Le constat dressé est sévère. Dans son rapport annuel 2018-19 qui a récemment été approuvé par le comité parlementaire de l’Independent Commission against Corruption (Icac), l’instance de lutte contre la fraude et la corruption déplore la mauvaise foi de certains. À la page 45 du document, elle s’insurge contre « le manque de collaboration et de soutien de certains ministères et organismes parapublics pour intégrer des mécanismes d’anticorruption dans leur système ».
Publicité
L’Icac déplore aussi que ceux-ci ne soient pas très enclins à conscientiser leurs employés sur les dangers de la corruption. Ceci est considéré comme étant « de gros obstacles dans le combat contre la corruption ». La commission anticorruption note également un manque de volonté de la part des organismes parapublics pour « prendre les mesures appropriées » pour amender et remettre à niveau leurs procédures internes afin de les rendre hermétiques à toute tentative de corruption.
Le secteur privé n’est pas non plus sans reproche. Selon l’Icac, le combat contre la corruption n’est pas nécessairement une priorité pour elles.
Autre challenge majeur identifié par la commission anticorruption : amener les agences engagées dans la lutte contre la fraude et la corruption à travailler ensemble. C’est dans cet esprit que le directeur général de l’Icac, Navin Beekarry, plaide pour la création de la Financial Crime Agency qui les regrouperait tous.
La vigilance doit toujours être de mise, car les occasions de s’adonner à des pratiques corrompues sont nombreuses dans le secteur public. L’Icac donne quelques exemples dans son rapport. Elle fait mention d’une « collusion criminelle » entre médecins impliqués dans les procédures d’évaluation des appels d’offres et des fournisseurs d’endoprothèses utilisées en cardiologie.
« Des fournisseurs sélectionnés ont eu des contrats du ministère de la Santé pour fournir des endoprothèses à Rs 80 000 l’unité. Les mêmes médecins utilisaient des endoprothèses coûtant Rs 30 000 dans le privé. De plus, il nous a été rapporté que des médecins spécialistes dressaient des spécifications pour du matériel médical afin de favoriser d’autres médecins et recevaient des vacances à l’étranger en retour. » Des arrestations ont été faites dans cette affaire.
Le privé n’est pas en reste. Une enquête sur un cas de blanchiment d’argent a permis de révéler qu’un hypermarché de premier plan a commis une fraude de quelque Rs 50 millions étalée sur une période de cinq ans.
Pour l’année couverte par le rapport, 59 dossiers ont été envoyés au bureau du Directeur des poursuites publiques qui a recommandé « no further action » pour 31 d’entre eux. En Cour intermédiaire, l’Icac a gagné huit affaires et elle en a perdu neuf. Dix personnes ont été condamnées. Quatre-vingt-sept accusations provisoires ont été dressées et 25 cas logés en Cour intermédiaire. L’Icac a aussi recommandé des actions disciplinaires contre des fonctionnaires auprès de la Mauritius Bar Society, de la Mauritius Revenue Authority, des administrations régionales et du ministère de l’Industrie, du commerce et de la protection des consommateurs.
Pour l’année financière se terminant au 30 juin 2019, la commission anticorruption disposait d’un budget de Rs 196,2 millions. De cette somme, Rs 153,4 millions ont servi à payer les employés et Rs 25,1 millions pour financer des dépenses administratives. Au total, Rs 202,8 millions ont été dépensées. Le déficit pour l’année financière a été de Rs 6,7 millions. Pour l’année précédente, il se chiffrait à Rs 11,8 millions.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !