
L'ex-leader du Labour et figure de proue de l'aile gauche de ce parti, Jeremy Corbyn, a annoncé jeudi le lancement d'une formation politique, nouvelle épreuve pour le Premier ministre travailliste britannique Keir Starmer, récemment confronté à une fronde dans sa majorité.
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L'information circulait depuis plusieurs semaines à Westminster, elle est désormais officielle: un nouveau parti de gauche verra le jour sous la houlette de Jeremy Corbyn et de la députée Zarah Sultana, ont déclaré les intéressés sur le réseau social X.
L'annonce renvoie vers un site internet intitulé "Your Party" ("Votre parti"), laissant entendre qu'il s'agissait du nom de ce nouveau-venu sur l'échiquier politique. Mais après l'annonce, Mme Sultana a précisé que le parti "ne s'appelle pas Your Party".
Interrogé par les journalistes, Jeremy Corbyn s'est défendu de tout couac, qualifiant l'approche du nouveau parti de "démocratique, populaire" et "ouvert".
Corbyn, 76 ans, qui a dirigé le parti travailliste de 2015 à 2020, sans parvenir à le ramener au pouvoir, a toujours revendiqué un positionnement très à gauche. Il avait démissionné de son poste de chef du Labour après avoir obtenu les pires résultats depuis des décennies lors des élections générales de 2019, remportées par le parti conservateur mené par Boris Johnson.
Le Labour, sous la direction de Starmer, l'avait ensuite suspendu en 2020 à la suite d'un rapport qui lui reprochait son manque de volonté de lutter contre l'antisémitisme au sein de la formation. Il a toujours nié en bloc ces accusations.
En 2024, il a été réélu député sous la bannière d'indépendant dans sa circonscription historique d'Islington Nord, à Londres. Depuis, il n'a cessé d'interpeller le gouvernement de Keir Starmer sur sa politique sociale ainsi que sur sa ligne dans la guerre à Gaza.
Dans leur communiqué, Corbyn et Sultana appellent à une "redistribution massive des richesses et du pouvoir". Ils disent aussi qu'ils "continueront à exiger la fin de toutes les ventes d'armes à Israël", de plus en plus critiqué pour son action militaire à Gaza. Et plaident en faveur d'une "Palestine libre et indépendante".
Fragmentation du vote à gauche
Le Premier ministre Keir Starmer, qui a recentré le Parti travailliste depuis qu'il en a pris la tête en 2020, fait face à des appels de plus en plus pressants en interne pour reconnaître l'État palestinien.
La création de ce nouveau parti pourrait être une mauvaise nouvelle pour le chef du gouvernement, qui a récemment été confronté à une rébellion de députés de son propre camp.
Selon un sondage Ipsos publié jeudi par The Telegraph, Keir Starmer, arrivé à Downing Street il y a un an après la victoire écrasante du Labour aux élections législatives, est désormais plus impopulaire que Jeremy Corbyn.
Mi-juillet, il a suspendu quatre députés travaillistes qui avaient voté contre sa réforme de la protection sociale, censée faire économiser des milliards de livres dans un contexte budgétaire particulièrement difficile.
Avant cela, il avait été contraint de rétropédaler sur certaines mesures contenues dans ce texte pour éviter une défaite humiliante au Parlement, alors que plus d'un tiers de ses troupes s'opposait au projet initial.
Au même moment, la numéro 2 du gouvernement Angela Rayner, qui a longtemps été proche de Corbyn, a été suspendue du puissant syndicat Unite sur fond de désaccords avec la politique gouvernementale, jugée trop à droite.
Le syndicat, qui verse chaque année une importante contribution financière au Labour, a également annoncé "réexaminer" sa relation au parti.
Pour Chris Hopkins, de l'institut de sondage Savanta, "les perdants évidents (de la nouvelle initiative de Jeremy Corbyn) sont les travaillistes", mais le mouvement de ce dernier "est nettement plus à gauche que l'électeur moyen du Parti travailliste".
Ce nouveau parti pourrait donc "contribuer à fragmenter davantage l'extrême gauche et impacter les Verts plus que le Labour", explique-t-il à l'AFP.
La scène politique, historiquement marquée par le bipartisme, est désormais plus morcelée: il faut aussi compter avec le parti d'extrême droite de Nigel Farage, Reform UK, en tête dans les sondages. Après avoir raflé cinq sièges aux dernières élections générales, il a fait une percée aux élections locales de mai.
© Agence France-Presse

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