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Rétrocession des Chagos : tensions politiques accrues pour le PM britannique Keir Starmer

Le Premier ministre britannique a défendu l’accord avec Maurice en soulignant l’importance stratégique de la base militaire de Diego Garcia.

Le débat autour de la souveraineté des Chagos a pris une nouvelle tournure cette semaine, alimentant les tensions au sein du gouvernement britannique et du gouvernement mauricien, alors que les détails de l’accord entre les deux pays continuent de susciter des réactions contrastées.

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Lors d’une séance de la House of Commons mercredi, la conservatrice Kemi Badenoch a vivement critiqué le gouvernement pour son accord potentiel avec Maurice, accusant le Premier ministre britannique de « céder » aux pressions. Selon elle, un accord pour la cession du territoire des Chagos à Maurice constitue une « reddition immorale » qui, selon elle, est motivée par des intérêts personnels plutôt que par la défense des intérêts nationaux du Royaume-Uni.

Le Premier ministre Starmer, pour sa part, a défendu cet accord en soulignant l’importance stratégique de la base militaire de Diego Garcia, située sur les Chagos. Il a affirmé que sans une certitude juridique sur la souveraineté, la base ne pourrait pas fonctionner comme il se doit, compromettant ainsi la sécurité nationale du Royaume-Uni. Il a également précisé que les négociations menées sous le précédent gouvernement conservateur, et poursuivies sous son mandat, visaient à sécuriser l’avenir de la base, une démarche qu’il jugeait essentielle à la défense nationale.

« Il s’agit d’une base militaire qui est vitale pour notre sécurité nationale. Il y a plusieurs années, la certitude juridique de cette base a été remise en question. Sans certitude juridique, la base ne peut pas fonctionner dans la pratique comme elle le devrait. C’est mauvais pour notre sécurité nationale et un cadeau pour nos adversaires. Certains membres du parti conservateur savent exactement de quoi je parle. C’est pourquoi le dernier gouvernement a entamé des négociations sur la souveraineté et sur la sécurisation de l’utilisation à long terme de la base. Ils avaient raison de le faire. C’est pourquoi le dernier gouvernement a mené 11 des 13 rounds de ces négociations, et ils avaient raison de le faire », devait-il affirmer. 

Cependant, l’accord ne fait l’unanimité et cette fois-ci, c’est même au sein du Cabinet britannique. Citant des sources proches de Downing Street, The Guardian, soutient que là-bas aussi, il y a des doutes.

« Deux sources de haut niveau ont indiqué que certains membres de Downing Street avaient des réserves concernant l’accord, qui coûte un capital politique considérable et risque de compromettre les relations avec l’administration de Donald Trump », indique The Guardian.

Pour sa part, Jonathan Powell, qui a négocié l’accord avant d’être nommé conseiller en sécurité nationale du Royaume-Uni, doit se rendre à Washington DC cette semaine pour rencontrer son homologue américain, Mike Waltz, en raison de préoccupations selon lesquelles l’administration de Trump pourrait tenter de renverser l’accord.

Un ancien commandant de la base exprime son désaccord

Un ancien commandant de la base aérienne de Diego Garcia a exprimé de vives inquiétudes concernant le risque pour la sécurité nationale de la Grande-Bretagne et des États-Unis à la suite de l’accord sur les Chagos. Dans un entretien accordé à The Telegraph, publié jeudi, le commandant Adam Peters, ancien responsable des forces britanniques sur la base conjointe américano-britannique, a averti que la souveraineté donnée à Maurice pourrait exposer la base militaire à des menaces potentielles de la part de la Chine. Il a suggéré que si la souveraineté des îles externes des Chagos était transférée à Maurice, la Chine pourrait y installer des équipements d’espionnage ou des installations militaires, menaçant ainsi la sécurité de la base de Diego Garcia.

« Si les îles extérieures sont sous le contrôle mauricien, la Chine pourrait très bien commencer à les réaménager et à installer toutes sortes d’équipements de surveillance qui, selon moi, affecteraient la sécurité de Diego Garcia », a-t-il déclaré à The Telegraph. Et d’ajouter qu’« il y a aussi la possibilité qu’ils commencent à y installer des armes, ce qui pourrait abattre les avions utilisant la base aérienne ».

Cependant, il est important de noter que dans l’accord conclu le 3 octobre entre Maurice et le Royaume-Uni, il a été spécifiquement précisé qu’aucune force étrangère n’aurait accès aux autres îles des Chagos. De plus, le nouveau gouvernement mauricien a donné toutes les garanties possibles que la base militaire américano-britannique pourra continuer de fonctionner en toute sécurité sur Diego Garcia, avec une coopération assurée entre les deux pays pour garantir la stabilité de la région. Ces éléments ont été soulignés pour rassurer à la fois les autorités britanniques et américaines sur la préservation des intérêts stratégiques dans la zone.

 

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