Mohammad Elaheebucus, coiffeur bien connu à Port-Louis, lutte pour sa survie à l’unité des soins intensifs de l’hôpital Dr A.G. Jeetoo. Mercredi soir, l’octogénaire a été percuté par un motocycliste alors qu’il traversait la route juste devant son salon.
Le drame s’est joué en un éclair. Mercredi soir, vers 18h30, Mohammad Elaheebucus, affectueusement appelé Bhai Mamad, venait de sortir de la mosquée. Cet homme de 82 ans, coiffeur de profession, se rendait à son salon, situé route des Pamplemousses à Port-Louis. « Il devait y récupérer sa bicyclette pour regagner son domicile. Mais avant, comme à son habitude, il est venu nous saluer », raconte Shamina, une employée du fast-food Northern Fried Chicken, qui se trouve en face du salon de Bhai Mamad.
« Il fait très noir ici à la nuit tombée et il avait du mal à trouver la clé du cadenas de son salon. Je l’ai aidé et nous avons échangé quelques mots. Puis il s’est retourné pour traverser la route. C’est alors que l’accident s’est produit sous mes yeux », poursuit la jeune femme. Un motocycliste arrivait de Vallée-de-Prêtres et se dirigeait vers Plaine-Verte quand il a percuté le vieil homme.
« Sa motosiklet la inn vinn extra vit. Limem li pann kapav arete. Linn vinn an plin, linn tap ek Bhai Mamad », relate Shamina. Selon elle, l’impact a été si violent que le conducteur du deux-roues a été projeté à plusieurs mètres. « Bhai Mamad inn blese boukou. Sa zimaz la ankor dan mo latet », ajoute-t-elle.
« Mo ti bizin al bwar metadonn »
Le motocycliste s’est relevé. « Kan bann dimoun ti pe koz ek li, linn dir : ‘Mo ti bizin al bwar metadonn’ », soutient Shamina. Alors que plusieurs personnes affluaient, la tension est montée. « Les gens étaient furieux, car l’accident aurait pu être évité si le motocycliste avait roulé à une vitesse normale. Letan bann dimoun ti pe get Bhai Mamad, garson la inn fini ale. » Mohammad Elaheebucus a été transporté à l’hôpital Dr A.G. Jeetoo par une ambulance.
Grièvement blessé, l’octogénaire souffre de trois fractures à la jambe droite, une entaille de 25 cm au bras et une fêlure de 20 cm au crâne. Son pronostic vital est engagé. « So leta pa bon. De plus, vu son âge avancé, son cœur ne fonctionne plus qu’à 20 %, selon le médecin traitant », confie Nooreid, le fils de la victime. Jeudi, Mohammad Elaheebucus a subi une intervention médicale au bras. Le lendemain, il a été opéré pour sa jambe. « Se enn gran loperasion ki linn bizin fer », souligne Nooreid.
Le motocycliste impliqué est un maçon de 35 ans domicilié à Vallée-des-Prêtres. La rédaction du Défi Plus n’a pas pu entrer en contact avec lui. Un de ses frères donne toutefois sa version des faits. « Il m’a raconté que le monsieur traversait du côté gauche de la route. Linn rod pass deryer li. Misie la inn tike, linn met aryer, mo frer pann gagn separ li. Linn tape. »
Il explique aussi ce qui s’est passé après l’accident. « Mo frer inn trouv boukou dimoun ti pe koumans eksite. Lerla linn apel nou. Alors que nous étions en route pour le rejoindre, un inconnu l’a conduit à l’hôpital en voiture car il crachait du sang. C’est un autre membre de la famille qui a transporté sa motocyclette au poste de police. Il a été soigné à l’hôpital pour une fracture à la mâchoire. Ensuite, la police l’a pris en charge. » Notre interlocuteur se dit attristé par la situation de Bhai Mamad : « Mo finn donn kudme met li dan lanbilans. Mo konpran lapenn de so fami. Mo demann exkiz delapar de mo frer. »
La police de Plaine-Verte a ouvert une enquête pour déterminer les circonstances exactes de l’accident. Après sa sortie de l’hôpital, le motocycliste a été emmené sur le lieu du drame. Shamina s’y trouvait à ce moment-là. « Linn dir lapolis ki misie la ti pe fer zigzag. Lerla monn intervenir, monn dir li devan lapolis : ‘Non, to ti pe roul bien vit ek sa vitess la to pann kapav separe tomem’ », déclare-t-elle.
Un manque d’éclairage public
Selon les personnes qui vivent et travaillent à proximité du lieu de l’accident, l’éclairage public est défaillant à cet endroit. « Aswar blackout sa bout sime la ! Si pena sa de fast-food la so lalimier, li ti pou pli nwa ankor », affirme un Graphic Designer installé près du salon de Mohammad Elaheebucus. Il déplore aussi un problème de circulation routière. « Comme la route est large, les automobilistes ont tendance à créer une troisième voie. Quand on sort d’un commerce, on doit faire très attention de ne pas se faire renverser. Il faudrait que la police y mette de l’ordre. »
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