Interview

Traitement des travailleurs migrants : DISMOI Maurice fustige l’État mauricien

Me Erickson Mooneeapillay

La manière de faire des autorités (policières) par rapport au traitement des travailleurs migrants clandestins a choqué plus d’un citoyen mauricien. Me Erickson Mooneeapillay, directeur de DISMOI Maurice revient sur ce triste épisode.

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Qu’a voulu démontrer  l’État mauricien lors de ce  grand tam-tam médiatisé ? 
Rien d’autre qu’un feuilleton de mauvais goût qui a trop duré! Le metteur en scène a voulu faire comme d’autres pays, tout en négligeant les aspects humanitaires et légaux. Avant de diffuser les clips dans les pays industrialisés, on demande l’autorisation du sujet. On a pris pour ‘face value’ ce qu’on voit à la télévision et la reproduction laisse un goût amer. Les droits à la vie privée et à l’image ont été bafoués.

Mais ce n’est pas tout. De par cette dernière vidéo, DISMOI a noté plusieurs non-respects des droits fondamentaux, comme la communication des droits fondamentaux quand une personne est arrêtée, entre autres. On se demande aussi ce qui se passe derrière les caméras.

Il y a certainement aussi un manque de formation des fonctionnaires de police qui bafouent les normes de sécurité. C’est un manque de coordination. C’est de l’amateurisme flagrant ! C’est une honte.

Nous avons l’impression que les Mauriciens sont complètement indifférents au sort des travailleurs migrants. Comment expliquez-vous cette passivité ?
Pas du tout ! Il suffit de voir les commentaires sur les réseaux sociaux. Les Mauriciens sont empreints d’un sens de justice et de solidarité. Ils ont été nombreux à condamner la façon de faire des autorités. Nous, Mauriciens, sommes très conscients que nous sommes tous descendants d’immigrés. C’est un fait!

La plupart des travailleurs étrangers sont présents sur notre territoire, parce qu’ils ont été emmenés par des compagnies privées qui ont pris en charge leur visa, leur transport, etc. Ce sont à ceux-là qu’il faudrait réclamer des explications avant tout.

Les travailleurs clandestins sont très souvent livrés à eux-mêmes, victimes de recruteurs et loin de leur patrie et de leur famille, ils sont vulnérables.

Que compte faire DISMOI pour sensibiliser nos autorités aux conditions de vie de ces travailleurs ?
Il est important de mettre en place un protocole de rapatriement. Ce sont les recruteurs qui devraient en assumer les frais. Et puis, il doit y avoir un centre de détention approprié pour les clandestins. On a beau dire qu’ils ne sont pas des criminels, mais on les enferme quant même à la prison de Beau-Bassin!

Et puis les ONG et les avocats devraient avoir accès à ces personnes.  Les autorités doivent se ressaisir au plus vite et agir dans le respect de la loi.

DISMOI milite pour la signature de la Convention sur les travailleurs migrants et leurs familles ? Qu’y a-t-il dans cette Convention qui fait tellement peur à l’État mauricien ?
Une des provisions phares de la convention est le principe de non-refoulement. Par exemple, si une personne entre sur le territoire mauricien et recherche asile, l’État n’a pas le droit de le déporter.

Il est vrai que Maurice, qui dispose de ressources limitées, ne peut aspirer à ouvrir ses frontières aux personnes qui veulent vivre en dépendant de notre système social.

Cela dit, les droits humains n’ont pas de frontières. Nous avons l’obligation de respecter les normes de notre propre société en sus de nos obligations internationales.

Cependant, le problème des travailleurs migrants n’a rien à voir avec l’asile politique sous la convention de Genève. On parle ici de travailleurs dont le visa de séjour a expiré et il faut les traiter correctement.

L’île Maurice est un État de droit. Toute personne qui se retrouve sur son territoire se retrouve sujette à ses lois, mais aussi à la protection qu’offrent ses lois.

On parle ici de nos propres lois, de nos propres valeurs, de notre Constitution. De notre réputation en tant qu’étoile et clé de l’océan Indien. De notre fierté d’enfants d’immigrés. On parle ici de la façon dont on traite ceux qui sont loin de chez eux et qui n’ont pas ce que nous avons.

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