaccus est tué à L'Escalier le 27 août 1937.
18 août 1937
Le pouvoir colonial nomme la commission Hooper pour enquêter sur les causes de ces troubles. Emmanuel Anquetil dépose devant la commission les 16 et le 21 octobre suivants. Il axe son intervention sur le sort des laboureurs indiens.
30 mars 1938
La commission Hooper soumet son rapport. Parmi ses recommandations, figurent une augmentation des gages et des salaires, la fixation des gages minimum et la reconnaissance syndicale.
19 avril 1938
Le droit d'association est reconnu.
1er mai 1938
Premier rassemblement du travail à Maurice
23 juin 1938
Institution du premier Bureau du travail. Les premiers inspecteurs sont Jaya Narayan Roy, K. Hazareesing, A. Ahmed, B. Ramgoolam, Georges Maya et Philippe de Robillard
31 août 1938
Le Docks, Wharves and Harbour Workers' Union vote en faveur d'un arrêt de travail pour réclamer la réintégration d’un employé.
1er septembre 1938
Le port est paralysé et les travailleurs revendiquent une augmentation salariale. Ils sont dans l’illégalité car toute grève de cette nature est interdite par la loi. Malgré les interventions des inspecteurs du travail, les grévistes campent sur leur position.
6 septembre 1938
Intervention d'Emmanuel Anquetil et arrêt de la grève mais entre-temps des troubles ont éclaté dans certains endroits. Le même jour, le gouverneur sir Bede Clifford instaure l'État d'urgence et Emmanuel Anquetil est déporté à Rodrigues pendant deux mois. Maurice Curé et le Pandit Sahadeo sont assignés à la résidence surveillée.
27 septembre 1943
Anjalay Coopen, Kistnasammy Moonsamy, Moonsamy Moonien et Marday Parapen tombent sous les balles à Belle-Vue. Une commission d'enquête, présidée par Sydney Moody, est nommée. Dans son rapport publié en décembre 1944, figurent plusieurs propositions en faveur des travailleurs.
29 avril 1949
Guy Rozemont présente une motion au conseil législatif pour que la Fête du Travail soit un jour de congé.
1er mai 1950
C'est la première fois que les travailleurs jouissent d'un congé pour célébrer le travail.
12 mars 1968
Maurice accède à l’Indépendance.
1970
Création de la General Workers Federation.
1971
Grève générale pour une amélioration des conditions de travail dans plusieurs secteurs dont le transport, le port et l'industrie sucrière. Plusieurs militants et des syndicalistes sont incarcérés.
1973
Introduction de l’Industrial Relations Act suivi de la mise sur pied de plusieurs institutions pour la protection des droits des travailleurs, dont le National Remuneration Board, le Termination of Contract Service Board et le Tribunal d’Arbitrage Permanent.
1975
Introduction du Labour Act
Décembre 1975
Introduction du paiement annuel du boni de fin d’année (13e mois)
1977
Mise sur pied du comité tripartite pour compenser les travailleurs de la perte de leur pouvoir d’achat.
1978
L’institution du Pay Research Bureau pour revoir les conditions de travail et la révision des salaires dans la Fonction publique chaque cinq ans.
Grève d'août 1979.
Plusieurs secteurs, dont le transport et le port, sont paralysés
2005
Introduction de l’Employment Relations Act et de l’Employment Rights Act et l’accent est mis sur la négociation collective. Création de la Commission de Conciliation et de Médiation pour régler les conflits industriels.
2017
Le salaire minimal national devient une réalité.
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