Economie

Perspectives et analyses : sous quel jour se dévoileront les finances de l’État?

Pravind Jugnauth
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Le Premier ministre et ministre des Finances, Pravind Jugnauth, communiquera les indicateurs-clés pour l’économie nationale et la trésorerie publique. Croissance, déficit budgétaire et dettes publiques en sont des exemples concrets d’indicateurs qui interpelleront tant le grand public que les observateurs économiques. Le point sur la question, avec comme sources, les précédents discours budgétaires.

Évolution des indicateurs-clés

Année Croissance Déficit
2015/16 3.40% 3.50%
2016/17 3.90% 3.50%
2017/18 3.90% 3.20%
2018/19 4.10% 3.20%
2019/20 4.30% 3%
2020/21 4.50% 2%

La croissance et le déficit budgétaire sont deux indicateurs que prennent en considération analystes et observateurs économiques. Quand on parle de croissance, force est de constater que l’expansion économique supérieure à 4% peine à se concrétiser. Par exemple, en 2016/2017, le gouvernement a estimé que la croissance réelle devrait être de 5% pour l’année financière en cours. Mais cette progression serait de 4.1% quand on se base sur le dernier discours budgétaire. En ce qui concerne le déficit budgétaire (dépenses étatiques supérieures aux revenus), l’État est engagé dans un vaste programme d’investissements pour améliorer les infrastructures publiques et s’attendre à une baisse de cet indicateur ne devrait intervenir que dans le court terme, selon les estimations du ministère des Finances.

Emprunts nets du gouvernement

2017/18* Rs 19.93 milliards
2018/19* Rs 23.43 milliards
2019/20* Rs 20.14 milliards
2020/21* Rs 14.21 milliards

À voir les estimations du ministère des Finances – des données communiquées dans des documents annexes au discours budgétaire – on se dirige vers un ralentissement dans les emprunts du gouvernement central (excluant les corps parapublics). Le pic aurait été l’année financière avec des prêts nets de Rs 23.43 milliards à être remboursés sur une plus longue durée.

La taxe, une

En quatre ans, l’État s’attend à une progression de 38.5% dans les recettes générées par la taxe, passant de Rs 84.15 milliards en 2016/2017 pour atteindre Rs 116.57 milliards en 2020/21. Selon les données de la trésorerie publique, la taxe devrait compter pour quelque 85% pour l’ensemble des revenus en 2018/2019 (année se terminant au 30 juin).

Quelles taxes ?

Maurice jouit d’un régime fiscal presque unique, soit de 15% (tant sur les salaires, la profitabilité des entreprises et la taxe sur la valeur ajoutée). Que ce soit pour les estimations en 2018/2019 (année de référence pour ce texte) en 2020/21, la taxe sur la valeur ajoutée est la principale source de richesses. Une progression signifie que l’économie est en bonne santé. Un ralentissement soulèverait des questions.


Analyses

Dr Takesh Luckho économiste
Dr Takesh Luckho
Ganessen Chinnapen économiste en développement
Ganessen Chinnapen

Dr Takesh Luckho, économiste : « Un déficit budgétaire continu freine le progrès »

« On se retrouve avec un déficit budgétaire quand les dépenses de l’État sont supérieures aux revenus. Pour financer ces dépenses, l’État lève des fonds du marché, contribuant à une dette en hausse. Une dette contractée aujourd’hui est équivalente à une taxe future parce que tôt ou tard le ministère des Finances devra la rembourser et la majeure partie des revenus de l’État est générée par la taxe. Cette taxe est prélevée auprès des consommateurs, de la population. C’est le public qui paie. Un déficit budgétaire croissant signifie que la dette publique suivra la même tendance. Davantage de revenus seront consacrés aux paiements des intérêts et du capital. Dans la durée, si la tendance n’est pas freinée, c’est le développement et l’expansion économique qui en souffriront. N’empêche que nous devons reconnaître que le financement du déficit budgétaire se fait à partir de la dette locale. Le refinancement est donc plus facile. »

Ganessen Chinnapen, économiste en développement : « Croissance de 4% en 2019/2020 »

« L’économie mauricienne évolue dans un environnement global difficile, dominé par des tensions géopolitiques relatives au pétrole, la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine et le Brexit. De fait, la croissance de 4.1% en 2018/2019 ne serait pas atteinte. Ce n’est pas un échec en soi, parce que la croissance est toujours là en dépit des influences mondiales et l’absence de réformes structurelles majeures. On pourrait atteindre une expansion à 4% à partir de 2019/2020. En même temps, on devrait s’interroger sur le niveau d’investissements du secteur privé, alors que les taux d’intérêt ont chuté. De manière générale, on devrait s’atteler à réduire notre déficit commercial qui, au final, plombe l’économie dans son ensemble. »

 

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