À Sans-Souci : voyage dans le temps

Ce dimanche, découvrez les ruines du Sans-Souci Old Sugar Mill datant de 1870, nichées au fin fond des champs de canne à Montagne-Blanche. Malgré sa fermeture en 1949, sa station agrométéorologique fonctionne encore aujourd’hui pour recueillir les données sur le soleil, la pluie et le vent. 

Située au centre du village de Montagne-Blanche, la route Sans-Souci mesure 908 mètres de long et comporte deux voies. En parcourant cette route, nous découvrons des pâtés de maisons colorées, des habitants travaillant dans leur potager, des usagers de la route, des lieux de culte, des élèves d’une institution scolaire, ainsi que des boutiques et d’autres commerces

En chemin, nous repérons une rivière, puis nous suivons une allée de cocotiers qui nous conduit vers de vastes étendues de champs de canne. À la fin de cette route, nous arrivons à l’entrée de l’ancien établissement sucrier de Sans-Souci datant de 1870, qui a fermé ses portes en 1949.

L’accès étant interdit à droite en raison d’une propriété privée, nous partons à gauche. Un vieux bâtiment attire notre attention, avec notre quadricolore flottant sur le toit. Il s’agit d’une station où, par le passé, le machinisme agricole de l’établissement sucrier faisait le plein de diesel avant d’aller dans les champs de canne. Nous trouvons une cuve de stockage de diesel rouillée par le temps. En marchant ça et là, nous apercevons un ancien broyeur. Sans l’ombre d’un doute, c’est cet appareil qu’utilisaient les anciens employés de l’établissement sucrier pour broyer la canne à sucre.

Ensuite, nous apercevons une sphère qui scintille au moindre rayon de soleil. Qu’est-ce que c’est ? Nous nous approchons et apercevons également une variété d’équipements météorologiques, tous barricadés derrière un grillage. Nous comprenons qu’il s’agit d’une station agrométéorologique. Est-elle encore en activité ? Et à quoi servent tous ces équipements ? Nous décidons de le découvrir.

Science du climat : à la découverte de l’agrométéorologie

Les établissements sucriers de Maurice utilisent les données météorologiques pour planifier leurs activités telles que la récolte du sucre et la gestion des cultures de canne à sucre. Ils ont commencé à installer leurs propres stations météorologiques dans les années 1900. 

« Les établissements sucriers ont contribué aux efforts de collecte de données météorologiques en transmettant les informations qu’ils avaient recueillies au quartier général des Services météorologiques de Maurice à Vacoas. Ils étaient équipés de pluviomètres et d’autres instruments de mesure du temps pour collecter des données », explique un officier des Services météorologiques de Maurice. La station agrométéorologique de Sans-Souci en fait partie.

Les établissements sucriers et les planteurs sont étroitement liés aux variations du temps et du climat, souligne-t-il. Comment ? « L’agrométéorologie permet d’étudier l’impact du climat sur l’agriculture. L’importance des données météorologiques est cruciale pour la production de canne à sucre, qui dépend en grande partie des conditions climatiques. C’est pourquoi la collecte de données précises et fiables est cruciale pour cette industrie. » 

La station d’agrométéorologie de Sans-Souci fonctionne toujours. Elle est équipée de thermomètres de température, d’humidité, de vent, de pluie et de rayonnement solaire. Une station automatique appartenant à la propriété sucrière capte également des données météorologiques. Ce qui permet la collecte de données précises et fiables sur la pluie, le soleil et le vent pour mieux comprendre les effets du climat sur les cultures.

« Ces données permettent aussi de planifier de manière plus efficace la gestion des cultures et d’optimiser les rendements. D’ailleurs, les données sur la pluie sont essentielles pour les établissements sucriers et les planteurs car elles influencent directement la croissance de la canne à sucre », poursuit-il.

Dans les zones arides, la pluie est un élément crucial pour maintenir les cultures en vie. De ce fait, les planteurs surveillent de près les cumuls de pluie et ajustent leurs méthodes d’irrigation en conséquence. 

« Des données précises sur les précipitations permettent également de prévoir les moments propices pour la récolte et d’éviter les risques d’inondations ou de sécheresse. »

À la station d’agrométéorologie de Sans-Souci, certains équipements mécaniques, tels que le Rain Recorder, appartiennent à la propriété sucrière. L’officier cite les pluviomètres et les thermomètres dans les Stevenson Screen. Il s’agit de structures de bois à double persiennes peintes en blanc destinées à abriter les thermomètres des rayons directs du soleil, du vent, des précipitations et de la chaleur renvoyée par le sol. C’est grâce à ces équipements que les services météorologiques de Vacoas peuvent calculer et prévoir les moyennes et maximales à partir des données météorologiques recueillies dans les différentes stations réparties à travers l’île, permettant ainsi de fournir mensuellement des bulletins agrométéorologiques et climatologiques.

« La carte d’ensoleillement est remplacée quotidiennement dans le ‘Sunshine Recorder’. Cet appareil nous permet de mesurer l’influence du rayonnement solaire en heure pendant une journée. Nous nous occupons également des pluviomètres. Toutes ces données recueillies permettent par la suite aux techniciens des Services météorologiques de Maurice d’établir un bulletin agrométéorologique. Nous sommes également chargés de la maintenance des équipements de cette station d’agrométéorologie », fait comprendre l’officier.

Comme les Services météorologiques de Maurice travaillent avec le public en général, les données d’ensoleillement, de pluies, d’humidité et de températures sont également souvent demandées par des professionnels tels que les ingénieurs civils pour l’élaboration de projets immobiliers ou de développement, ainsi que par des entreprises spécialisées dans l’installation de panneaux photovoltaïques, etc. « Disons qu’ils ont besoin du taux d’ensoleillement pour un endroit spécifique au cours des dix dernières années. Nous pouvons donc leur fournir ces informations en nous basant sur les données que nous capturons quotidiennement sur les stations météorologiques réparties à travers l’île. Nous fournissons également quotidiennement des données qui peuvent être consultées sur notre site web, telles que le taux d’humidité dans l’atmosphère, qui influence la formation des nuages, la pluviométrie et la direction du vent, etc. »

Les données météorologiques sont recueillies à la fin de chaque mois par les Services météorologiques de Maurice à Vacoas afin de calculer une moyenne mensuelle d’une part, et une moyenne sur le long terme d’autre part, pouvant être comparée sur une période de 30 ans. 

« Ces données recueillies sur le soleil, la pluie et le vent nous permettent également de réaliser des rapports tels que les prévisions pour l’été (Summer Outlook) ou pour l’hiver (Winter Outlook) », précise l’officier.

Les données météorologiques ont également une incidence sur les prévisions. « La collaboration entre les Services météorologiques de Maurice et les industries sucrières et agricoles permet d’améliorer la fiabilité des données et de maximiser les bénéfices pour ces secteurs », conclut-il.