Live News

Sugar Investment Trust : la vente de l’ancien Waterpark de Belle-Mare à l’étude

La vente du parc aquatique vise à stabiliser le SIT.

Le Sugar Investment Trust, accablé par une dette de Rs 1,6 milliard et des pertes chroniques, envisage de vendre le Splash N Fun Leisure Park (anciennement Waterpark) de Belle-Mare. Cette cession potentielle illustre la dérive financière d’un organisme créé pour soutenir les planteurs.

Publicité

Le Sugar Investment Trust (SIT) fait face à une crise financière profonde qui pourrait le conduire à céder l’un de ses actifs emblématiques : le Splash N Fun Leisure Park, anciennement le Waterpark de Belle-Mare. Cette option, qui figure parmi les options disponibles, pourrait aider à renflouer les caisses d’une structure endettée à hauteur de Rs 1,6 milliard.

Cette mesure s’inscrit dans un contexte de pertes annuelles estimées à Rs 150 millions et d’une gestion  entachée d’irrégularités, comme l’a exposé le ministre de l’Agro-industrie, Arvin Boolell, au Parlement en avril.

Fondé pour soutenir les intérêts des petits planteurs, le SIT détient aujourd’hui environ 2 100 arpents de terres, évalués à Rs 3 milliards en 2020. Ses revenus principaux proviennent de la culture de la canne à sucre (Rs 30 millions annuels) et de la location de bâtiments (Rs 35 millions). Cependant, ces entrées sont largement insuffisantes pour couvrir les charges financières : le remboursement des dettes s’élève à Rs 115 millions par an, hors intérêts, rendant l’entité insolvable depuis 2014. Les intérêts sur la dette ne sont que partiellement honorés, et les actifs restants sont tous hypothéqués ou gagés.

Selon le ministre Boolell, dans une déclaration parlementaire du 15 avril 2025, le SIT est « au bord de l’effondrement économique ». Il a souligné une dégradation progressive sur dix ans, marquée par des déficits dans tous les secteurs (terres, loisirs, immobilier et services corporatifs). La valeur par action, qui s’établissait à Rs 15 000 en 2014, a chuté de plus de 92 % pour atteindre Re 1,78. Le SIT a vendu plus de 5 000 arpents de terres sans évaluation officielle ni benchmarking, souvent à des prix inférieurs de 40 % à 60 % au marché, et parfois à des parties liées qui n’ont pas réglé les paiements, mais ont continué à exploiter les terres. Les produits de ces ventes n’ont pas servi à rembourser les dettes, mais à financer des projets immobiliers.

Des irrégularités graves ont été relevées : des responsables ont présenté de faux comptes pour obtenir des prêts, une affaire actuellement examinée par la Financial Crimes Commission (FCC). Par exemple, un prêt de Rs 360 millions destiné à la modernisation du Waterpark aurait été détourné, devait alléguer Arvin Boolell au Parlement, tandis qu’un autre de Rs 12,8 millions de la Development Bank of Mauritius (DBM) pour la plantation de canne n’aurait jamais été utilisé à cette fin. Un Forensic Audit est en cours pour éclaircir ces dysfonctionnements, avec la possibilité de saisir la FCC.

Le ministre a également pointé l’investissement dans l’immeuble « The Core » à Ebène, coûtant Rs 876 millions et financé entièrement par endettement, avec un rendement insuffisant pour couvrir les intérêts. Des contrats de fournisseurs, expirés depuis 2020, ont été prolongés sans appel d’offres, à des tarifs supérieurs au marché, en violation des normes légales. Les arriérés de loyers s’élèvent à Rs 50 millions.

Un historique tumultueux

Le parc aquatique de Belle Mare, situé sur la côte est de Maurice et couvrant environ 30 arpents, a une histoire marquée par des ambitions touristiques et des échecs financiers récurrents. Construit en 2000 par SIT Leisure Ltd, une filiale privée du SIT créée en octobre 1999, il a ouvert ses portes le 4 décembre de la même année sous le nom de Belle Mare Water Park. Conçu avec une architecture thématique pirate, incluant une entrée en forme de fort et une structure d’épave, il visait à diversifier les revenus du SIT vers le secteur des loisirs.

Dès 2006, le SIT envisageait des extensions ambitieuses, comme un parc marin avec dauphins et villas à Belle-Mare, dans le cadre d’investissements touristiques évalués à Rs 9 milliards. Cependant, les difficultés financières ont rapidement émergé. En 2011, SIT Leisure, alors insolvable, cherchait des investisseurs pour maintenir le parc en activité, dépendant du soutien financier du SIT parent. Cette tentative peut être vue comme une première approche de cession ou de partenariat.

Le parc a fermé en 2013 en raison des dettes du SIT dépassant Rs 2 milliards, rendant son exploitation intenable. Des efforts de sauvetage ont suivi : entre 2018 et 2019, environ Rs 350 millions ont été injectées pour des rénovations et une modernisation, incluant Rs 100 millions sans plan de faisabilité et Rs 250 millions via un prêt de MauBank. Rebaptisé Splash N Fun Leisure Park, il a rouvert en octobre 2019, se positionnant comme le plus grand parc aquatique de la région océan Indien avec des attractions pour tous les âges. Une réouverture temporaire a eu lieu en janvier 2022 après une brève fermeture.

Malgré ces investissements, le parc a accumulé des pertes de Rs 2 millions par mois depuis 2015, et les travaux de rénovation n’ont pas été visibles sur site, selon le ministre Boolell. En mai 2025, il a été fermé définitivement pour des raisons de sécurité publique, en raison d’une mauvaise administration le rendant « un danger public ». Tous les employés ont été redéployés. Le gouvernement, par la voix du ministre, a indiqué ne pas vouloir s’ingérer dans les affaires du SIT, mais attend un plan de restructuration.

La vente potentielle du Splash N Fun Leisure Park s’inscrit dans une stratégie plus large pour stabiliser le SIT, dont les actifs sont fragilisés par une trésorerie négative et des surcoûts opérationnels. Si elle se concrétise, elle pourrait soulager partiellement les dettes, mais soulève des questions sur la préservation des intérêts des petits planteurs, qui détiennent 95 % du capital (le gouvernement en possédant 5 %). Le Forensic Audit en cours et l’enquête de la FCC pourraient révéler d’autres malversations, potentiellement menant à des poursuites.
 

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !