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Sithanen : «Il faut que les partis politiques se mettent  autour de la même table et parviennent à trouver une solution» 

Cela fait plusieurs décennies que des Premier ministres insistent sur la nécessité d’une réforme électorale sans succès. Quelle est la réelle difficulté selon vous ?

Il y a trois problèmes avec la réforme électorale. Le premier n’est pas difficile, le deuxième et le troisième sont compliqués, car ils sont liés.  Ce qui est facile à réaliser est la représentativité féminine. C’est simple car, la solution a déjà été trouvée pour les élections municipales. Les femmes sont très largement sous-représentées au Parlement et au Conseil des ministres. C’est un grand embarras et parfois même une honte pour notre pays au niveau international et de la SADC. Il faut immédiatement au moins une femme par circonscription et ce n’est pas la mer à boire. Et, après 3 ou 4 élections, il faudra avoir la parité avec 50 % de femmes. L’impact sera positif pour notre démocratie et son efficacité.

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Le second problème est l’obligation de la déclaration de l’appartenance ethnique des candidats et le BLS (Best Loser System). Le troisième est la réduction de très grands écarts entre le pourcentage des voix et le pourcentage des sièges pour que le Parlement reflète aussi le choix des électeurs en termes des voix.  La Commission des droits humains des Nations Unies a donné raison à Rezistans ek Altenativ depuis 2012 sur la question de déclaration d’appartenance ethnique et aucun gouvernement n’a été en mesure de répondre aux propositions des Nations Unies, sauf l’amendement temporaire de 2014. Cette Commission a proposé deux solutions. Une de ces deux solutions est de faire un nouveau recensement basé sur l’appartenance communautaire pour actualiser celui de 1972 et l’autre est une réforme électorale sans référence ethnique. À part le PMSD, aucun parti ne veut d’un recensement ethnique. Le PTR, Le MMM, et le MSM sont profondément contre. Il faut donc une réforme électorale pour satisfaire les recommandations du Privy Council, de notre Cour suprême et des Nations Unies.

Comment donc procéder pour y arriver ?

Il faut une dose de proportionnelle pour ‘subsume’ l’objectif du Best Loser System (BLS) et réduire l’écart entre voix et sièges. Il n’y aura aucune obligation de déclaration ethnique.  Chacun propose ce qui lui semble avantageux pour son parti. Donc, pas de consensus. Trois obstacles. D’abord, certaines propositions augmentent l’écart entre voix et sièges, ce qui est contraire à l’objectif de la réforme. Ensuite, le nombre de sièges à la proportionnelle, sa méthode de distribution et le seuil d’éligibilité font débat. Enfin, certains pensent que la dose de PR ne donne pas la même garantie constitutionnelle que le BLS. Et, ils veulent choisir des députés après les élections ‘ by looking at their face’ comme le faisait le Gouverneur à l’époque.      

Le Premier ministre a-t-il raison de dire qu’une réforme électorale doit privilégier la stabilité politique ?

Il a raison, mais pas dans tous les cas de figure.  Certes, il faut une stabilité pour diriger et développer le pays et ne pas être pris en otage avec une très petite majorité parlementaire. La grande question est de savoir s’il faut une coalition avant ou après les élections. En Allemagne, les partis politiques se battent avant les élections, mais ils finissent tous par se mettre à table après et construisent une coalition stable. À Maurice, le système First Past the Post encourage les coalitions avant les élections afin de ne pas diviser les votes.  

J’ai déjà proposé des solutions au problème soulève par le PM. Quand l’écart entre voix et sièges est très grand comme les 60-0, 57-3 or 54-6, il faut réduire cet écart avec des sièges PR pour arriver à un maximum de 25 % des sièges pour le second parti s’il a récolté au moins 25 % des voix.

Si l’écart risque d’être petit après la répartition des sièges PR comme cela aurait été le cas en 1987, il faut faire attention à ne pas renverser la majorité du FPTP ou le réduire trop pour menacer la stabilité politique. Dans ces cas, il faut soit laisser l’écart tel quel ou le réduire à un minimum de sièges pour que le gagnant puisse diriger le pays avec stabilité. Ce minimum pourrait être autour de 10 % des sièges au Parlement. Une solution à la carte au lieu d’un ‘set menu’ prédétermine. Et, aussi avoir un seuil d’éligibilité de 10 % pour les sièges PR afin de ne pas fragmenter le système électoral. 

La dernière fois que le MSM a proposé un projet de loi sur la réforme électorale. Cela s’est soldé en un échec. Certains observateurs sont d’avis que les propositions sur une réforme électorale doivent émaner d’un comité indépendant. Qu’en pensez-vous ?

Il y a déjà eu trop de comités qui ont été institués et qui ont fait plusieurs recommandations sur cette question. On connait tous les ingrédients pour produire le menu. Il faut tour simplement choisir les bons ingrédients pour cuire un bon plat. 

Il faut de la bonne volonté, de la détermination, un peu de courage, du bon sens et surtout une grande responsabilité pour que nos citoyens cessent d’être compartimentés en quatre ethnies après 55 ans de notre indépendance. Les partis politiques doivent se mettent autour de la même table pour trouver un compromis. C’est compliqué, mais on peut le faire avec des concessions de part et d’autre.

 

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