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Transport gratuit aux étudiants: ce qui ne ‘roule’ pas dans le système

Le coût du transport gratuit est passé de Rs 465 millions en 2005 pour atteindre Rs 1,2 milliard en 2015.
Le gouvernement est déterminé à resserrer davantage les vis du système du transport gratuit. Le coût de Rs 2 milliards par an est considéré comme exorbitant. Une étude sera lancée en mars pour revoir le système. L’opacité, le coût du système actuel du transport gratuit et l’absence d’obligation de rendre des comptes ont poussé Nando Bodha, ministre des Infrastructures publiques et du Transport, à réclamer une enquête. Sept des quatorze soumissionnaires ont été présélectionnés à la suite d’un appel de manifestations d’intérêt, lancé le 2 octobre 2015. Financée à hauteur de 150 000 euros par l’Agence française de développement, l’étude débutera fin mars et s’achèvera dans six mois. Il y a, au moins, quatre raisons pour justifier la remise en question du coût du transport gratuit aux étudiants.

Nombre d’étudiants en baisse, coût en hausse

La population estudiantine à Maurice est en baisse, selon le Digest of Education de Statistics Mauritius. Or, le coût du transport gratuit est en hausse. En effet, au cours de ces cinq dernières années, le nombre d’étudiants est passé de 318 000 (2011) à 309 000 (2015), soit 9 000 de moins. Parallèlement, le coût du transport gratuit est passé de Rs 465 millions en 2005 pour atteindre Rs 1,2 milliard en 2015, soit presque le triple de ce que l’État dépensait il y a dix ans. Sans compter les subsides de Rs 800 000 pour le carburant.

50 % des étudiants voyagent par bus

« Cette disparité qui est illogique est un signe que la formule du paiement aux compagnies d’autobus ne tient plus la route. Elle demande à être revue », explique un haut cadre du ministère des Infrastructures publiques et du Transport. De plus, il ressort que seulement la moitié des 309 000 étudiants utilisent les transports en commun pour se rendre à l’école et/ou pour rentrer à la maison, soit 153 000 pour être précis. La National Transport Authority (NTA) sollicite quotidiennement 1 125 bus qui sont dédiés uniquement au transport scolaire, 475 le matin et 650 l’après-midi. Comptant une moyenne de 70 élèves par autobus, ils sont environ 79 000 à voyager uniquement dans les « dedicated buses ». À cela viennent s’ajouter ceux qui utilisent le transport en commun dit « normal », qui sont à peu près 75 000. Les 155 000 restants font, quant à eux, le trajet à pied, en voiture/motocyclette ou font appel aux services d’un van scolaire. Du côté des opérateurs individuels, on maintient que l’actuelle formule de paiement n’est pas en leur faveur, mais au détriment de l’État. « Avec le système actuel, nous transportons gratuitement les étudiants non seulement vers et de l’école, mais aussi pour aller aux leçons particulières. Si on change ce système, les parents vont devoir payer pour les trajets des leçons particulières », explique un opérateur privé.

Soupçon d’abus des opérateurs

La NTA est en possession d’une lettre où l’auteur allègue que certains operateurs d’autobus feraient de « fausses réclamations ». Certains mentiraient sur le « monthly return » envoyé chaque mois à la NTA pour obtenir l’aide financière que l’État leur offre. Dans certains cas, ils feraient des réclamations même pour les jours où leurs autobus étaient au garage. Dans d’autres cas, ils opéreraient moins d’autobus sur les lignes desservies. Ils bénéficieraient, selon cette lettre de dénonciation, de la complicité de certains chefs de gare. La NTA a initié une enquête.

Absence d’obligation de rendre des comptes

L’État dépense Rs 2 M à Rs 3 M par jour pour le transport scolaire. Le ministre Nando Bodha avait indiqué qu’il n’y avait aucun contrat entre les compagnies autobus qui offrent ce service au gouvernement et la NTA qui est l’agent payeur. « Il y a eu un Memorandum of Understanding qui a été signé, mais il n’y a pas de ‘contractual agreement’ entre le ‘service provider’ et la NTA. Puisqu’il n’y a pas de contrat, il n’y a aucune obligation et il n’y a pas d’accountability », avait déclaré le ministre des Infrastructures publiques et du Transport.  
   

Des options à l’étude

Du côté du gouvernement, plusieurs alternatives au mode de paiement actuel sont envisagées. Ce sera toutefois à la firme qui décrochera le contrat concernant l’étude sur le transport public de définir le meilleur mode de paiement. Déjà, les possibilités suivantes ne sont pas écartées : « Tap to Pay » ou le paiement sans contact. Il s’agit de l’utilisation de cartes à puce pour effectuer des paiements sécurisés. Une puce intégrée permettra aux étudiants de payer avec leur carte (sans contact) sur un lecteur dont disposera le receveur. L’État remboursera alors l’opérateur de l’autobus pour le nombre exact d’étudiants transportés. L’argent aux parents. C’est une des propositions faites par la Federation of Civil Service and Other Unions (FCSOU) dans sa mémoire au ministre des Finances l’année dernière. La FCSOU suggère que, dans le cadre du transport gratuit, l’argent soit versé directement aux parents. Une méthode beaucoup plus « transparente et balancée », selon la FCSOU qui évitera que l’allocation de transport des étudiants ne soit directement versée aux compagnies d’autobus.  
   

Nine-Year Schooling: vers la régionalisation

Avec l’introduction de la Nine-Year Schooling, les élèves seront appelés à voyager moins, car celle-ci favorise la régionalisation. Cela aura alors un impact  sur la mobilité de ces derniers. En fait, une fois le grade 6 terminé, les élèves seront encouragés à intégrer un des établissements scolaires se trouvant dans leur zone (le pays étant divisé en quatre zones). Il sera alors question de « cluster schools » dans les quatre zones éducationnelles du pays.
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