Shakeel Mohamed estime que Yogida Sawnynaden ne peut pas dire qu’il a été blanchi. Selon lui, l’ancien ministre du Commerce ne sort pas de l’affaire « Constituency Clerk » avec une virginité politique. Par ailleurs, le leader de l’opposition, se dit « très pressé » de céder ce poste à Arvin Boolell. Il soutient que ce dernier a les qualités pour faire tout aussi bien à l’Assemblée nationale et met en avant le « fort esprit d’équipe » qui existe parmi les parlementaires du Parti travailliste. « De plus, il est diplomatique, ce que je ne suis pas », souligne l’élu rouge.
Shakeel Mohamed, êtes-vous prêt à passer le flambeau de leader de l’opposition à Arvin Boolell ?
Oui. D’ailleurs, je suis très pressé de le faire. D'abord, Arvin Boolell s'est remis de son intervention et puisqu'il est rétabli, j'aimerais bien qu'il prenne la position. Le poste de leader de l’opposition lui revenait après la démission de Xavier-Luc Duval. C’est aussi simple que cela. Du reste, je tiens à souligner que la position de leader de l’opposition n’appartient à personne. En faisant cela, je démontre que je ne suis pas attaché à des positions. C’est ma contribution à l’avancement de la démocratie du pays qui compte le plus à mes yeux.
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Votre bilan de votre passage comme leader de l"opposition ?
Pour vous dire franchement, je sais que le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a une peur bleue chaque mardi. Vous savez pourquoi ? Il craint qu’une de mes questions lui soit adressée. Je sais, par ailleurs, que certains ministres ont peur. D’ailleurs, ils me demandent à l'avance si j’ai une question pour eux afin d’avoir plus de temps pour se préparer. Avec ce passage de témoin, c’est que le Premier ministre qui sera soulagé, car je ne serai plus leader de l’opposition. Il dormira sur ses deux oreilles.
Et pourtant, certains disent que vous paraissez plus dynamique qu’Arvin Boolell…
Vous savez, chacun a son style. Arvin Boolell a des qualités, tout comme moi. Il excelle dans certains domaines et moi dans d’autres. Il est diplomatique sur certains sujets, ce que je ne suis pas. On peut dire que nous nous complétons. Les parlementaires du Parti travailliste (Ptr) ont un fort esprit d’équipe.
Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, se dit « prêt » pour affronter le prochain « ténor » qui sera leader de l’opposition…
Écoutez, c’est facile pour un enfant, dans une aire de jeu, de se cacher derrière son grand frère et de dire qu’il est le plus fort. Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, se cache derrière le Speaker de l’Assemblée nationale et il a tendance à dire qu’il est le plus fort. En fait, il vit dans un monde parallèle où il croit que c’est normal qu’il y ait un chien de garde devant lui, et où il estime que c’est tout à fait normal de ne pas donner de réponses à l’Assemblée nationale. Comme je vous l'ai dit, la personne qui dormira le mieux à partir de lundi sera le Premier ministre.
Changeons de sujet. Quelques mots sur le bénéfice du doute accordé à Yogida Sawmynaden ?
Premièrement, le terme « bénéfice du doute » lui-même en dit long. La magistrate a émis des doutes sur la possible culpabilité du prévenu. C’est juste que les doutes émis ne sont pas suffisants pour démontrer sa culpabilité. Donc, tout doute doit être interprété en faveur de l’accusé. Pour moi, il est important d’avoir un « clean record » et surtout « there should be no doubt on my honesty ». C’est le terme « doute » qui me chiffonne le plus dans ce verdict… Pensez-vous que j’ai confiance dans l’enquête policière menée dans l’affaire Yogida Sawmynaden ? N’oublions pas qu’il a un avocat de la trempe de Raouf Gulbul. Et, quand un Premier ministre vient crier victoire après un verdict de bénéfice du doute, cela démontre clairement que ses standards sont inexistants.
Pensez-vous que Yogida Sawmynaden a été blanchi comme politicien ?
Yogida Sawmynaden ne peut pas dire qu’il a été blanchi si le verdict de la Cour comporte le terme « doute ». Le doute ne devrait pas exister. D’ailleurs, le peuple ne pardonne pas quand il y a doute. Yogida Sawmynaden, qu’on le veuille ou non, ne sort pas de cette affaire avec une virginité politique. C’est dommage pour lui ! Le terme « doute » est le boulet de Yogida Sawmynaden et je suis triste pour lui, car ce n’est pas une victoire claire.
Pour vous, un retour de Yogida Sawmynaden au Cabinet, voire un ticket lors des prochaines élections générales, serait-il perçu comme une insulte envers l’électorat ?
Une insulte de plus de la part du Premier ministre, Pravind Jugnauth, ne me surprendrait point !
Shakeel Mohamed, le Budget 2024-2025 sera présenté dans exactement une semaine. Certains disent que ce sera un « budget diabète » tandis que d’autres avancent le terme « résilience sociale ». Et vous ?
Je vous répondrai par une question. Combien doivent-ils dépenser afin que le peuple leur pardonne leurs péchés et oublie ce qui s’est produit ? En tout cas, je pense que le peuple n’est pas à vendre.
Joe Lesjongard a toutefois fait comprendre, vendredi dernier, que « la population aura ce qu’elle mérite » lors de ce budget. C’est une phrase lourde de sens…
Joe Lesjongard est une personne qui maîtrise très bien le business de la politique et le business de la réélection. Mais pour moi, la politique n’est pas un business.
Quels sont vos attentes par rapport au Budget 2024-2025 ?
Ce que j’aimerais voir dans le Budget 2024-2025, ce sont des mesures concernant l’importation parallèle dans plusieurs départements, comme par exemple les vêtements, l’électronique, les pièces de rechange pour voitures, ou encore la nourriture, entre autres. J’aimerais que le monopole disparaisse et que tout individu voulant importer des marchandises puisse le faire. L’importation parallèle favorisera la création d’emploi et les consommateurs pourront ainsi bénéficier d’une réduction de 30 à 40 % des prix. Le but sera de créer un environnement où les gens vont dépendre de leurs propres efforts.
Quelques mots sur la polémique qu’a suscitée une distribution de couettes par le ministre Alan Ganoo ?
Il y a un mandant de la circonscription no 14 (Savanne/Rivière-Noire) qui m’a dit ceci : « Lane dernier ti fer fre, me pa ti gagn kwet. »
Cette polémique relance le débat sur l'introduction d’un code de conduite pour les candidats lors des élections. Êtes-vous en faveur d'un code de conduite ayant force de loi ?
Bien sûr qu’il faut un code de conduite ayant force de loi ! Rien n’a empêché le gouvernement d’introduire une telle loi. C’est juste qu’il ne veut pas de ce code de conduite. Sinon, comment vont-ils remporter les élections ? Malheureusement pour eux, malgré cela, ils vont perdre les élections.
Vous paraissez bien sûr de vous…
Et je le suis, croyez-moi ! L’alliance PTr-MMM-ND dispose d’un équilibre beaucoup plus fort que celle de l’équipe adverse. Nous voulons changer le pays à jamais. Et c’est la seule alliance qui propose des changements fondamentaux.
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