Piou-Piou : le coeur de la maison

Entre tendresse et humour, Robert Philippe Daniel et son épouse Suzy vivent une retraite paisible dans le nord de l’île. Leur quotidien est illuminé par un drôle de colocataire : une petite poule pas comme les autres.

Derrière le portail discret de leur maison à Grand-Baie, la vie coule tranquille. Robert Philippe Daniel, 74 ans, et Suzy, 68 ans, savourent une retraite méritée après des décennies passées en France. « Nous sommes rentrés il y a dix ans, pour profiter du soleil, de la mer et d’une vie tranquille », raconte Robert. Mariés depuis 51 ans, ils ont bâti une vie solide, entourés de deux enfants – un fils installé en France et une fille en Floride –, et de petits-enfants.

Le couple se souvient avec émotion des années à Paris, où Robert travaillait comme chef de chantier et Suzy comme auxiliaire puéricultrice. « On a beaucoup travaillé, mais on savait pourquoi : construire une famille, donner le meilleur à nos enfants », souligne Suzy, le sourire aux lèvres. Aujourd’hui, cette vie rythmée laisse place à une quiétude bien méritée, ponctuée par les rayons du soleil, le chant des oiseaux du jardin et la mer, grande passion de Robert.

Mais c’est une rencontre improbable qui anime désormais leurs journées : Piou-Piou, une poule minuscule née dans leur jardin. « Elle était toute petite, fragile, différente des autres », se souvient Robert. Plutôt que de la laisser dépérir, il décide de l’adopter. « Je l’ai prise et mise dans un carton, à la maison. C’est comme ça que Piou-Piou est entrée dans notre vie. »
Depuis, la petite poule est devenue la protégée du couple. Pas de poulailler pour elle : Piou-Piou vit dans la maison, partageant le salon, la cuisine et parfois même la chambre. Elle a ses habitudes, ses caprices… et ses goûts bien à elle. 

Télé, vernis et salades

Devant la télévision, blottie dans les bras de Robert, elle reste sage comme une image. Elle écoute la musique, bouge doucement comme pour marquer le rythme, picore des salades à table, et parfois, suit du regard chaque geste de son maître. 

Nous lui posons la question : mange-t-il toujours du poulet ? « Bien sûr », admet Robert en riant, « mais jamais ceux que j’élève. Piou-Piou le sait bien… quand je prends mon assiette, elle me regarde, comme pour vérifier ! »

Chaque matin, Piou-Piou accompagne le couple dans sa routine. Robert lui apporte son bol de graines préférées, tandis que Suzy lui parle doucement, comme à un enfant. Et l’attention que lui porte Robert surprend toujours. Comme un enfant qu’on chouchoute, Piou-Piou a même droit… au vernis à ongles ! « Je lui peins même les ongles avec du vernis », glisse-t-il, mi-sérieux, mi-amusé.

Dans le quartier, plus personne n’est surpris de voir Robert se promener avec sa poule dans les bras ou Piou-Piou perchée sur son épaule. « On a l’habitude maintenant », dit-il. Suzy, amusée, ajoute : « C’est vrai qu’au début, c’était drôle de voir une poule sur le sofa, mais aujourd’hui, c’est naturel. Elle fait partie de nous. » Leur fils et leur fille, eux, ne manquent pas de taquinerie. « Ils nous disent que nous avons trouvé une troisième enfant », sourit Robert. 

À travers Piou-Piou, le couple a trouvé une nouvelle source de bonheur et de sérénité. Le jardin, avec ses fleurs et ses herbes aromatiques, est devenu un terrain de jeux pour la petite poule, qui explore chaque recoin avec énergie et intelligence. « Les animaux nous apportent une paix que parfois les humains ne savent pas donner », confie Robert, le regard posé sur sa petite protégée.

Dans leur maison du nord, Piou-Piou n’est plus juste une poule. Elle fait partie de la famille. Entre un vernis à ongles, une salade partagée ou une sieste sur le canapé, elle a trouvé sa place au milieu des rires et des habitudes du couple. Pour Robert et Suzy, elle est surtout une présence qui amuse, surprend… et rend leur quotidien un peu plus joyeux.