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Réforme des pensions : l’appel pour ne pas travailler ce lundi fait débat 

Les members du collectif “Pa touss nou pension”

La grogne sociale monte d’un cran. En réaction au relèvement progressif de l’âge d’éligibilité à la pension de vieillesse – qui passera de 60 à 65 ans selon les mesures annoncées dans le Budget 2025-26 – la plateforme regroupant syndicats et ONG appelle les travailleurs du secteur privé et les fonctionnaires à une action inédite : ne pas se rendre au travail ce lundi 14 juillet. Mot d’ordre : « Res ou lakaz le 14 juillet ». 

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Il ne s’agit pas d’une grève générale dans la tradition des années 70’, mais d’un appel à une « grève silencieuse », à travers des congés maladie ou des local leaves, pour faire passer un message fort au gouvernement. L’objectif, affirment les organisateurs, est de provoquer un électrochoc politique sans paralyser formellement le pays. 

Le « Lundi cordonnier », autrefois synonyme de paresse post-weekend, prend ici des allures de désobéissance civile pacifique. François Henri, vice-président du Regroupman Artizan Morisien, estime qu’il s’agit d’un acte de résistance face à des promesses non tenues. « Le gouvernement doit se ressaisir. Ce Black Monday sera un signal d’alarme », dit-il. 

Même ton du côté de la Confédération des travailleurs des secteurs public et privé (CTSP). Pour Reeaz Chuttoo, ce mouvement est un « gajak », un prélude à d’autres actions plus massives prévues en août. « Chaque travailleur a le droit de s’absenter légalement. Ce n’est que le début. » Entre colère populaire, stratégie syndicale et avertissement voilé, ce 14 juillet s’annonce comme un test de mobilisation silencieuse… mais reste à voir si l’appel sera entendu ou s’il s’évanouira dans l’indifférence. La réforme des pensions, dévoilée le 5 juin lors de la lecture du Budget 2025-26 par le Premier ministre et ministre des Finances Navin Ramgoolam, vise à répondre aux défis posés par l’augmentation exponentielle des dépenses liées aux retraites. Selon les données officielles, 272 033 personnes bénéficiaient d’une pension en juin 2025, pour un coût total de Rs 55,3 milliards pour l’exercice 2024-25, contre Rs 20 milliards en 2019-20, soit une hausse de plus de 150 % en cinq ans. 

Cette envolée des dépenses, conjuguée à des accusations, par le présent gouvernement, de mauvaise gestion sous le précédent gouvernement dirigé par Pravind Jugnauth, a conduit l’exécutif actuel à proposer une refonte du système. Face à la contestation de cette réforme, le Premier ministre a annoncé, au Parlement, le vendredi 4 juillet, l’octroi d’une aide au revenu de Rs 10 000 par mois aux personnes atteignant l’âge de 60 ans à partir du 1er septembre 2025. Ce montant de Rs 10 000 représente deux tiers de la pension universelle, actuellement fixée à Rs 15 000. Afin d’être éligible à cette aide mensuelle – l’Income Support –, le bénéficiaire célibataire ne devra pas percevoir un revenu supérieur à Rs 10 000 par mois. Pour une personne mariée, les revenus combinés du ménage ne doivent pas excéder Rs 20 000. 

Les bénéficiaires des pensions d’invalidité et les veuves continueront à percevoir leurs allocations respectives jusqu’à leur éligibilité à la pension universelle, mais ne seront pas admissibles à la somme additionnelle de Rs 10 000. En moyenne, 7 500 bénéficiaires par tranche d’âge seront concernés chaque année au cours des cinq prochaines années. Cela représente 46 % des Mauriciens atteignant 60 ans, soit un coût global estimé à Rs 8,7 milliards sur la période, a précisé Navin Ramgoolam.
 

 

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