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Secteur public : appel unanime pour le recrutement de personnel de santé

Des travaux de rénovation sont prévus dans les différents hôpitaux régionaux et médicliniques.

Les Rs 17,2 milliards allouées au ministère de la Santé pour l’année financière 2024-25 ne suffiront pas à régler tous les problèmes des services de santé publique. En plus des infrastructures, des ressources humaines sont également nécessaires, soulignent les parties prenantes du secteur.

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Sur ces Rs 17,2 milliards, Rs 1,7 milliard seront consacrées à la modernisation du service, incluant la construction et la rénovation d’infrastructures diverses telles que des hôpitaux, médicliniques, « Area Health Centres » et « Community Health Centres » (voir encadré). Bien que cette allocation soit bienvenue pour doter le service de santé publique d’infrastructures plus modernes et spacieuses, les parties prenantes espèrent que le ministère de la Santé envisagera également le recrutement de personnel.

« Nous faisons face à un manque aigu de personnel », disent d’une seule voix le Dr Meetheelesh Abeeluck, président de la Government Medical and Dental Officers Association (GMDOA), Ram Nowzadick, président de la Nursing Association (NA), et le Dr Vinesh Sewsurn, président de la Medical and Health Officers Association (MHOA). Un avis partagé par les ambulanciers et les Records Officers, bien qu’ils n’aient pas souhaité être cités.

« C’est bien de construire des médicliniques et des centres de santé communautaires pour le bien-être de la population. Par contre, on ne voit pas de mesures pour le recrutement de médecins généralistes, d’infirmiers, d’attendants, de Health Care Assistants et d’ambulanciers », fait remarquer le Dr Abeeluck. Pour lui, l’amélioration des infrastructures afin de prodiguer de meilleurs traitements et d’élargir la gamme de services nécessite du personnel. « Comment faire fonctionner ces centres de santé sans ressources humaines ? » se demande-t-il.

Service de qualité

Le président de la GMDOA note que de nombreux projets sont évoqués à chaque exercice budgétaire, mais que le recrutement du personnel ne suit pas. Il déplore que les employés actuels doivent faire des heures supplémentaires ou des « bank sessions » pour pallier le manque d’effectifs, souvent au détriment de leur santé. Avec les retards accumulés dans le paiement des heures supplémentaires, la frustration s’accroît parmi le personnel. Attribuer ces retards au délai pour soumettre les « returns » est un argument « bidon », selon le Dr Abeeluck. « On ne peut pratiquer la politique de l’autruche en demandant aux employés de travailler sans les payer ensuite. Ce genre d’argument est inacceptable », dit-il.

Le Dr Sewsurn déplore également cette situation et pense qu’une plus grande attention aurait dû être accordée à cet aspect pour renforcer les effectifs. « On construit des centres mais on ne recrute pas assez de personnel. On doit recruter et former les officiers, qu’ils soient infirmiers, médecins ou paramédicaux », ajoute-t-il. Pour lui, des dispositions auraient dû être prises pour retenir les professionnels de santé du service public. « Avec l’augmentation du nombre de cliniques privées, on fait face à un exode. Les nouveaux diplômés ne sont pas intéressés par le ministère de la Santé. Il aurait fallu proposer des mesures pour les motiver à rejoindre ou rester dans le service public », souligne-t-il.

Ram Nowzadick partage cette opinion et plaide pour un ratio infirmiers/patients afin de pouvoir utiliser les équipements correctement et éviter qu’ils soient sous-utilisés faute de personnel. 

« Il y a un manque aigu d’infirmiers, ce qui empêche de respecter le ratio infirmiers/patients et de donner un service de qualité à la population », affirme-t-il. Avec toutes les nouvelles infrastructures et services qui se mettent en place progressivement, avoir un nombre suffisant de personnel formé et qualifié est essentiel pour atteindre les objectifs fixés.

Il est aussi important de moderniser le service et les infrastructures de santé avec des équipements modernes que d’avoir le personnel adéquat pour travailler dans ces établissements, fait-il comprendre. Et la formation ne doit pas être négligée. « Tout le personnel doit être formé et avoir l’expertise nécessaire pour donner le service requis de manière efficace et efficiente. Cela ne sera possible que si le service de santé dispose d’un nombre suffisant de personnel », soutient-il.

Le recrutement de personnel est également souhaité par les ambulanciers et les Records Officers. Selon un ambulancier, un recrutement massif est nécessaire pour éviter que le système ne s’effondre. Il rappelle que le service fonctionne 24/7, quelles que soient les conditions climatiques.

Rs 1,7 milliard pour diverses infrastructures

Le Budget 2024-25 prévoit :

• Rs 800 millions pour la mise en opération du New Flacq Hospital ;
• Rs 311 millions pour la finition des travaux pour la nouvelle unité de transplantation rénale à Rose-Belle ;
• Rs 310 millions pour compléter les travaux du nouvel hôpital ophtalmologique de Moka ;
• Rs 127 millions pour terminer les travaux des Area Health Centres à Bambous, Bramsthan, Cap-Malheureux et Curepipe ;
• Rs 81 millions pour des travaux d’amélioration dans les divers hôpitaux régionaux ;
• Rs 55 millions pour les médicliniques à Grand-Bois et Chemin-Grenier ;
• Rs 38 millions pour des travaux de rénovation de 10 médicliniques, 17 Area Health Centres et 18 bureaux de santé à travers l’île ;
• Rs 11 millions pour la construction du Community Health Centre à Écroignard et Roche-Bois.

Décentralisation

Le ministère de la Santé œuvre beaucoup pour la décentralisation afin d’offrir un service de proximité en dehors des hôpitaux à travers les médicliniques, Area Health Centres, Community Health Centres et autres. Or, il semblerait que nombreux sont ceux qui se rendent toujours aux hôpitaux régionaux pour des problèmes de santé mineurs, fait remarquer l’ambulancier. Pour lui, les hôpitaux régionaux devraient être réservés aux cas urgents ou aux cas référés par les divers centres de santé installés dans les différentes localités du pays.

Relativité des salaires

Outre le retard dans le paiement des heures supplémentaires, le silence autour de l’ajustement des salaires est décrié par le personnel du service de santé publique. La frustration est palpable, selon Ram Nowzadick, président de la Nursing Association. « Il y a une distorsion des salaires avec le salaire minimum. Une personne qui débute peut toucher presque l’équivalent du salaire d’une personne ayant de nombreuses années de service », indique-t-il. La diminution de l’écart des salaires dans les grades des employés est également source de mécontentement, ajoutent le président de la NA et un ambulancier qui n’a pas souhaité être cité. La relativité des salaires entre les divers postes doit être respectée, soulignent-ils. « C’est inacceptable que ceux qui ont des diplômes aient presque le même salaire que ceux qui viennent d’intégrer le service », fustige Ram Nowzadick.

L’ambulancier ajoute que tout le personnel est resté sur sa faim. « Nous nous attendions tous à un réajustement salarial, mais cela n’a pas été le cas. Alors que le salaire minimum a grimpé pour atteindre Rs 20 000, ceux qui comptent de nombreuses années de service voient leur plafond stagner », déplore-t-il.

Il fait ressortir que le personnel de santé travaille corps et âme pour donner satisfaction à la population. Cependant, leurs efforts n’ont pas été récompensés. « Nous nous sentons délaissés. Le ministre du Travail pourrait plaider en notre faveur. Avec l’augmentation des prix et la spirale inflationniste, nous avons du mal à joindre les deux bouts. Les fonctionnaires commencent à ressentir les effets », poursuit l’ambulancier.

« Nous espérons que le ministère va prendre en considération le travail que nous faisons et nous récompenser. Avec les heures supplémentaires impayées, il est temps de nous payer. Nous allons voir si le ministère va nous donner ce qui nous est dû », ajoute-t-il.

  • LDMG

 

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