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Questions à Abdool Rahim Bukus : «Il y a trop de moutons à la MFA»

Membre du comité exécutif de la Mauritius Football Association (MFA), Abdool Rahim Bukus ne mâche pas ses mots envers ses collègues. Dans l’entretien qui suit, le président d’Upper Vale Starlight déplore les agissements au sein de la fédération et plaide pour un changement. 

Des allégations de voyeurisme ébranlent actuellement la MFA. Quel est votre sentiment en tant que membre du comité exécutif ?
Je condamne fermement ces actes de voyeurisme s’ils sont avérés. Ce sont des choses qui n’ont pas leur place dans le football. Il y a une enquête policière en cours. Ce n’est qu’après que nous saurons ce qui s’est vraiment passé. Cependant, je me pose des questions sur l’annonce de la démission du secrétaire général, Didier Pragassa, suivant l’éclatement de cette affaire. Il a, certes, évoqué des raisons de santé dans sa lettre de démission, mais c’est très étrange.

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L’image du football local prend un sérieux coup avec cette affaire qui a été relatée dans la presse internationale. Qu’en pensez-vous ? 
Ces allégations de voyeurisme donnent une mauvaise image du football mauricien. Cependant, il y a aussi des mensonges qui ont été rapportés. Cette affaire ne concerne pas les toilettes qui se trouvent dans les vestiaires des footballeuses. D’après la secrétaire administrative, ce sont dans les toilettes des femmes du quartier général de la MFA que les choses se seraient déroulées. Il ne faut pas tout mélanger. 
La MFA a mis sur pied un Fact-Finding Committee et a procédé à l’installation de caméras à la Sepp Blatter Football House, à Trianon. Pensez-vous qu’il y a un manque de réactivité de la part de la fédération ?
J’ai appris qu’il y a eu une enquête interne avant que la plainte ne soit consignée à la police. Ce qui est dommage, c’est le manque de transparence de la part de la MFA. En tant que membre du comité exécutif, j’ai appris ces allégations de voyeurisme à travers les médias. Pour ce qui du Fact-Finding Committee, on verra ce que cela donnera. Concernant les caméras, c’est un « must » de nos jours.

Dans la foulée, Vinod Busviah et Barlen Sengayen, deux de vos collègues au sein du comité, ont démissionné. Comptez-vous faire de même ? 
Je suis les choses de très près. Pour le moment, je n’ai rien décidé.  

Les deux démissionnaires pointent du doigt la mauvaise gestion, un manque de professionnalisme, mais aussi un langage inapproprié au sein de la MFA. Est-ce vrai ?
Oui. Ce sont bien des choses qui se déroulent au sein du comité exécutif de la MFA. Parfois, avant même une réunion, des décisions ont été déjà prises. Celles-ci sont seulement ratifiées par le comité. Malgré ces agissements, certains membres préfèrent se taire. Il y a trop de moutons à la MFA. 

Vous cautionnez pourtant cette situation, car vous êtes à la MFA depuis sept ans. Que répondez-vous ?
Je fais entendre ma voix quand il y a quelque chose à dire. À plusieurs reprises, j’ai pensé à claquer la porte. Mais, après mûre réflexion, j’ai finalement fini par rester. Cela n’avancera à rien si je démissionne. Comme me l’a dit un proche, un combat se déroule à l’intérieur du ring, et non en dehors. 

Avant même ces allégations de voyeurisme, la MFA était la cible de nombreuses critiques. Croyez-vous qu’il soit temps d’apporter du changement ?
Exactement. Le système en lui-même doit changer. Certains membres sont au sein du comité directeur uniquement pour leurs intérêts personnels. Et, c’est dommage. Il faut des personnes qui veulent vraiment travailler pour la progression du football mauricien.  

Samir Sobha en est à son dernier mandat comme président. Pensez-vous qu’il soit la source de ces problèmes ?
Pas totalement. Le président a beaucoup de projets. Je dirai plutôt que Samir Sobha est mal conseillé. Toutefois, au final, il doit savoir discerner ce qui est bon et ce qui est mauvais. Lors de son premier mandat, il a réalisé beaucoup de choses, comme le lancement de la ligue professionnelle, par exemple. Mais, le bilan de son deuxième mandat est très maigre, voire nul.

Serez-vous candidat aux élections l’année prochaine ?
Oui, mais ce sera avec une nouvelle équipe. Il ne faut pas seulement penser au pouvoir. Le prochain président et son comité auront pour mission de redorer le blason du football local. 

Avez-vous déjà en tête un plan pour insuffler un nouveau souffle au football local ? 
Nous travaillons sur un projet. Il est en passe d’être complété. Pour le moment, je ne peux pas en dire plus. 

Le système en lui-même doit changer. Certains membres sont au sein du comité directeur uniquement pour leurs intérêts personnels."

Les footballeurs se sentent laissés pour compte et souhaitent avoir un représentant à la MFA. Est-ce une bonne idée ? 
Je ne suis pas contre. Les joueurs doivent apporter leur contribution, car ce sont eux les acteurs de la discipline. Cependant, certains doivent se montrer beaucoup plus disciplinés sur et en dehors du terrain.  
Le ministère de l’Autonomisation de la jeunesse, des Sports et des Loisirs suit de loin ce qui se passe à la MFA. Avez-vous l’impression que le gouvernement craint d’agir par peur d’une suspension de la FIFA ? 
Le gouvernement se doit d’agir. Elle aide énormément les clubs avec la « regionalisation grant ». Sans cette allocation, les équipes ne pourraient pas disputer les différents championnats nationaux. Le ministère a son mot à dire sans pour autant s’ingérer dans les affaires de la fédération. Même la FIFA doit être mise au courant de ce qui se passe au sein de la Mauritius Football Association. 

En juillet dernier, la MFA a déclaré « blanche » la saison 2020-21. En tant que président d’Upper Vale Starlight, comment avez-vous accueilli cette décision ?
C’est décourageant. Cela fait trois saisons que nous sommes privés de promotion dans la Super League. Lors de la saison 2018-19, il y a eu les allégations de match truqué entre l’Entente Boulet-Rouge et Grande-Rivière-Sud-Est Wanderers. Ce qui nous a porté préjudice. Puis, il y a eu les deux dernières saisons annulées en raison de la Covid-19. Tous nos sacrifices et nos investissements sont tombés à l’eau. 

La MFA affirme avoir envoyé une lettre pour une extension de la saison 2020-21 à la FIFA. Avez-vous pris connaissance de cette correspondance ? 
Oui, la lettre a été circulée lors du Managing Committee, le jeudi 15 juillet. Mais, jusqu’à présent, il n’y a pas eu de réponse.  

La vaccination obligatoire dans le protocole sanitaire établi par la fédération fait débat. Quel est votre point de vue sur cette mesure ? 
La vaccination pourrait éviter une nouvelle annulation de la saison. Certes, le vaccin n’évite pas la propagation du virus, mais c’est la « new normal » désormais. De plus, un test PCR est très coûteux. Combien d’équipes pourront débourser une telle somme avant chaque rencontre ? Le seul souci est la vaccination pour les joueurs âgés de moins de 18 ans. Le sujet sera certainement débattu prochainement. 

 

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