Le projet Metro Express, au cœur d’une vive controverse sur sa situation financière, fait l’objet de critiques de plus en plus acerbes de la part du gouvernement. L’Hôtel du gouvernement se demande comment faire pour opérer un service lourdement déficitaire. Différentes formules sont à l’étude pour extirper le Metro Express de sa situation précaire et pour en faire une entreprise viable.
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La mission est complexe, périlleuse et des décisions importantes devront être prises, confie l’Hôtel du gouvernement. Les nouvelles extensions du réseau du métro ont été mises en suspens. La priorité est de renverser la vapeur sur le plan financier.
Le 10 décembre, le Premier ministre, Navin Ramgoolam, a affirmé dans son discours sur l’état de l’économie que Metro Express Ltd (MEL) était « incapable » de rembourser son prêt de Rs 16 milliards. Celui-ci a été contracté dans le cadre de la ligne de crédit indienne. Cette déclaration avait commencé à alimenter des inquiétudes sur la viabilité du projet.
Dans le document « State of the Economy », le ministère des Finances a précisé que le prêt contracté par MEL s’élevait à 340 millions de dollars (environ Rs 16 milliards). Le paiement des intérêts sur ce prêt a commencé au cours de l’exercice financier 2022-2023. Jusqu’en juin 2024, le gouvernement a accordé un montant total de Rs 1,1 milliard à MEL, sous forme de prêt, pour le paiement des intérêts et pour couvrir une partie de ses dépenses opérationnelles.
Le remboursement annuel du capital du prêt, d’approximativement Rs 900 millions, commencera à partir de l’exercice financier 2026-2027. « Ainsi, un montant total d’environ Rs 1,2 milliard sera requis tous les ans pour le remboursement du capital et le paiement des intérêts sur le prêt. Des fonds supplémentaires seront également nécessaires pour couvrir les coûts opérationnels de MEL. Le document indique que l’entreprise ne pourra pas faire face aux coûts de remboursement de son prêt ainsi qu’à ses frais opérationnels ».
De plus, le communiqué du cabinet du 13 décembre a détaillé la situation critique de Metro Express, avec un endettement atteignant Rs 17,2 milliards au 30 juin 2024. La perte au change se monte à Rs 3 milliards due à la dépréciation de la roupie par rapport au dollar américain. Et il y a un déficit annuel de Rs 300 millions.
Le mardi 17 décembre, à l’Assemblée nationale, c’est Paul Bérenger, Premier ministre adjoint, a qualifié la situation de « catastrophique ». Selon lui, la société risquait un déficit moyen de Rs 2 milliards par an pour les dix prochaines années. Il a conclu qu’il faudrait augmenter les tarifs à Rs 213 pour que Metro Express atteigne l’équilibre financier.
Paul Bérenger a ajouté que « nous savons tous que les tramways ne durent pas éternellement. Dans un avenir proche, il faudra commencer à les remplacer. Il a été calculé que des coûts importants pour la rénovation des véhicules de transport léger sur rail seront engagés durant les exercices financiers 2026-2027 et suivants. »
Le ministère du Transport est en train de travailler sur différents scénarios afin de garder le système opérationnel, sans procéder à une majoration des tarifs.
Das Mootanah sort de sa réserve
Le jeudi 19 décembre, Das Mootanah, directeur général de Metro Express Ltd, de 2018 à juin 2024, a réagi aux critiques du gouvernement. Il a défendu le projet et a réfuté certains des éléments mis en avant par ses détracteurs. Selon lui, le projet, bien que confronté à des difficultés financières, restait un investissement stratégique pour le pays.
« Le Metro Express est un projet phare financé par la ligne de crédit indienne, un modèle unique de collaboration entre l’Inde et Maurice », a indiqué Das Mootanah. Il a ajouté que ce projet devait être perçu comme un investissement à long terme. « Tout le monde sait que les Rs 17 milliards représentent les dépenses en capital engagées pour construire l’infrastructure du métro et acquérir les véhicules légers. Il s’agit d’un investissement à long terme pour le pays et non simplement d’une dette à court terme. »
Das Mootanah a également répondu aux accusations concernant les pertes opérationnelles. Il a expliqué que la rentabilité immédiate ne pouvait pas être attendue d’un tel projet. Car il est pleinement opérationnel seulement depuis un an. « Le projet a été impacté par la crise de la covid-19 et par l’inflation, et il n’est pas réaliste d’attendre qu’un tel projet soit autonome dès ses premières années d’exploitation », a-t-il affirmé. « Aujourd’hui, le système atteint 80 % de son point d’équilibre après seulement un an de fonctionnement au maximum de sa capacité sur les 30 km. Ce n’est pas si mal pour une telle infrastructure. »
Car, il faut prendre en considération que les retraités et étudiants ne paient pas et que le gouvernement ne prend pas à sa charge la totalité de cette gratuité. Il ajoute que le gouvernement « est supposé réorganiser le réseau de bus autour du corridor du métro. Ce qui n’a pas encore été fait ».
Il a donné son avis sur les critiques sur la gestion des pertes de change, principalement dues aux contrats de maintenance payés en devises étrangères. Il a reconnu que ces pertes étaient regrettables, mais compréhensibles. « La plupart des contrats de maintenance sont négociés en devises étrangères avec des fournisseurs internationaux. Ce qui expose l’entreprise à ces risques de change. Cette situation échappe au contrôle de l’organisation », a-t-il expliqué.
Das Mootanah a également réfuté l’accusation de « projet éléphant blanc ». Pour lui, le métro est un service public qui bénéficie à plus de 40 000 passagers quotidiens. « Ce n’est pas un éléphant blanc. Le métro est utilisé par des milliers de Mauriciens tous les jours. C’est un service public, comme la santé ou l’éducation, qui vise à améliorer le transport et à stimuler la croissance économique », a-t-il insisté.
Il a mis en avant les avantages du projet en matière de développement urbain, citant le Victoria Urban Terminal et la station Phoenix Mall, qui ont facilité un développement orienté vers le transport et créé de nouvelles opportunités économiques.
Enfin, Das Mootanah a plaidé pour une vision à long terme pour le transport public à Maurice. « Le Metro Express est un projet national apprécié par la population. Il est crucial que le gouvernement actuel établisse une feuille de route pour l’avenir du transport public intégré. Et le métro doit être l’épine dorsale de ce système », a-t-il conclu.
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