Les hôteliers souhaitent des mesures courageuses, notamment l’introduction de nouvelles lois du travail, afin d’assurer la pérennité de l’industrie. Ils insistent que le tourisme court à sa perte si la Workers Rights Act reste dans sa forme actuelle. Or, Soodesh Callichurn, le ministre du Travail, y est opposé.
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Tributaire du marché international, le secteur touristique subit un nouveau coup dur avec le reconfinement dans plusieurs pays d’Europe. Les opérateurs locaux, notamment les membres de l’Association des hôteliers et des restaurateurs (Ahrim), ne cachent pas leurs craintes. Conscient du fait qu’il n’y a pas de solution miracle pour le secteur, Jean-Michel Pitot, président de l’Ahrim, invite au courage de « réfléchir, ensemble, à de nouvelles lois du travail qui permettront la pérennisation de notre industrie ».
S’adressant au Premier ministre adjoint, Steven Obeegadoo (lors de la 47e Assemblée Générale de l’Ahrim la semaine dernière), Jean-Michel Pitot explique que « si le Workers Rights Act est appliquée, dans sa forme actuelle et dans toute sa rigueur, cette industrie sera condamnée ni plus ni moins ». De ce fait, il demande à ce que le gouvernement libère les contraintes qui peuvent empêcher les entreprises d’être agiles, de se muscler et de se transformer. « Cela relève de l’urgence économique », fait-il ressortir.
Interrogé sur une éventuelle révision de la loi du travail, Soodesh Callichurn ministre du Travail, est catégorique : « il est hors de question ». Selon lui, le gouvernement a fait pas mal d’efforts pour faire de cette loi ce qu’elle est aujourd’hui. La Workers Rights Act est venue « contrecarrer les abus qu’il y avait dans le passé ». « Il faut protéger les travailleurs dans la conjoncture actuelle. L’État aide déjà les hôteliers à travers le Wage Assistance Scheme ou les prêts », soutient-il.
Soodesh Callichurn souligne que l’Ahrim et Business Mauritius étaient contre la loi du travail au moment où l’industrie touristique fonctionnait à plein régime et que des profits étaient enregistrés. « La Covid-19 ne peut être utilisée comme prétexte pour revoir la loi. Nous avons fait assez de concessions. Il ne faut pas que les travailleurs payent les pots cassés. Les hôteliers auraient dû faire beaucoup plus pour leurs employés quand ils faisaient des profits s’ils avaient de la considération pour eux », insiste le ministre du Travail.
Avis partagé
Le président de le State Employees’ Federation, Radhakrishna Sadien, partage le même avis. « Le tourisme est un pilier de l’économie locale. C’est pour cela que le secteur a bénéficié de facilités et de concessions. Des financements à hauteur de Rs 500 millions ont été déboursés sur une fréquence mensuelle. Il doit y avoir des réserves dans les hôtels », argue-t-il.
Pour le syndicaliste, la demande de révision de la loi du travail ne tient pas la route. À titre d’exemple, nombreux sont les Mauriciens qui fréquentent les hôtels en ce moment. Plusieurs hôtels font également office de centres de quarantaine, bénéficiant subséquemment de revenus. Radhakrishna Sadien avance que les employés des hôtels touchent le minimum d’argent, alors que les hauts cadres profitent de gros salaires. « Ce sont les employés qui sont les frontliners. Qu’ont-ils perçu à part le salaire minimum ? » conclut le président de la State Employees’ Federation.
Fabrice Larétif
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