
Les récentes nominations politiques ravivent le débat sur la transparence et la méritocratie. Lindsay Rivière et Nando Bodha dénoncent un favoritisme persistant, accusant Navin Ramgoolam et Paul Bérenger de privilégier leurs proches au détriment de l’intérêt national.
Lindsay Rivière livre un constat éclairé sur les récentes nominations, tant du côté de Navin Ramgoolam que de Paul Bérenger. Pour lui, « la politique et la méthode des nominations constituent l’une des plus grandes désillusions par rapport aux promesses faites durant la dernière campagne électorale de l’Alliance du Changement ».
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« On nous avait promis la transparence, la méritocratie et un mode de sélection basé sur la compétence, assuré et encadrer par un Appointment Committee neutre et impartial politiquement », énumère-t-il.
Nando Bodha, leader du Rassemblement Mauricien rejoint cette position. « Navin Ramgoolam et Paul Bérenger avaient fait campagne sur une promesse claire : rompre avec les pratiques du passé et instaurer la méritocratie — the right person in the right place. Paul Bérenger, en particulier, avait travaillé avec moi dans l’Alliance de l’Espoir sur la création d’un Constitutional Appointments Committee indépendant, composé de personnes intègres et compétentes, chargées de sélectionner les meilleurs candidats pour les postes-clé de l’État », affirme-t-il.
Que voit-on désormais ? « It’s more of the same », dit Lindsay Rivière. « Que ce soit d’un côté comme de l’autre, c’est un grand mensonge. Sans doute certains de ces nominés ont-ils l’expérience, mais le principal élément demeure d’ordre moral », ajoute-t-il.
« La logique clanique l’emporte sur l’intérêt national »
Nando Bodha partage ce constat : « Après les élections de novembre 2024, nous avons assisté à une vague de nominations politiques qui a sidéré l’opinion publique. Le Premier ministre a rappelé à des postes-clé tous ses proches, écartés après la défaite de novembre 2014, comme si les dix années écoulées n’avaient rien change. Force est de constater que les prônés principes sont foulés aux pieds : Bérenger procède lui-même à des nominations partisanes, plaçant ses proches sans hésitation. C’est vrai que Ramgoolam, comme toujours, ne lui laisse que des miettes ! Le signal envoyé au pays est désastreux : la logique clanique l’emporte sur l’intérêt national. »
Ce qui inquiète le plus Lindsay Rivière, c’est « l’accaparement total de tous les corps publics et para-publics et les sociétés nationales par des partis qui disposent de centaines d’opportunités pour caser des éléments aux frais des contribuables.
Est-ce que la nomination de Danielle Perrier comme ambassadrice et qui est une proche de sa famille, Joanna, sa fille, comme Junior Minister, et Frédéric Curé, son gendre, à Airports Holdings Mauritius Ltd soit un signe que Paul Bérenger prépare son retrait et sa relève ? « Paul Bérenger ne prépare pas son départ du MMM ni du paysage politique du pays. Pour moi, ces nominations sont une forme de récompense aux fidèles de son parti qu’est le MMM et aussi à sa famille. C’est comme autrefois dans la famille de sir Gaëtan Duval, il nommait sa sœur, son frère et des proches », indique l’analyste politique. « Paul Bérenger nous a habitués à bien mieux que cela. C’est une grande déception que ce soit de sa part et de celle du MMM, qui a toujours prôné une différentiation entre le parti et l’État. Avec ce qu’a fait Paul Bérenger, le pays glisse vers un système à l’américaine où à chaque changement de gouvernement intervient un système appelé ‘Dépouilles’, quand tous les chefs des divers Départements sont licenciés ou sont tenus à soumettre leur démission. À Maurice, nous allons de plus en plus vers un système de nominations qui ne garantit plus la pérennité des politiques de ces organisations. » dit-il.
Pour Lindsay Rivière, « cet accaparement et ces changements à chaque élection font qu’il n’y aura plus de continuité dans l’action de nos institutions politiques et para-publiques autour de l’État ». « Il faut que cette tendance cesse, car la politique s’infiltre partout et c’est un drame pour notre pays », ajoute-t-il.
« Il est urgent d’ériger un rempart institutionnel contre ces dérives. Sans une méritocratie garantie par un organe indépendant comme le Constitutional Appointments Committee, notre démocratie restera fragile, exposée à toutes les formes d’abus et de trahison politique », conclut Nando Bodha.

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