- CSG : appel pour une formule mutuellement acceptable
- Le ciblage est une des options recommandée
- La Chambre de Commerce table sur une croissance de 5 % cette année
Il est impératif qu’on ait un système de retraite financièrement viable, juste et équitable. Pour ce faire, il faut étudier des options comme le ciblage. C’est l’une des recommandations de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Maurice dans son « Statement on the state of the economy 2020-2021 », un rapport publié ce jeudi 9 septembre. Au passage, l’institution préconise un vrai dialogue public-privé sur la CSG en vue de la rendre moins contraignante pour les entreprises. Décryptage !
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Maurice connaît un vieillissement et un déclin de sa population. Ce qui a des conséquences considérables sur les finances publiques, fait ressortir la Chambre de Commerce et d’Industrie de Maurice (MCCI). D’ailleurs, Rs 29,6 milliards ont été consacrées à la pension de retraite de base en 2020, ce qui représente 6,9 % du PIB. « Le système de retraite, dans sa forme actuelle, est une bombe à retardement à laquelle il faut s’attaquer », prévient la Chambre de Commerce. D’où son insistance qu’il est temps d’entamer une réforme nationale de la pension en privilégiant le dialogue. Cela afin de garantir un système de retraite financièrement viable, juste et équitable. Pour la Chambre de Commerce, plusieurs options existent, notamment le ciblage, une contribution à la cotisation d’assurance, des incitations à promouvoir la contribution à la retraite privée, etc.
La Chambre de Commerce recommande, dans la même foulée, une révision de la Contribution sociale généralisée (CSG), qui avance-t-elle, a eu des répercussions sur le coût des affaires à Maurice. « Des consultations ouvertes entre le gouvernement et le secteur privé sont les bienvenues pour réexaminer la CSG et trouver une formule mutuellement acceptable et moins contraignante pour les entreprises. Une série de réformes, aux impacts économiques et sociaux bien pensés pourraient être mises en œuvre pour atténuer l’augmentation prévue des dépenses de retraite », préconise la Chambre.
Actuellement | 2027 | 2057 | |
Nombre de personnes âgées de 60 ans et plus | 239 041 personnes, soit 18,8 % de la population totale (en décembre 2020) | 23% | 35% |
Ratio du nombre d’actifs pour soutenir chaque personne âgée | 4,3 actifs pour chaque personne âgée (en 2017) | 2,4 actifs | 1,7 actifs |
Certaines mesures ont entamé la compétitivité des entreprises, déplore la MCCI
« La pandémie a créé de nouveaux vents contraires, aggravant les faiblesses structurelles et systémiques. Il en résulte inévitablement une détérioration économique et sociale. Le moment est donc venu d’engager de nouvelles réformes structurelles et d’accueillir des politiques innovantes », soutient la Chambre de Commerce. Or, il a été observé que plusieurs réglementations ont pesé sur les entrepreneurs et ont entamé la compétitivité des entreprises, notamment ceux ayant trait à l’interdiction du plastique, à la taxe sur les produits sucrés, aux poissons importés et à la volonté de contrôler les prix des produits pharmaceutiques. « La plupart de ces réglementations sont décidées sans aucune consultation préalable du secteur privé, ce qui a pour conséquence d’affecter lourdement le coût des affaires à Maurice », fait ressortir la Chambre de Commerce. Et d’ajouter : « Les réformes de la réglementation des affaires peuvent être fructueuses et avoir un impact maximal lorsqu’elles sont entreprises de manière coordonnée et consultative».
Pour la Chambre de Commerce : il est impératif que la prévisibilité, la visibilité et la clarté des pratiques commerciales prévalent. Ces conditions ne seront possibles que si le gouvernement : (i) notifie quand il le faut les nouvelles mesures réglementaires proposées, (ii) est ouvert et invite à des consultations sur les nouvelles mesures réglementaires ou celles qui sont amendées, (iii) réalise une évaluation appropriée de l’impact des réglementations proposées.
La réforme fiscale pointée du doigt
La Chambre de Commerce s’est montrée également critique vis-à-vis de la réforme fiscale. Au fil des ans, la tendance a été de modifier le régime fiscal simple en ajoutant plus de taxes, en augmentant les taux d’imposition tout en augmentant les déductions et les exceptions fiscales, déplore l’institution. Elle cite notamment la CSG ou encore le Solidarity Levy qui « ont augmenté le niveau d’imposition de certains particuliers et entreprises ». Or, fait-elle ressortir, un régime fiscal simple et peu élevé est un élément-clé de l’attractivité de Maurice, car il faciliterait les déclarations fiscales et inciterait les particuliers comme les entreprises à contribuer au développement économique. À l’inverse, ajoute-t-elle, des taux d’imposition élevés encouragent l’évasion fiscale et pourraient conduire à des recettes fiscales inférieures aux prévisions. « De même, le gouvernement devrait également faire plus d’efforts pour mobiliser les recettes en incitant les activités commerciales informelles à s’enregistrer et à se conformer aux autorités compétentes », recommande la Chambre.
Un PIB de Rs 449,6 milliards en 2021
Pour 2021, l’économie mauricienne devrait croître de 5 % par rapport à sa base de croissance de 2020 pour atteindre Rs 449,6 milliards, prévoit-on à la Chambre de Commerce. Pour l’institution, le rebond économique devrait être porté par d’importants investissements publics dans les infrastructures, les nouvelles lignes de métro, les logements sociaux et les projets d’énergie renouvelable dans le cadre du programme d’investissement du secteur public pour 2021. « L’investissement du secteur privé devrait également enregistrer une hausse progressive avec des investissements dans l’agro-industrie, les soins de santé, les énergies renouvelables, l’industrie manufacturière et le secteur pharmaceutique, grâce aux investissements approuvés par l’Economic Developing Board pour 2021 », soutient la Chambre de Commerce.
Les prévisions de croissance pour cette année | |
Banque de Maurice | 5,5 % |
Statistics Mauritius | 5,4 % |
Chambre de Commerce | 5% |
Bon à savoir
L’économie mauricienne a connu une contraction économique de -14,9 % pour l’année 2020 après une croissance de 3,1 % en 2019. « Le tourisme a été le plus touché avec une contraction d’environ -80 % en 2020 suivi du secteur manufacturier avec une contraction de -17,8 %. Les deux seuls secteurs qui ont enregistré des taux de croissance sont respectivement le secteur des TIC (5,9 %) et les services financiers (1 %) », fait ressortir la Chambre de Commerce.
Ces autres indicateurs qui retiennent l’attention
Inflation : La Chambre de Commerce s’attend à des pressions inflationnistes cette année. En cause : l’augmentation des coûts du fret, des hausses des prix mondiaux des denrées alimentaires, des dévaluations monétaires, suivies de plusieurs réglementations et exigences d’étiquetage. « Ces facteurs auront un impact sur le coût des affaires et se refléteront sur les prix en général.»
Chômage : Le chômage a augmenté, passant de 6,7 % en décembre 2019 à 9,2 % à la fin juin 2021. « Cette augmentation du chômage est principalement attribuée à l’inactivité économique dans les secteurs liés au tourisme », observe la Chambre de Commerce.
Triple déficit : Dans son rapport, la Chambre de Commerce met en exergue l’économie mauricienne qui est confrontée au triple défi de contenir son déficit budgétaire, le déficit du compte courant et l’écart entre l’épargne et l’investissement. « La dépendance excessive du pays à l’égard des importations est également une source de préoccupation qui doit être traitée. »
Déficit budgétaire | Prévision de 5,6 % du PIB pour 2020/2021. |
Déficit du compte courant | Il s’élevait à Rs 54,4 milliards au 31 décembre 2020 contre Rs 25,6 milliards en 2019. |
Déficit de la balance courante | Il est passé de 5,1 % du PIB à 12,6 % du PIB en raison de la fermeture de la frontière, qui a eu un impact considérable sur les recettes du tourisme et des voyages. |
Le saviez-vous ?
L’écart entre l’épargne et l’investissement estimé à Rs 41,6 Md
L’épargne intérieure brute est en baisse constante depuis 2008. Le taux d’épargne intérieure brute le plus élevé enregistré à Maurice était en 1986, représentant 28,6 % du PIB, suivi de 21,1 % en 2007. L’épargne intérieure brute a fortement chuté pour atteindre 8,2 % du PIB en 2020. La même tendance est notée au niveau du Gross Fixed Capital Formation qui représente les investissements publics et privés. Le Gross Fixed Capital Formation en pourcentage du PIB a chuté de 19,6 % en 2019 à 17,9 % en 2020. Autre donnée : l’écart entre l’épargne et l’investissement s’est établi à 9,7 % du PIB pour 2020, estimé à Rs 41,6 milliards.
Extraits du rapport à retenir
- « Maurice est sur la voie de la reprise avec la réouverture complète des frontières et l’absence d’obligations de quarantaine à partir du 1er octobre, mais il existe plusieurs déficiences et faiblesses structurelles qui doivent être traitées et des réformes à être entreprises pour renforcer la résilience et la durabilité ; stimuler la productivité ; et surtout, aider les gens à s’adapter au changement. »
- « Un effort collectif entre le secteur public et le secteur privé est essentiel pour assurer une mise en œuvre efficace de la nouvelle politique industrielle 2020-2025 et créer la deuxième révolution industrielle à Maurice. En outre, il convient d’encourager les opportunités d’investissement dans les nouveaux secteurs d’avenir, tels que l’économie bleue et les énergies renouvelables et de positionner Maurice en tant qu’économie de la connaissance dans le but d’exporter son expertise, ses connaissances et son expérience sur le continent africain. »
- « 53 ans après son indépendance, l’île Maurice se trouve une fois de plus à la croisée des chemins. Le contexte actuel appelle à un changement de paradigme en termes de mentalité. Les individus, les ménages, les entreprises et, surtout, le gouvernement, doivent se conformer à des dépenses prudentes et à une discipline financière. Avec la baisse substantielle des recettes, la solution réside dans la discipline financière et donc dans le rôle prépondérant du ministère des Finances qui doit non seulement donner le ton, mais aussi veiller à l’application stricte des directives financières. C’est à nous, les autorités et le secteur privé, d’amener le peuple mauricien, en tant que nation, à relever les défis et à sortir plus fort de la pandémie. »
VITE DIT
- Fin des aides du gouvernement : Un large éventail de mesures (allégements fiscaux, garanties de prêt, programme d’aide salariale) a été mis en place pour atténuer l’impact de la chute des revenus sur les ménages et les entreprises. Ces mesures, qui sont en vigueur depuis avril 2020, devraient disparaître progressivement à partir d’octobre 2021. « Il est impératif pour le gouvernement de planifier et d’initier une transition en douceur par rapport à la fin du soutien économique », recommande la Chambre de Commerce.
- Politique monétaire : La politique monétaire devra également rester accommodante jusqu’à ce qu’une reprise économique significative soit atteinte, avance la Chambre de Commerce. Pour l’institution, une inflation stable et des marchés financiers stables doivent rester la priorité absolue de la Banque centrale.
- Dépréciation de la roupie : La Chambre de Commerce est catégorique : il est urgent de corriger les déséquilibres des marchés et de stabiliser la valeur de la roupie. Malgré l’intervention de la Banque de Maurice sur le marché des changes, il y a eu une dépréciation significative de la roupie, souligne la Chambre de Commerce. « L’année de la pandémie a entraîné une dépréciation de 22,7 % par rapport au dollar, la valeur d’un dollar passant de Rs 35,20 en janvier 2020 à Rs 43,20 au 30 juin 2021. Le résultat a été destructeur pour la compétitivité des entreprises mauriciennes, avec une augmentation exorbitante des coûts du fret », déplore l’institution.
- Dépenses publiques : Les dépenses publiques ont été importantes et se sont répercutées sur les dettes qui s’élèvent à 95 % du PIB à la fin de juin 2021. Par conséquent, fait ressortir la Chambre de Commerce, le gouvernement est actuellement confronté à un trilemme économique (1) contenir le niveau de la dette, (2) adopter une politique fiscale expansionniste pour soutenir la reprise et (3) élargir et consolider les protections sociales. « Il est primordial pour le gouvernement de trouver un juste équilibre entre ses objectifs et donc de garantir la prudence financière tout en fournissant les stimuli économiques nécessaires pour relancer la croissance avec la réouverture complète de nos frontières en octobre prochain », recommande la Chambre de Commerce.
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