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Situation des personnes âgées : la Law Reform Commission recommande de nouvelles mesures

Dans son dernier rapport, la Law Reform Commission se penche sur la situation des retraités à Maurice. Elle met en lumière le besoin de prendre des mesures pour défendre les droits et les intérêts des personnes âgées.

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La Law Reform Commission (LRC) recommande de nouvelles mesures :

• Une nouvelle définition de la maltraitance
• La création de centres de refuge pour les seniors en situation de maltraitance
• Des dispositions pénales pour l’abandon des personnes âgées
• Plus de sanctions pour les personnes qui maltraitent des personnes âgées.

La population mauricienne vieillit rapidement. Ce qui soulève la nécessité de traiter les droits et les intérêts des personnes âgées. Les changements démographiques ont des répercussions considérables sur la structure socio-économique du pays. Comme dans de nombreuses autres sociétés, les personnes âgées à Maurice font souvent face à des stigmates liés à l’âge. Et des discriminations compromettent leurs droits et leurs intérêts.

Il devient impératif d’adopter des mesures législatives et sociales pour garantir la protection et le respect des droits des personnes âgées. C’est à cause de la transition démographique en cours. La reconnaissance de cette réalité émergente devrait guider les réformes assurant une société équitable et inclusive pour toutes les générations.

Par conséquent, l’objectif de la LRC est de fournir une compréhension des complexités concernant la protection des droits et des intérêts des personnes âgées. La commission souligne l’importance d’une approche holistique, inclusive et culturellement sensible à la dignité et à l’autonomie des personnes âgées. Elle veut favoriser un environnement dans lequel elles peuvent s’épanouir et contribuer au tissu social du pays.

Selon l’Organisation mondiale de la santé, une personne sur six âgée de 60 ans ou plus a vécu une forme d’abus, au cours de la dernière année. Cette estimation découle de 52 études menées dans 28 pays. Ce qui montre que la maltraitance des personnes âgées est un phénomène mondial. Et elle est susceptible d’augmenter au fur et à mesure que d’autres pays font face au vieillissement de leur population.

Les auteurs d’abus envers les personnes âgées sont généralement des membres de la famille, des amis et des connaissances. Ils peuvent avoir une relation émotionnelle ou financière avec elles. Mais des étrangers peuvent également s’attaquer aux personnes âgées, de même que des organisations commerciales qui trompent des clients âgés. Dans de nombreux cas, les personnes qui ont le « devoir de s’occuper » de personnes âgées les maltraitent ou les négligent.

Cadre légal

À Maurice, la loi sur la protection des personnes âgées a été promulguée en 2005. C’est un cadre légal et administratif qui vient en aide aux personnes âgées. Cette loi reconnaît les vulnérabilités des personnes âgées. Lors de la lecture du projet de loi en 2005, le ministre alors en charge des Affaires sociales, de la Solidarité nationale et du Bien-être des personnes âgées a présenté les principaux objectifs de la loi. 

La loi définit que les personnes âgées sont celles âgées de 60 ans et plus. Elles ont droit à la dignité, au respect et à la protection contre la maltraitance, la négligence et la discrimination. Elle interdit explicitement l’abus, la négligence et les mauvais traitements.Le ministère de l’Intégration sociale, de la Sécurité sociale et de la Solidarité nationale a mis en place une unité médicale pour prendre en charge la santé des personnes âgées. Cette unité médicale compte 332 médecins, 60 infirmiers, neuf physiothérapeutes et sept ergothérapeutes, a pour mission d’assurer que toutes les personnes âgées sont en bonne santé, jouissent d’une qualité de vie optimale et sont indépendantes. 

Sa mission est de fournir aux personnes âgées des services médicaux et paramédicaux, des services préventifs, promotionnels, curatifs et de réadaptation. Elles sont éduquées en matière de santé. Parmi les services fournis : des visites dans les infirmeries, des visites à domicile aux personnes âgées de plus de 90 ans et aux personnes alitées. D’autres services pour assurer le bien-être des personnes âgées sont aussi offerts.

Initiatives et stratégies législatives à Maurice

La commission de réforme juridique a analysé les lois d’autres juridictions, notamment celles du Japon, de l’Inde, de la Corée du Sud, de l’Afrique du Sud et de la France. Et elle a élaboré des initiatives et des stratégies législatives qui pourraient être mises en œuvre à Maurice.

Définition de la maltraitance

La commission a remarqué que le terme « maltraitance » a été défini de manière vague dans la loi de 2005 sur la protection des personnes âgées. Est-ce que la loi doit être modifiée pour inclure une définition plus large de la maltraitance ? Elle pourrait englober les violences sexuelles, la négligence, la privation de ses biens et de ses besoins essentiels. La maltraitance numérique devrait aussi être prise en considération.

Ainsi, l’article 11 (1) de la loi sur la protection des personnes âgées pourrait être modifié pour inclure quatre sous-sections supplémentaires. Elles se liraient comme suit : « Toute personne qui soumet délibérément une personne âgée à de mauvais traitements, que ce soit physiquement, verbalement ou par des moyens numériques ; toute personne qui soumet une personne âgée à un harcèlement mental ou émotionnel prolongé ; toute personne qui cause intentionnellement une perte pécuniaire ou un préjudice matériel à une personne âgée ; toute personne qui prive délibérément une personne âgée de nourriture, d’abri, de vêtements, de soins médicaux ou la laisse sans surveillance pendant de longues périodes. »

Refuge pour les personnes âgées

En vue de prévenir la maltraitance des personnes âgées, un refuge pour accueillir les personnes âgées qui sont maltraitées. Il serait géré par le gouvernement, à l’instar de ce qui se fait en Corée du Sud. À Maurice, une loi régit les foyers de soins résidentiels. Elle exerce une supervision et un contrôle sur ces foyers. Elle assure la conformité des permis. Elle établit des codes de pratiques et veille à la conformité de ces codes.

Abandon des personnes âgées

De plus, certaines personnes qui s’occupent d’une personne âgée les négligent ou les abandonnent. Et la commission de réforme juridique estime que l’abandon d’une personne âgée doit être abordé dans la Protection of Elderly Persons Act.

Sanctions pour la maltraitance

Les sanctions pour la maltraitance des personnes âgées devraient être plus sévères. Elles pourraient inclure des amendes plus élevées et des peines de prison plus longues. La loi sud-africaine pour les personnes âgées prévoit des peines pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison, par exemple. Ainsi, la loi pourrait être, afin que toute personne coupable d’une infraction soit passible d’une amende n’excédant pas Rs 100 000 et d’une peine d’emprisonnement n’excédant pas cinq ans. De plus, les agents de police qui s’occupent des personnes âgées devraient être dévoués et spécialement formés. 
Cependant, il devrait y avoir une première étape de vérification et de conciliation avant que la procédure pénale ne soit envisagée dans les cas de maltraitance envers les personnes âgées. Il peut y avoir des cas où les personnes âgées sont responsables de la maltraitance ou sont en rupture avec leur famille.

Installations pour les personnes âgées

En raison de la croissance constante de la population vieillissante, la demande de résidences et de services de soins pour les personnes âgées augmentera. Le gouvernement a adopté l’approche de l’Organisation mondiale de la santé : l’Integrated Care of Older People (ICOPE). C’est pour promouvoir un partenariat entre les secteurs public et privé, afin de proposer des soins pour les personnes âgées. Pour atteindre les objectifs de l’ICOPE, le gouvernement de Maurice a créé des services de gériatrie dans les hôpitaux. Ils fournissent des soins spécialisés, un soutien et des services aux personnes âgées.

Le gouvernement encourage les cliniques privées et les organisations impliquées dans les soins de santé à mettre en place un département gériatrique pour les personnes âgées. Il peut exiger dans l’infrastructure et dans la conception des services, afin de mieux répondre aux besoins de la population vieillissante.


Dr Hélène Petit-Bhoyroo : « 2% de la population âgée souffre de rhumatisme »

Il existe divers types d’arthrites qui affectent les personnes âgées. Le Dr Hélène Petit-Bhoyroo, rhumatologue chez C-Care Darné fait le point.

1.Quels sont les types d'arthrite qui affectent généralement les personnes âgées, et en quoi diffèrent-ils en termes de symptômes et de traitements ?

Les patients âgés sont en général le plus souvent affectés par des manifestations arthrosiques mais il existe dans environ 2% de la population âgée des rhumatismes inflammatoires débutant tels que la polyarthrite rhumatoïde qui a les caractéristiques classiques des patients plus jeunes. Parmi les autres types d’arthrite nous retrouvons : 
- la pseudopolyarthrite rhizomélique qui intéressent les ceintures scapulaires (épaules) et pelviennes (bassin). 
- les rhumatismes inflammatoires oedémateux tel que le RS3PE (remittive symmetrical seronegative synovitis with pitting edema, c’est une maladie qui provoque généralement une synovite symétrique et un gonflement des extrémités supérieures et inférieures.) qui est un rhumatisme particulier séronégatif qui se caractérise par un gonflement des extrémités des mains et des pieds
- les rhumatismes microcristallins (goutte ou chondrocalcinose), infectieux, paranéoplasiques.

2. Quelles mesures médicales et/ou interventions peuvent réduire efficacement la douleur articulaire et améliorer la mobilité des personnes âgées souffrant d'arthrite ?

Le souci chez un patient âgé, c'est justement son âge ce qui nécessite un dosage particulier des médicaments adapté à ses comorbidités, à tout l'arsenal thérapeutique déjà en cours, à sa fonction rénale et hépatique et à ses antécédents digestifs.
Le traitement médical repose sur les antalgiques simples, tels que le paracétamol, les corticoïdes souvent en forme orale ou injectée, les anti-inflammatoires avec prudence et les traitements de fond adaptés à chaque type de rhumatisme.
Le traitement parallèle repose sur des séances de physiothérapie, d’ergothérapie, de soutien psychologique ou encore l’acupuncture.

3.    Existe-t-il des traitements alternatifs susceptibles d'aider à gérer la douleur arthritique, et quels sont leurs risques potentiels ?

Les traitements alternatifs homéopathiques par exemple réclamés par de plus en plus de patients peuvent parfois retarder la prise en charge efficace de ces rhumatismes inflammatoires et entraîner des séquelles articulaires irréversibles.

4. Comment le vieillissement affecte-t-il la capacité de l'organisme à faire face à l'arthrite et quelles mesures proactives peuvent être prises pour gérer ses effets sur la santé des articulations ?

Le problème du traitement de la polyarthrite d’un patient âgé est une fois de plus son âge et souvent des comorbidités dont souffre ce dernier. Il faut arriver à mettre en place le traitement le moins agressif possible à discuter au cas par cas.

5. Quels sont les indicateurs que la douleur arthritique peut suggérer une atteinte articulaire sévère, et quand faut-il envisager un traitement plus agressif ou une intervention chirurgicale ?

Les indicateurs d'une arthrite sévère sont un changement de l’état général du patient, la perte de poids, la douleur, la rougeur, le gonflement articulaire, l'apparition d’une déformation articulaire, d’un enraidissement, d'une perte de la mobilité ou d’une grabatisation progressive, ce qui implique que le patient ne peut plus quitter le lit.
Le traitement doit être alors optimisé avec parfois des injections intra articulaires de corticoïdes ou même d’une prise en charge chirurgicale avec la mise en place d’une prothèse si les traitements médicaux classiques sont inefficaces.

6. Existe-t-il des changements spécifiques de mode de vie ou de régime alimentaire qui peuvent aider à soulager les symptômes de l'arthrite et à ralentir sa progression ?

La qualité de vie et l’alimentation jouent un rôle primordial et j’en parle systématiquement à chacune de mes consultations.
L’alimentation tient une grande part dans cette maladie et une alimentation saine doit être discutée en privilégiant la consommation de poissons, de légumes, de fruits et en évitant la consommation de produits transformés ou ultra transformés tels que les pâtisseries et les fritures, entre autres.
Le côté psychologique est aussi important. La stabilité de l'environnement familial et professionnel sont importants. Nous conseillons aussi une prise en charge psychologique dans certains cas.
Pour finir, la pratique d'une activité sportive régulière comme je l'indique souvent, fait notamment partie intégrante du traitement. Il faut encourager le patient à « sortir de son lit », à bouger ses articulations en marchant, nageant, en faisant du vélo ou encore en pratiquant du tai chi, etc.

7. Les techniques de gestion du stress telles que la méditation ou les exercices de relaxation peuvent-elles contribuer à réduire la douleur arthritique et à améliorer le bien-être général des personnes âgées ? Comment ces techniques peuvent-elles être intégrées dans les plans de traitement ?\

Je suis absolument convaincue de la place de l'émotionnel dans ces maladies. Ainsi, je propose souvent en parallèle une prise en charge psychologique en insistant sur la pratique régulière de la méditation ou d’apprentissage de techniques de relaxation.

 

 

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