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Recrutement de spécialistes étrangers : interrogations sur le rôle du ministre de la Santé 

Le recrutement de médecins spécialistes par le ministre de la Santé suscite la polémique.

« Le ministre de la Santé et du bien-être sera autorisé à recruter des spécialistes étrangers pour exercer dans les hôpitaux publics ». Cette phrase, figurant dans l’annexe du Budget 2024-25, a fait sourciller diverses associations de médecins. Cette démarche ne cadre pas avec le rôle du ministre de la Santé, disent-elles.

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«Afin de renforcer la capacité du secteur de la santé publique à fournir des services de haute qualité et à protéger la santé de tous les citoyens, le ministre de la Santé et du bien-être sera autorisé à recruter des spécialistes étrangers pour exercer dans les hôpitaux publics. » Cette phrase, qui figure à la section B10 (p. 35) de l’annexe du Budget 2024-25, suscite des interrogations. Il serait « grave » qu’un ministre de la Santé puisse procéder au recrutement de spécialistes étrangers, font ressortir le Dr Meetheelesh Abeeluck de la Government Medical and Dental Officers Association (GMDOA) et le Dr Bhooshun Ramtohul de la Government Medical Consultant in Charge Association (GMCiCA). Le Dr Vinesh Sewsurn considère, pour sa part, que des mesures auraient dû être prises afin de retenir nos professionnels de santé.

Selon le Dr Abeeluck, cette mesure va à l’encontre des procédures normales. « Ce n’est pas la prérogative du ministre de faire le recrutement. C’est une procédure administrative », fait-il comprendre. Faute de précision à cet effet, il espère qu’il s’agit d’une erreur de frappe, car le recrutement se fait par le ministère avec le Senior Chief Executive (SCE), qui lance un appel international pour les candidats étrangers, explique le président de la GMDOA. Pour lui, il appartient au Medical Council, au ministère de la Santé et à la Public Service Commission (PSC) de gérer ces questions. « Comment ce pouvoir peut-il être donné au ministre, et comment peut-il surpasser toutes ces institutions ? » se demande-t-il.

Le Dr Ramtohul ajoute que cette démarche peut s’avérer dangereuse sans une structure adéquate pour procéder à une évaluation des spécialistes que le gouvernement se propose de recruter. Il rappelle qu’il y a quelques années, une délégation de cadres du ministère de la Santé s’est rendue en Inde pour recruter des médecins, mais cela s’est soldé par un échec, selon lui. Il estime que le « package » qui leur a été proposé n’était pas attractif. 

Le président de la GMCiCA impute cette situation au département des ressources humaines du ministère de la Santé, qui fait face à des difficultés. « Le département aurait dû prévoir le nombre de spécialistes dont le système de santé aurait besoin avec tous les développements en cours et faire un plan pour la formation à cet effet », est-il d’avis. Pour lui, si des spécialistes doivent être recrutés, ils doivent être des professionnels de santé de haut niveau.

Le Dr Ramtohul plaide également pour une standardisation des médecins et craint, comme le Dr Vinesh Sewsurn, président de la Medical and Health Officers Association (MHOA), que se pose la barrière de la langue avec les médecins étrangers, notamment dans le département des urgences. Il souligne que les autorités procèdent à la construction d’hôpitaux et de divers centres de santé, mais ne recrutent pas suffisamment de personnel, comme l’a fait remarquer le Dr Abeeluck. « On doit recruter et former les officiers, qu’ils soient infirmiers, médecins ou paramédicaux. On aurait dû prendre des mesures afin de retenir nos professionnels de santé. Avec le nombre grandissant de cliniques privées, on fait face à un exode », fait-il ressortir.

Mesures incitatives

Le Dr Sewsurn ajoute que les nouveaux diplômés ne sont pas intéressés par le service de santé publique. « Il aurait fallu proposer des mesures pour les motiver à rejoindre ou rester dans le système de santé publique », avance-t-il. Le président de la MHOA pense qu’il ne faut surtout pas revenir à la situation du début des années 2000, lorsque des médecins étrangers étaient en poste et où la population souffrait de la barrière de la langue. « On doit faire confiance à nos jeunes médecins généralistes et leur donner toutes les opportunités nécessaires pour se spécialiser dans les domaines requis par le ministère », dit-il.

Une source au Medical Council indique que le service de santé publique n’a malheureusement pas assez de médecins spécialistes pour couvrir tous les recoins du service public. « Recruter des spécialistes étrangers sous contrat devient nécessaire pour pallier le manque de médecins », affirme-t-il.

L’enregistrement des médecins passe par le Medical Council. Si les médecins étrangers n’arrivent pas à passer l’examen du Post Graduate Medical Examination Board, ils ne peuvent exercer à Maurice. La PSC ne les emploiera pas. C’est le ministère de la Santé qui les emploiera sous contrat d’un an ou de deux ans, renouvelable, précise notre source au Medical Council.

  • LDMG

 

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