
La Financial Crimes Commission décortique les demandes de Reward Money formulées par la défunte Special Striking Team (SST). Les enquêteurs s’intéressent à une saisie de 22 millions de feuilles de papier à rouler en 2022. Sur les Rs 7 millions de récompenses réclamées par la défunte SST, seulement Rs 1 million aurait été versé aux informateurs, laissant Rs 6 millions introuvables.
Publicité
Où sont passées les Rs 6 millions restantes ? C’est la question que tentent d’élucider les enquêteurs de la Financial Crimes Commission (FCC) dans le cadre d’une réclamation de Reward Money faite par la défunte Police Headquarters Special Striking Team (PHQSST) à la suite d’une saisie en 2022. Sur les Rs 7 millions demandées par cette unité d’élite désormais dissoute, seulement Rs 1 million aurait été versé à des informateurs.
Cette demande de prime avait été faite après la saisie de 22 millions de feuilles de papier à rouler, dont la valeur était estimée à Rs 700 millions. C’était en octobre 2022 dans l’entrepôt de Plaisance Air Transport Services (PATS) à Plaine-Magnien. Or, d’après les enquêteurs, les informateurs n’auraient perçu qu’un million de roupies, alors que l’intégralité des Rs 7 millions avait été déboursée. La FCC soupçonne un détournement des Rs 6 millions restantes par des responsables de la défunte SST.
Un rôle purement administratif
La FCC enquête sur une autre demande formulée par l’ex-SST. En décembre 2023, la saisie de 9,5 kg de cannabis d’une valeur de Rs 15 millions, toujours à PATS, avait donné lieu à une nouvelle réclamation de Rs 7 millions. Là encore, le surintendant de police (SP) Ashik Jagai, ancien responsable de cette défunte unité, affirme n’avoir joué qu’un rôle purement administratif.
Selon lui, il se contentait de faire suivre les demandes préparées par le Reward Money Handler de la SST à l’Assistant commissaire de police (ACP) Dunraz Gungadin, avant transmission au Confidential Clerk du CP, puis à l’ex-commissaire de police (CP) Anil Kumar Dip pour approbation finale. L’audition du SP, qui est actuellement en détention, s’est poursuivie le mardi 19 août 2025 devant la FCC.
Il a dû s’expliquer sur le fonctionnement de la défunte unité. Selon lui, la SST était composée de deux sections : une équipe d’intervention pour les opérations et une autre chargée des enquêtes, portant sur les interrogatoires. C’est le volet financier, en l’occurrence les réclamations de Reward Money, qui intéresse particulièrement la FCC.
Official Secrets Act
Ashik Jagai, lui, continue de nier toute implication dans un détournement présumé. Il affirme que les demandes de prime étaient préparées par le sergent Yusuf Ali Hamud Hossen, alias Hossen Mose, également détenu, et que son rôle se limitait à transmettre ces demandes aux Police Headquarters sous l’autorité du CP.
De son côté, le sergent Hossen persiste à garder le silence sur l’identité des bénéficiaires, invoquant l’Official Secrets Act qui protège les informateurs. Arrêté le 8 août, il demeure en détention, tout comme le SP Ashik Jagai, qui est en détention depuis le 13 août.
Depuis le début de l’enquête, six policiers ont été arrêtés : l’ACP Lilram Deal, l’ACP Gungadin, l’Assistant surintendant de police Mooniaruth, le sergent Seeboruth (actuellement en liberté conditionnelle), ainsi que le SP Ashik Jagai et le sergent Hossen Mose. La FCC estime que le détournement potentiel lié au Reward Money pourrait dépasser Rs 250 millions.
Bruneau Laurette : « On doit remonter jusqu’aux véritables commanditaires »
L’activiste Bruneau Laurette appelle la Financial Crimes Commission (FCC) à approfondir son enquête dans l’affaire Reward Money, qui a déjà conduit à l’arrestation de six policiers, dont le surintendant (SP) Ashik Jagai et l’assistant-Commissaire de police (ACP) Dunraz Gangadin.
Lors d’une conférence de presse tenue à Sainte-Croix, hier, Bruneau Laurette a salué le travail entamé par la FCC, tout en soulignant qu’il ne s’agit que d’un début. « La FCC doit aller plus loin et remonter jusqu’aux véritables commanditaires. Ashik Jagai et Dunraz Gangadin ne sont que des exécutants », a-t-il déclaré.
Si l’ACP Gangadin a déjà obtenu la liberté sous caution, Bruneau Laurette se dit « contre » une décision similaire concernant le SP Jagai. « La FCC ne doit pas accorder de caution à l’ancien patron de la Special Striking Team pour le moment. Il existe un risque réel de manipulation de preuves et de pressions sur les témoins, surtout au vu de l’étendue de ses connexions », explique-t-il.
Selon lui, cette affaire commence enfin à révéler son ampleur : « Aujourd’hui, les Mauriciens comprennent que ce que nous dénoncions depuis des mois était bien réel. On nous traitait de menteurs, mais la vérité éclate désormais au grand jour. » Et de conclure : « La lutte ne fait que commencer. Le peuple commence enfin à voir plus clair ».

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !