Pierre Fournier : «Le bien-être au travail intéresse peu de sociétés à Maurice»

Il n’y a pas de performance économique sans performance sociale. C’est l’avis de Pierre Fournier, partenaire mauricien du cabinet Great Place to Work. Dans cet entretien, il parle de l’objectif de l’institut. Il fait aussi un tour d’horizon sur la façon d’opérer des entreprises à Maurice.

Parlez-nous de Great Place To Work ?
L’institut Great Place to Work est un cabinet de conseil en management et ressources humaines, expert mondial du bien-être au travail. Sa mission : bâtir une société meilleure en aidant les entreprises à transformer durablement leur environnent de travail.

Great Place to Work mène des recherches et reconnaît les meilleures entreprises dans plus de 51 pays. Les résultats d’enquêtes, représentant quelque 12 millions de salariés dans plus de 10 000 entreprises ou organisations publiques, sont à la base d’études les plus respectées du monde portant sur les entreprises d’excellence, le management et le rôle de la confiance dans la culture d’entreprise.

L’institut réalise aussi des missions de conseil et de formation. L’objectif étant d’accompagner les entreprises à améliorer le niveau de confiance que leur accordent les salariés et construire des environnements de travail performants.

Qu’est-ce qui a motivé l’organisme à s’installer et à offrir ses services à Maurice ?
Avoir l’expérience du monde des entreprises à Maurice comme à l’international me permet de comprendre leurs enjeux et leurs problématiques. En tant que témoin privilégié de l’évolution du bien-être au travail, je constate quotidiennement qu’il n’y a pas de performance économique élevée sans performance sociale.

Impliqué personnellement et professionnellement depuis de nombreuses années dans la société mauricienne, ma contribution a été de convaincre Great Place To Work d’apporter son expertise non seulement aux organisations mauriciennes mais aussi à toutes celles de l’océan Indien. Je suis ainsi devenu Great Partner et le représentant de l’institut à Maurice.

Quel est votre constat sur le fonctionnement des entreprises ?
Elles ne sont pas nombreuses à s’intéresser vraiment au bien-être au travail. Même si des progrès significatifs ont été accomplis, nous portons encore aujourd’hui un message trop peu entendu, à savoir que l’entreprise peut être positive et vecteur de changement.

Il existe effectivement à Maurice de plus en plus d’entreprises où il fait bon travailler, des entrepreneurs qui ont à cœur de favoriser des environnements de travail sains et propices au développement de chacun, des organisations qui osent la transformation culturelle en profondeur et la remise en cause des modèles établis et obsolètes.

Nous les accompagnons, plus nombreuses et engagées que jamais.

Quelles sont les lacunes des entreprises mauriciennes ?
Les premières enquêtes et analyses ainsi qu’un benchmark local font apparaître un fort sentiment d’appartenance, voire de fierté des collaborateurs vis-à-vis de leur entreprise. Toutefois, les principaux axes d’amélioration reposent sur la crédibilité de certains managers, ainsi que le respect et l’équité vis-à-vis de leurs collaborateurs. Le manque de confiance et de sens donné à son travail sont les principaux freins aux performances attendues.

Comment peuvent-elles s’améliorer ?
En recueillant l’avis des salariés… Quel meilleur moyen de mettre l’humain au centre que d’écouter ses salariés ? La confiance est le principal moteur de la performance économique. Nous considérons que la prise en compte concrète et sincère du bien-être des salariés ne doit pas être vue que comme une fin. C’est aussi un moyen pour créer de la croissance.