
À partir de janvier 2026, les écoles préprimaires privées percevront Rs 2 750 par enfant chaque mois, remplaçant le remboursement de leurs coûts opérationnels. Les responsables devront couvrir eux-mêmes les diverses charges. Cette annonce, issue du dernier budget, a surpris beaucoup de monde, notamment par son timing.
Le Free Pre-Primary Education Scheme prend fin à la fin de cette année. À partir de janvier 2026, les responsables des pré-scolaires privées recevront Rs 2 750 mensuellement. De plus, ils devront encourir les autres frais qui permettent le bon fonctionnement d’un établissement comme le salaire et le loyer, entre autres. Toutefois, nous apprenons que les détails opérationnels restent à finaliser.
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Notons que cette mesure concerne uniquement les parents qui choisissent une école préscolaire privée. Les autres familles pourront inscrire leur enfant dans l’une des unités rattachées aux écoles primaires publiques, aux Conseils de district ou aux municipalités.
Les écoles subventionnées dans l’incertitude
Après l’annonce en exclusivité dans Le Défi Quotidien du 10 octobre dernier, de la fin de la gratuité à partir de janvier 2026, la présidente de la Grant-In-Aid Pre-Primary School Management Association (GIAPPSMA), Malini Poonoosamy, tire la sonnette d’alarme. Dans un message adressé aux membres de l’association, elle appelle à la vigilance, à la patience, mais surtout à un dialogue urgent avec les autorités.
Cette communication fait suite à l’annonce faite par le gouvernement lors du discours budgétaire en juin 2025, qui prévoit la suppression de la gratuité de l’enseignement pré-primaire dès janvier 2026. Une décision qui, selon elle, soulève de nombreuses interrogations et suscite une vive inquiétude dans le secteur éducatif. « Nous attendons toujours un communiqué officiel de l’Early Childhood Care and Education Authority (ECCEA) ou du ministère de l’Éducation », précise-t-elle.
À ce jour, aucune directive formelle n’a été transmise aux établissements concernés. Une situation qui pousse Malini Poonoosamy à solliciter une rencontre avec le Vice-Premier ministre, Paul Bérenger, afin d’obtenir des éclaircissements.
Elle explique que le programme Grant-In-Aid (GIA), qui permet à environ 421 écoles maternelles de fonctionner avec le soutien de l’État, est directement menacé par cette mesure. « Les inscriptions dans les écoles gouvernementales et municipales ont été clôturées le 30 septembre, et les capacités d’accueil sont déjà atteintes. Cette situation crée un vide préoccupant pour de nombreuses familles et établissements », dit-elle.
Trois axes de discussion ont été identifiés par la GIAPPSMA. Ce sont :
- Le positionnement du programme GIA face à la fin de la gratuité.
- L’impact direct sur les écoles, les parents et les élèves.
- Le non-respect du contrat de deux ans signé avec l’ECCEA, qui liait les établissements à l’État.
Malini Poonoosamy s’interroge aussi sur les questions suivantes :
- Quelles solutions seront proposées aux enfants qui n’ont pas obtenu de place dans les écoles publiques ?
- Quel avenir pour les écoles pré-primaires actuellement sous le régime GIA ?
- Qu’adviendra-t-il du personnel enseignant et administratif de ces établissements ? Beaucoup risquent de se retrouver dans une situation d’incertitude professionnelle.
Notre interlocutrice insiste sur la nécessité d’un dialogue direct avec les autorités gouvernementales. Elle souligne que cette décision pourrait affecter des milliers de familles, de propriétaires d’écoles, de gestionnaires et d’enseignants. Elle appelle donc à une résolution équitable, transparente et rapide.
Réactions
Marina, propriétaire d’une école à Rose-Hill, souligne que cette situation provoque l’inquiétude en ce moment. « Nous sommes presque à la fin du mois d’octobre. L’exercice d’enregistrement des enfants pour l’année scolaire 2026 a déjà commencé, d’autres ont fini cet exercice. Le problème est qu’à ce jour nous n’avons aucune communication formelle des autorités. Lorsque nous nous adressons à l’ECCEA, les responsables nous disent qu’ils ne savent rien à ce sujet. Comment devons-nous fonctionner sans information formelle ? », déplore-t-elle.
Selon ses prévisions, en déboursant Rs 2 750 par enfant, les autorités devront anticiper un budget conséquent. « Actuellement, l’allocation gratuite est distribuée qu’aux écoles se trouvant sous le ‘scheme’. Cependant, lorsqu’elle est destinée à tous les enfants, les autorités devront débourser davantage, ce qui lui reviendrait plus cher », fait-elle ressortir.
Nashreen, manager d’une école de la capitale, souligne qu’il faudra déterminer un budget de fonctionnement. Les parents devront alors compléter la somme après avoir reçu les Rs 2 750. Selon elle, ce montant ne suffira pas à assurer un fonctionnement optimal, et elle s’interroge sur la manière dont les écoles pourront s’organiser.
« Prenons l’exemple d’une école comptant au moins dix enfants. Il faut un manager, un enseignant, un assistant et un agent d’entretien, ainsi que couvrir les salaires, le loyer et les factures. Il faudrait environ Rs 6 000 par enfant. Mais tous les parents pourront-ils payer ? Je doute que ce soit le cas », dit-elle.
Rappel
La gratuité du préscolaire existe depuis janvier 2024. Pendant ces deux années, cette mesure avait été favorablement accueillie par les établissements privés. Selon les chiffres disponibles, pour 2025, 410 écoles sur 541 ont souhaité bénéficier du programme selon les conditions fixées par les autorités. Ils accueillaient 13 696 enfants. En 2024, on comptait 427 écoles qui assuraient l’accueil de 13 327 enfants.
À noter que cette mesure a permis aux managers d’avoir un salaire mensuel de Rs 35 000. Autre mesure : à partir de 2029, les managers devront obligatoirement être titulaires d’un « Diploma in Early Childhood Management ».
Importance de l’éducation préscolaire
Shyam Reedha, pédagogue et ancien directeur de l’Early Childhood Care and Education Authority (ECCEA), met l’accent sur l’importance de l’éducation de la petite enfance en 2025. Il souligne que l’éducation préscolaire, pilier du développement humain dès la naissance, s’impose comme un droit fondamental. Dans une perspective de droits humains, garantir un accès élargi à un apprentissage de qualité dès les premières années constitue une étape essentielle vers une éducation tout au long de la vie.
« Selon l’UNESCO, la tranche d’âge allant de la naissance à 8 ans est marquée par un développement cérébral intense, offrant une fenêtre d’opportunité décisive pour l’apprentissage. Des enfants en bonne santé, en sécurité et bien accompagnés dans leurs premières années sont mieux préparés à réaliser leur plein potentiel à l’âge adulte, tant sur le plan économique que social et civique », précise le pédagogue.
En 2025, l’éducation préscolaire est reconnue comme un levier indispensable du développement global de l’enfant. Shyam Reedha souligne qu’elle stimule les compétences sociales, cognitives et émotionnelles, tout en réduisant les inégalités. Ainsi, en offrant des chances équitables de réussite dès le plus jeune âge, elle prépare efficacement les enfants à l’entrée en école primaire et favorise des parcours scolaires plus solides.
« Par le jeu, les enfants acquièrent des compétences essentielles telles que le langage, la lecture, les mathématiques et la résolution de problèmes. Dans les centres préscolaires, le développement global de l’enfant, social, cognitif, émotionnel et physique est encouragé, influençant positivement ses apprentissages futurs. »
Il ajoute que les programmes renforcent également les compétences clés comme la langue, la lecture, l’écriture, les mathématiques, la créativité et la pensée critique. Ces centres offrent un environnement scolaire structurant, où les enfants apprennent à croire en leurs capacités, facilitant ainsi leur transition vers l’école primaire.
Shyam Reedha soutient que les études démontrent que les enfants ayant fréquenté l’école préscolaire ont davantage de chances de réussir leur parcours scolaire, avec moins de risques de redoublement ou d’abandon.
Sur le plan social, il avance que l’éducation préscolaire joue un rôle majeur dans la réduction des inégalités, en garantissant des opportunités de réussite indépendamment du milieu d’origine. Elle permet de combler les lacunes d’apprentissage chez les enfants issus de milieux défavorisés. Elle favorise aussi le développement social, en aidant les enfants à se situer comme individus dans un groupe, à partager, à collaborer et à respecter les règles.
Selon le pédagogue, à long terme, les bienfaits sont tangibles, car les individus qui ont bénéficié de l’éducation préscolaire participent à la construction de sociétés plus pacifiques et d’économies florissantes.
La pédagogie Montessori
Charon Potié, pédagogue et praticienne de la relation d’aide, met en lumière la méthode Montessori. C’est une approche éducative qui, selon elle, répond aux besoins fondamentaux des enfants âgés de 3 à 5 ans. À cet âge, l’enfant explore son environnement, développe sa curiosité naturelle, affine sa motricité, enrichit son langage et fait ses premiers pas dans la socialisation. C’est aussi une période où l’éducation doit conjuguer bienveillance, structure et stimulation.
Conçue au début du XXe siècle par la docteure italienne Maria Montessori, cette méthode repose sur un principe fondateur : « Aide-moi à faire seul. » Plutôt que d’imposer un cadre rigide, l’éducateur accompagne l’enfant dans un environnement soigneusement aménagé, où chaque activité vise à renforcer l’autonomie, la concentration et l’estime de soi.
Les classes Montessori sont pensées pour favoriser la liberté de choix : les enfants sélectionnent leurs activités selon leurs envies et leurs besoins. Le mobilier est adapté à leur taille, les outils pédagogiques sont à portée de main, et le respect du rythme individuel constitue une règle essentielle.
À cet âge, l’apprentissage passe avant tout par les sens. Les matériaux Montessori sont conçus pour stimuler simultanément la motricité, la logique, la mémoire et la créativité. Chaque objet a une fonction précise : affiner les perceptions, structurer la pensée et poser les bases de l’apprentissage académique — lecture, écriture, mathématiques — sans pression ni esprit de compétition.
La méthode Montessori se distingue par sa capacité à favoriser un développement intégral de l’enfant. Sur le plan intellectuel, elle encourage l’observation, l’analyse et la résolution de problèmes. Sur le plan émotionnel, elle cultive la confiance, la maîtrise de soi et la satisfaction de réussir par soi-même.
Dans une classe Montessori, l’éducateur n’est pas un maître, mais un guide attentif. Il observe, soutient et valorise chaque progrès, même minime. Cette relation de confiance instaure un climat sécurisant, propice à l’exploration, à l’erreur et à la persévérance.
Au quotidien, les enfants se montrent plus sereins, plus concentrés et surtout plus enthousiastes à l’idée d’apprendre.
Loin d’être une simple méthode scolaire, Montessori est une véritable philosophie de vie. Elle transmet dès le plus jeune âge les valeurs de respect, d’ordre, d’effort et d’autonomie. En permettant à l’enfant de grandir à son rythme, dans un cadre stimulant et bienveillant, elle lui offre les fondations nécessaires pour devenir un adulte équilibré, curieux et épanoui.
Décision qui fait bondir les internautes
L’annonce de la fin de la gratuité de l’enseignement préprimaire a déclenché une vague d’indignation sur les réseaux sociaux. En l’espace de quelques heures, plus de 2 000 commentaires ont été recensés.
La majorité des internautes n’ont pas mâché leurs mots. Nombreux sont ceux qui fustigent la décision du gouvernement, qu’ils jugent injuste et précipitée. Certains vont jusqu’à prédire un sombre avenir pour le pays, affirmant que, si de telles mesures persistent, l’île Maurice pourrait connaître un sort similaire à celui de l’Inde ou de Madagascar, marqué par une pauvreté extrême.
La colère est d’autant plus vive que beaucoup y voient une trahison de l’Alliance du changement. « C’est une déception totale », peut-on lire à plusieurs reprises dans les commentaires. Pour ces citoyens, la promesse d’un accès équitable à l’éducation semble aujourd’hui compromise.
D’autres voix s’élèvent pour exprimer leur inquiétude face aux conséquences financières de cette décision. « Comment allons-nous faire si nous devons aussi payer pour l’éducation de nos enfants ? », s’interroge un parent. L’argument le plus souvent avancé : si l’éducation est gratuite au primaire et au secondaire, elle devrait l’être également au préprimaire, considéré comme une étape essentielle dans le parcours éducatif.
Enfin, la question du financement des salaires dans les établissements concernés suscite également des interrogations. Enseignants et Managers du secteur se demandent qui prendra en charge les coûts, notamment en ce qui concerne le respect du salaire minimum.


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