L’offre obligataire d’achat à Rs 21 l’action formulée par les groupes ENL Land & Rogers le 19 janvier 2016 pour acquérir toutes les actions du groupe New Mauritius Hotels fait débat dans les milieux boursiers.
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Cette évaluation est contestée par des actionnaires qui estiment que l’offre de Rs 21 n’est pas raisonnable et ne reflète pas la juste valeur d’une action de New Mauritius Hotels (NMH). La firme KPMG l’a évaluée à Rs 30,96.
Mais le débat autour de ces actions remonte à février 2016. Pour certains, le deal parachevé à ce moment-là avec Swan, qui allait donner suite à la démarche d’ENL Land Ltd et de Rogers de racheter la part de Taylor Smith Group et de Property and Development Ltd (PAD), aurait dû déjà déclencher une offre obligataire de Rs 29,55.
Selon ces contestataires, ENL Land Ltd, Rogers et Swan auraient dû, selon les provisions des Securities (Takeover) Rules (33), mettre en avant une offre obligataire d’achat avec plus de 30 % des actions à leur actif depuis février 2016. Mais ceux concernés ont toujours clamé qu’ils n’ont pas agi de concert sur ce rachat précis qui impliquait 8 % des actions.
Dans les milieux des actionnaires, l’on parle de Rs 10 milliards. On réclame une enquête de la Financial Services Commission (FSC) pour déterminer s’il y a eu concertation entre les partis composant l’actionnariat majoritaire et dans ce cas, que l’offre obligataire de Rs 21 soit suspendue.
Il y a aussi Rezistans ek Alternativ qui a mis la pression sur la FSC pour éplucher les sources de financement de cette transaction boursière pour le rachat des titres de NMH en février 2016. Les animateurs du parti politique de gauche réclament, eux, des explications de la FSC et de Swan pour les employés ayant souscrit à des pensions. Toutefois, Swan maintient « qu’il n’y aucune action de NMH achetée par le plan de pension d’IBL ».
Swan : « Enough is enough »
« Enough is enough », affirme-t-on du coté de Swan concernant « les allégations et les rumeurs malveillantes qui circulent actuellement et qui déforment la réalité ». Selon son Chief Executive Officer (CEO) Louis Rivalland, « en 2014, nous avons fait l’acquisition de 3,3 % de NMH, puis en 2015 de 22,4 % de Constance Hotels. Depuis 2013, avec la reprise de l’hôtellerie, Swan saisit les opportunités d’investissement dans ce secteur pour consolider davantage ses prises de participation ».
« En 2014, nous avions payé l’action NMH à Rs 28. Notre acquisition de 3,6 % de NMH en février 2016 à Rs 29 l’action s’est faite à la suite d’une offre des vendeurs cédant un gros volume d’actions de l’entreprise. Nous avons payé l’action de NMH à Rs 29 alors que le prix sur la bourse était de Rs 24,40 le 16 février 2016 », explique Louis Rivalland au Défi Plus.
Pour ce genre de volume, il est selon lui, d’autant plus important de considérer d’autres facteurs que seulement le cours boursier, comme les fondamentaux de l’entreprise, la performance financière et les perspectives de croissance. « Le comité d’investissement de Swan a décidé alors d’acheter ce bloc d’actions à Rs 29 basé sur les analyses de notre équipe de professionnels. Ce prix, autorisé selon les Listing Rules de la Stock Exchange of Mauritius, est limité à +/- 20 % de la valeur du titre en Bourse. »
Pour le CEO de Swan, « il est malveillant de comparer le prix de Rs 29, qui est le prix d’acquisition par Swan en février 2016, avec les Rs 21, qui est le prix de la Mandatory Offer lancée en février 2017 et faite par ENL Land et Rogers ». Swan, affirme-t-il, « n’est pas concernée par l’offre obligataire ». Louis Rivalland avance aussi « qu’insinuer que Swan, la NPF, ou tout autre actionnaire, a perdu de l’argent » est malhonnête puisqu’il n’y a aucune obligation de vendre les actions qu’elle détient dans NMH dans le cadre de la Mandatory Offer.
ENL : « Nous démentons formellement avoir agi de concert »
Du coté du groupe ENL, on affirme en avoir assez de cet amalgame « entre ces transactions et une action de concert ». « L’action de concert est clairement définie par notre droit. Le simple fait d’acheter des actions d’une compagnie le même jour n’est en aucun cas une action de concert. Pour qu’il y ait action de concert, il faut que deux parties coopèrent à travers un accord ou un arrangement pour exercer le contrôle effectif d’une compagnie. Il n’y a eu, et il n’y a, aucun arrangement de ce genre entre ENL et Swan », nous a-t-on précisé.
Dans la foulée, on affirme ne pas être au courant qu’il y avait d’autres offres fermes pour acquérir le bloc d’actions. Pour répondre à l’argument que l’offre devait être de Rs 29, du coté d’ENL, on explique que « le prix de Rs 29 n’a pas lieu de s’appliquer car il concerne une transaction antérieure, suite à laquelle nous n’avions pas dépassé le seuil de 30 % entraînant une offre obligataire ».
Réunion de la FSC
Une réunion de la Financial Services Commission (FSC) s’est tenue sur le sujet le 20 février et le communiqué émis par la suite affirme que « l’institution a fait le suivi de la situation à NMH depuis 2016. Elle ne considère pas non plus qu’il y ait eu entorse aux provisions des Securities (Takeover) Rules 2010 ». Mais la FSC a émis un second communiqué huit jours plus tard, soit le 28 février, pour faire état de fausses nouvelles circulées dans la presse à l’égard de l’Acting Chief Executive de l’institution, Padassery Kuriachen, concernant le dossier NMH. Rappelons que l’offre d’ENL Land Ltd et de Rogers, lancée lundi dernier, reste valable pour une période de 35 jours, soit jusqu’au 27 mars.
Les deux scénarios possibles
Après la date du 27 mars, deux scénarios s’offrent aux actionnaires de New Mauritius Hotels. Soit ils décident d’accepter l’offre et se débarrassent de leurs parts à Rs 21 l’unité, ce qui entraînera le retrait du groupe hôtelier de la Bourse de Maurice. Soit une partie des actionnaires s’en va et ENL Land/Rogers achètent leurs parts. NMH sera toujours à la Bourse.
Cependant, selon les règlements, si le tandem dispose de plus de 75 %, la Bourse de Maurice leur demandera alors s’il a l’intention de racheter la différence ou de ramener le niveau à moins de 75 % (parce que 25 % des actions doivent être toujours disponibles sur le marché boursier) selon un délai préétabli.
Pourquoi faut-il faire une offre pour l’ensemble des actions quand un ou des actionnaires ont pris un contrôle effectif d’une société ? Il s’agit de protéger les intérêts de toutes les parties concernées, en premier lieu les autres détenteurs de parts dans ladite compagnie. Ces autres actionnaires ont le choix entre vendre à Rs 21, parce qu’ils estiment que c’est un bon deal par rapport à la performance de la compagnie et qu’ils ne font pas confiance aux nouveaux tenants dans la gestion future du groupe.
Dans le cas contraire, s’ils sont d’avis que les principaux actionnaires ont la capacité de mener la société vers de nouveaux sommets, ils gardent leurs parts, fait-on ressortir.
Le conseil d’administration de NMH a donné son verdict quant à l’offre du tandem Rogers et ENL Land. Le Board recommande aux actionnaires de ne pas vendre leurs parts à Rs 21 parce que selon une évaluation de la firme KPMG, la valeur de l’action est de Rs 30,96.
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