Testé positif depuis une semaine, un enfant de 11 ans souffre et son état se détériore. Son père lance un appel au secours. Il demande qu’ils soient placés dans un centre de traitement. Cependant son appel n’a pas été entendu jusqu’à présent. Il avance qu’il commence se sentir très faible et craint le pire.
Il est 22 heures le mercredi 1er septembre, lorsque nous recevons l’appel de détresse de Mohabeer (prénom fictif), un habitant de la capitale. Il est essoufflé et a la toux. Il s’exprime avec un peu de difficulté parce qu’il se sent mal et parce qu’il répète la même chose depuis quelques jours.
« Mon fils a été testé positif à la Covid-19 depuis le jeudi 26 août et à chaque fois que j’appelle, on me dit de me préparer et qu’une ambulance va passer nous prendre. Cependant nous sommes toujours à la maison. Mon fils ne va plus très bien et moi aussi je commence à me sentir mal. Je ne sais plus quoi faire, car nous sommes seuls à la maison. »
La panique s’entend dans sa voix. Il est difficile de trouver les bons mots pour le calmer. Nous lui rappelons toutes les informations qui ont été communiquées par le ministère dans les médias. Mais il connait déjà tous les numéros de contact par cœur et en sait un rayon sur la Covid-19 et les consignes y relatives. « Toute cette connaissance et les infos ne suffisent pas si le service derrière ne suit pas », avance-t-il.
Le jeudi 26 août, il avait emmené son fils, Khalil (prénom fictif), 11 ans, passer un test PCR. « Mon frère et sa femme avaient été testés positifs et comme nous les avons rencontrés le dimanche précédent, nous sommes allés faire le test par mesure de précaution. »
Lorsque les résultats tombent, Mohabeer apprend que seul Khalil est positif. « Les médecins nous ont expliqué qu’il devra se rendre en quarantaine, mais comme il est mineur, il faut qu’il soit accompagné par un adulte. Comme ma femme et moi sommes divorcés et qu’elle a la garde de l’enfant, je l’ai mis au courant de la situation. Et elle m’a dit qu’elle ne pourra pas l’accompagner en quarantaine. »
Mohabeer qui travaille à son compte, informe tout de suite ses clients de la situation et explique qu’il devra rester avec son fils pour son traitement.
Une fois chez eux, les deux se préparent. « Cependant lorsque j’ai appelé, ils m’ont dit que le transport passerait le lendemain ou le surlendemain ou peut être dimanche si les ambulances ne sont pas disponibles. Je leur ai dit de me tenir au courant. »
Cependant, les jours ont passé et personne n’a pris contact avec le père de famille pour s’enquérir de sa situation. « Je ne sais pas combien de fois j’ai appelé la hotline. À chaque fois, c’est une personne différente qui répond à l’appel et il faut recommencer toutes les explications. »
Mais Mohabeer ne lâche pas l’affaire et continue à appeler. « Je vois mon fils devant moi qui ne va pas bien. Le jour où il a été testé positif, il n’avait pas de symptômes. Mais au fils des jours, sa situation a empiré. Il a commencé à avoir des maux de tête, mal à la gorge, des courbatures, de la diarrhée et la toux. »
« Il ne cesse pas de me dire qu’il a mal. » Mohabeer explique aussi qu’il a bien tenté de suivre les consignes des autorités au début. Mais il est seul à prendre soin de son fils. « J’ai mis un matelas au sol pour ne pas être trop loin de lui. »
Sans médicaments
Mohabeer explique qu’à un certain moment, il n’avait plus de médicaments. « J’étais à bout, je ne savais plus quoi faire. J’ai suivi les instructions à la lettre et je ne suis pas sorti. » Ce ne fut pas sans conséquence. Très vite, il leur manque de la nourriture. Mohabeer se sent impuissant.
« Je suis très actif dans le social et pendant le confinement, je n’ai pas hésité à venir en aide à plusieurs personnes. Mais dès que mon fils a été testé positif, beaucoup de personnes se sont éloignées de nous. Évidemment, je ne m’attendais pas à ce qu’ils nous rendent visite. Mais ils auraient pu prendre de nos nouvelles et nous demander si on va bien. »
Comme, il n’avait plus de provisions et qu’une partie de ses proches étaient en quarantaine, il a dû solliciter l’aide d’autres membres de la famille pour leur demander de déposer des provisions devant la porte.
Il ajoute que finalement au bout de plusieurs jours une ambulance est arrivée. « Les médecins m’ont dit que selon eux mon fils devait être mis en observation. Cependant, ils ne pouvaient rien faire. Je leur ai dit de me faire un test PCR, ils n’en avaient pas. Ils ont dit que c’est une autre unité qu’il faut contacter. J’avais la tension artérielle élevée et ils ont recommandé que je sois hospitalisé au plus vite. J’ai demandé si mon fils pouvait avoir une place en salle de traitement. Ils m’ont répondu que ce n’était pas possible qu’il m’accompagne à l’hôpital et qu’ils ne s’occupaient pas des admissions. Bref, personne ne savait quoi faire. »
Par contre, Mohabeer, ajoute que les médecins lui ont fait signer un formulaire pour expliquer son refus de se rendre à l’hôpital. « Si ena zis mwa ek mo garson dan lakaz e ki minister pa pe rod ed nou kouma mo kapav les mo zanfan tousel la ek mo admet mwa akoz tension. Donk monn oblize sinye. »
Aspect psychologique
Mohabeer ajoute qu’il ne faut pas négliger l’impact du virus sur la santé mentale de l’enfant. « Je vois mon fils complètement différent. » Il explique que Khalil est un enfant actif et qu’il a commencé à s’énerver.
« Il avait un comportement bizarre. Un jour, il a commencé à taper dans un ballon de football et a brisé plusieurs objets dans la maison. J’ai dû l’emmener sur la terrasse pour jouer un peu avec lui. »
Il ne cesse de demander à son père ce qui va se passer. « Li dir mwa papa eski mo pou touzour parey apre. » Il a peur d’être stigmatisé à l’école et dans le voisinage. Il fait des cauchemars et il est très inquiet. Il est dommage que personne ne s’inquiète de cette situation et ne propose un service pour rassurer cet enfant », fait-il observer.
La rédaction a pris contact avec le ministère de la Santé. Un préposé a avancé qu’il appellerait immédiatement le père de famille. À l’heure où nous mettions sous presse, les deux personnes étaient toujours chez eux à attendre des soins.
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