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Renganaden Padayachy : «Zame monn telefonn Seegolam pou met presion»

  • Le refus de l'ex- gouverneur de la BOM de collaborer sur ce dossier aurait mis l'ex-ministre des Finances hors de lui, selon Harvesh Seegolam 

L’étau se resserre autour de l’ancien ministre des Finances, Renganaden Padayachy. Son implication présumée dans le rachat de 1 596 actions d’East Coast Hotel Investment par la Mauritius Investment Corporation Ltd (MIC) a été mise en lumière par Harvesh Seegolam, L’ex-Gouverneur de la Banque de Maurice (BoM) était entendu, mercredi, dans le cadre de l’enquête de la Financial Crimes Commission (FCC) dans l’affaire concernant le groupe Apavou.

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Harvesh Seegolam a évoqué « de fortes pressions » exercées par Renganaden Padayachy, à l’époque où ce dernier insistait pour que le rachat des actions d’East Coast Hotel – détenues par le groupe Apavou – se concrétise à tout prix. En échange, Renganaden Padayachy lui aurait promis certaines « récompenses ».

Mais selon le témoignage livré le mercredi 9 avril, peu après son arrestation par la FCC, Harvesh Seegolam dira avoir rejeté ces propositions : « Non mersi, mo pa dan sa bann zafer-la mwa », aurait-il répondu, précisant que Renganaden Padayachy serait alors entré dans une colère noire : « Linn koumans zoure ».

Selon nos informations, Harvesh Seegolam a décrit en détail les pressions répétées qu’il aurait subies de la part du Grand argentier d'alors dans le cadre de cette transaction. Toutefois, il a tenu à préciser qu’en tant que Gouverneur de la BoM, il n’exerçait aucun contrôle sur la gestion de la MIC. Il a souligné que cette entité opère de manière indépendante et qu’il ne siégeait pas à son Conseil d’administration.

Padayachy nie

Il a précisé que, tout au long du processus d'acquisition des actions d'East Coast Hotel Investment (Ambre Hotel, groupe Apavou) par la MIC, Renganaden Padayachy – actuellement en détention pour sa troisième nuit – aurait exercé des pressions constantes. L’objectif était de conclure la transaction à Rs 2,4 milliards, alors que le Conseil d'administration de la MIC recommandait un montant de Rs 2,1 milliards.

Le conseil de la MIC était alors composé, entre autres, de Mardayah Kona Yerukunondu, Ragen Swaminathan, Swadicq Nuthay, Neemalen Gopal, Hemlata Sadhna Sewraj-Gopal et Jean Michel Louis Rivalland.

Pendant près de sept heures mercredi, Harvesh Seegolam a détaillé les circonstances entourant l’implication présumée de Renganaden Padayachy dans une affaire de malversation d’un montant de Rs 300 millions, au préjudice de la MIC, en faveur du groupe Apavou, dirigé par Armand Paquiry Apavou, basé à La Réunion.

Confronté à ces allégations, Renganaden Padayachy a fermement nié avoir exercé de pression sur Harvesh Seegolam. « Zame monn telefonn Seegolam pou met presion », a-t-il déclaré en présence de son avocat, Raouf Gulbul, lors de son passage à la FCC. L’ex-ministre des Finances a rejeté en bloc les accusations portées par l’ancien Gouverneur et a également été confronté aux témoignages d’autres personnes, qui critiquent son rôle dans les transactions liées à la MIC.

La FCC soupçonne Renganaden Padayachy d’ingérence et de favoritisme au profit de l’acheteur potentiel, Apavou Hotel Ltd, qui souhaitait acquérir 70 % des actions d’East Coast Hotel. Bien que la valorisation du deal ait été estimée à Rs 2,1 milliards, une somme additionnelle de Rs 300 millions aurait été incluse dans la demande d’aide financière soumise à la MIC.

Emissions d'« Attachment Orders »

Depuis l’ouverture de l’enquête le 21 mars, les enquêteurs de la FCC ont entrepris des démarches pour retracer les Rs 300 millions de surplus dans cette transaction entre la MIC et East Coast Hotel Investment Ltd, propriétaire de l’hôtel Ambre. Le département juridique de la FCC a déjà engagé des procédures pour l’émission d’« Attachment Orders » sur les comptes bancaires de la société concernée, ainsi que sur ceux de plusieurs de ses collaborateurs.

Les étapes clés

21 mars

Démarrage de l’interrogatoire des anciens membres du Board de la MIC

L’interrogatoire des anciens membres du Conseil d’administration de la Mauritius Investment Corporation Ltd (MIC) débute le vendredi 21 mars. Trois ex-membres du Board — Mardayah Kona Yerukunondu, ancien First Deputy Governor de la Banque de Maurice, Ragen Swaminathan, et Swadicq Nuthay, ancien Independent Non-Executive Director à la MIC — sont entendus ‘under warning’ au siège de la Financial Crimes Commission (FCC).

Dans les jours qui suivent, d’autres anciens administrateurs sont également convoqués pour des auditions, parmi lesquels Neemalen Gopal, Hemlata Sadhna Sewraj-Gopal et Louis Rivalland.

26 mars

Louis Rivalland évoque la falsification du procès-verbal

Le 26 mars, lors de son interrogatoire, Louis Rivalland jette un pavé dans la mare. Il affirme que les membres du Board n'ont jamais approuvé la somme de Rs 2,4 milliards pour l’acquisition des actions d’East Coast Investment Hotel/Ambre du groupe Apavou. Il précise que le conseil d'administration a recommandé un rachat à hauteur de Rs 2,1 milliards. « Je tiens à affirmer catégoriquement qu’à aucun moment, le Board de la MIC n’a approuvé l’achat des 70 % d’East Coast, pour la somme de 48 millions d'euros, soit l’équivalent de Rs 2,4 milliards », déclare-t-il.

Louis Rivalland pousse plus loin ses accusations en déclarant soupçonner une falsification du procès-verbal d’une réunion du Conseil d’administration de la MIC. « Il semblerait qu’au moins un des documents, et surtout le procès-verbal de la réunion du conseil d'administration, ait été falsifié », ajoute-t-il.

2 avril

Jitendra Bissessur et Diya Sewraz arrêtés

Les déclarations de Louis Rivalland provoquent de lourdes répercussions au sein de la haute hiérarchie de l’organisation. L’ex-CEO, Jitendra Bissessur, est arrêté le 2 avril et fait face à une accusation provisoire de fraude par abus de position. Il n’est cependant pas le seul à être concerné. Diya Sewraz, ancienne Company Secretary de la MIC, est également arrêtée le même jour et passe la nuit en détention. Les enquêteurs tentent d’identifier les personnes responsables de la falsification présumée du procès-verbal ayant autorisé une dépense excessive de Rs 300 millions en faveur d’Apavou Hotels Ltd.

Diya Sewraz réplique à Rivalland

Dans une mise en demeure, Diya Sewraz affirme que les Minutes of proceedings de la réunion du Conseil d’administration du 5 février n’ont pas été manipulées ni modifiées. Elle contredit Louis Rivalland en précisant que la décision relative au rachat de 1 596 actions, pour un montant de Rs 2,4 milliards, a été approuvée à l’unanimité lors de cette réunion.

 

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