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Patrick Belcourt : «Le quotidien des citadins est devenu infernal»

Face à l’usure des partis traditionnels et à l’abandon ressenti par de nombreux citadins, Patrick Belcourt, 
leader du mouvement En Avant Moris, fait le pari d’un renouveau politique local. Pour les prochaines élections municipales, il concentre ses forces sur Beau-Bassin/Rose Hill, berceau de son engagement citoyen. Il dénonce la gestion municipale actuelle, développe sa vision d’un « développement intégré » et prône une démocratie de proximité. Selon lui, même un « petit parti » peut profondément transformer une ville, à condition de placer les citoyens au cœur de la décision publique.

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Pourquoi avoir choisi de ne présenter des candidats qu’à Beau-Bassin/Rose Hill pour ces municipales ?

C’est dans la ville de Beau-Bassin/Rose Hill que les citoyens ont répondu présents en masse à mon appel après les élections de 2019. Ils ont compris l’importance de se regrouper en faisant des actions citoyennes pour reprendre leur destin en main. C’est comme ça qu’En Avant Moris a pris naissance 2021. C’est aussi avec les citadins des quartiers de cette ville : Roches-Brunes, Stanley, Trèfles, Barkly, Chebel, Mont-Roches, Rose Hill que nous avons élaboré notre manifeste : De l’abandon à l’abondance. La suite, vous la connaissez. C’était donc normal que nous présentions 24 candidats dans tous les wards de cette ville.

 

L’idée d’alliances avec d’autres petits partis ou des indépendants dans d’autres villes vous a-t-elle tenté ?

Chaque élection est dans un contexte particulier. Pour cette élection, nous avions déjà notre manifeste électoral, nous avions déjà nos candidats qui sont sur le terrain depuis des années. Il n’y avait donc aucune raison pour ne pas se présenter tout seul.

 

Quelles sont les trois priorités majeures de votre programme municipal pour Beau-Bassin/Rose Hill ?

C’est difficile de choisir trois, vu l’état d’abandon de la ville. Certes, les priorités sont nombreuses, mais faire de la politique, ce n’est pas dresser une liste de mesures. Faire de la politique, c’est d’abord et avant tout proposer une orientation qui donne une vision claire de notre démarche. Nous sommes dans une démarche de développement intégré. 

 

Comment mettre ensemble la culture et les enjeux économiques pour la ville ? 

C’est le développement intégré recherché. 

 

Comment régler les enjeux énergétiques et attirer des investisseurs à Beau-Bassin/Rose Hill ?

C’est le développement intégré recherché. 

 

Comment donner des opportunités aux jeunes dans le secteur de la technologie et celui de l’agriculture ? 

C’est aussi le développement intégré recherché.

 

Que reprochez-vous à la gestion municipale actuelle de la ville ?

La façon rétrograde à plusieurs niveaux de gérer la ville. D’abord, les partis traditionnels n’avaient aucune vision politique pour ce qui relève des administrations locales. La manière dont ils ont fonctionné jusqu’ici, c’est pour assurer les services essentiels comme le ramassage des ordures et l’asphaltage des routes. C’est la raison pour laquelle les conseils municipaux restent dépendants du ministère des Administrations locales.

 

Comment comptez-vous impliquer les citoyens dans la prise de décision ?

Pour faire vivre une mairie, il faut plusieurs conditions préalables. Il faut d’abord un climat de confiance, des espaces de communication, de l’écoute, de la proximité et aussi créer un sens d’appartenance. Une fois que ces conditions sont réunies, il faudra les alimenter par des forums réguliers. Nous inviterons les citadins à participer autant que possible au conseil municipal. Certaines personnes appellent ce processus la démocratie participative, pour moi, c’est tout simplement du bon sens. C’est de cette façon que notre manifeste a été conçu. Il ne faudra pas laisser ces fondamentaux dans la vie de tous les jours.

 

En Avant Moris veut être une alternative aux grands partis. Qu’est-ce qui vous distingue ?

Je crois que la principale différence, c’est que nous ne sommes pas dans la partisanerie. Ce n’est pas seulement l’action des différents gouvernements que nous décrions, c’est tout ce système qui fait que l’on trouve les mêmes au gouvernement comme dans l’opposition. C’est un système qui prive la population de toute possibilité de renouvellement politique. Et les autres partis viennent cautionner cette impasse, cette bipolarisation communale. Il y a bien des gens, bienveillants au demeurant, qui me disent que j’aurais dû me joindre à un vieux parti au lieu de créer En Avant Moris. Mais pour faire quoi ? Pou tap latab après le discours de mon leader ? Je préfère être leader moi-même et porter la parole de ceux qui n’ont pas voix au chapitre au sein de ma circonscription. Et quand on regarde le n° 19 et le n° 20, on s’aperçoit que les gens sont pris dans un immense champ de bataille entre des partis politiques qui n’ont jamais rien eu à leur proposer. Ils s’entredéchirent au nom de leurs leaders ou de leurs partis. Voilà ce qui nous différencie, je pense. Il y a aussi la mobilisation citoyenne qui est un peu plus au cœur de notre mouvement et détermine nos actions.

Comment répondez-vous à ceux qui disent qu’un « petit parti » n’a pas les moyens de faire bouger les choses au niveau municipal ?

C’est de la propagande pure et simple des vieux partis. D’ailleurs, ils ont tous à tour de rôle dirigé nos mairies durant ces trente dernières années. Nous voyons le résultat et leur bilan.

 

Quels sont, selon vous, les principaux défis urbains de Beau-Bassin/Rose Hill aujourd’hui ?

D’abord, il faudra faire table rase de cette incapacité des partis à développer une vision politique des collectivités locales. Une vision politique est celle qui sert les citoyens dans leur ensemble. En Avant Moris vient montrer qu’il est possible d’avoir un développement intégré au sein duquel chaque citoyen est pris en compte. Même la personne qui a des difficultés personnelles : dépendances, etc. Nous sommes le premier parti à ne pas jouer les hypocrites par rapport aux fléaux qui rongent notre société. Nous sommes dans une situation dans laquelle toutes les familles sont menacées aujourd’hui. Si sur le plan national, il y en a qui racontent des bobards comme « kas lerin la mafia », au plan local, les citoyens ont davantage de bon sens. Nou pa kapav repouss nou prop fami, rezet dimoun, nek donn zot metadonn me pa fer oken zefor pou linklizyon sosyal. Nous avons le devoir de contribuer au développement de notre ville et de lui donner un nouveau dynamisme par le biais de la culture et du tourisme. Nous devons aider le pays à réussir sa transition énergétique en réduisant en même temps son empreinte carbone. Puisque nous avons pensé à réaménager le trafic qui congestionne nos principales artères. Enfin, nous allons montrer qu’une collectivité locale peut contribuer à l’économie nationale. Ce sera par le biais d’une politique d’investissement, d’une politique de l’emploi de proximité, de décongestion routière, de formation aux nouvelles technologies, de formation aux entrepreneurs, de développement de projets touristiques.

 

Anticipez-vous un fort tout d’abstention ?

Les citadins ont été privés de ce droit de vote pendant des années, leur quotidien est devenu infernal. De plus, il y a le résultat des dernières législatives lors desquelles ils ont voté avec rage pour sanctionner le régime sortant. L’opportunité leur est donnée pour rectifier le tir et pour une fois de faire un vote d’adhésion et non un vote de sanction. Personnellement, je leur fais confiance. Rendez-vous dans la soirée du dimanche 4 mai pour faire le point.

 

Quelle est votre vision pour revitaliser le centre-ville et améliorer la qualité de vie des habitants ?

Nous décongestionnerons les entrées et les sorties de la ville par le biais de zones de parking hors centre-ville. Nous allons créer des zones piétonnes dans le centre de Rose Hill et emmener la culture dans le centre-ville.

 

Beaucoup de commerçants se plaignent d’un manque d’activité économique dans la ville. Que proposez-vous ?

Il faudra définitivement donner plus d’opportunités aux artistes. En créant des zones de recharge d’énergie à la fois pour les véhicules et pour les humains, avec nos parcs boisés dans divers endroits de la ville. En créant des manifestations populaires dans les quartiers afin que les gens viennent de partout pour passer de bons moments ensemble. C’est ainsi que l’on peut revaloriser nos quartiers et faire que les gens ne vivent pas dans des cités-dortoirs qui deviennent des ghettos. Car, c’est la circulation des personnes qui favorise la circulation des biens. C’est cela le commerce. En s’engageant résolument dans le tourisme. Nous voulons créer un tourisme mauricien en créant de l’animation et des évènements dans notre ville. Et nous voulons aussi attirer un tourisme régional au niveau des Mascareignes, par le biais de notre musée, en transformant notamment la vocation de la salle des fêtes du Plaza.

 

Le rôle des conseillers municipaux est souvent jugé limité. Que ferez-vous pour rendre la mairie plus dynamique et plus utile aux citoyens ?

Effectivement, leurs rôles ont été limités, car les partis mainstream ont porté leur choix sur des candidats fidèles. C’était devenu un moyen de récompenser les agents politiques et quelques copains. Au sein d’En Avant Moris, les candidats pour cette élection ont été choisis sur la base de leur compétence, de leur valeur ajoutée et de leur motivation à servir les citadins. De plus, ils ont été prévenus que la proximité ne s’arrêtera pas une fois élus. Bien au contraire. Et je suis convaincu que nos candidats ont bien compris ce que les citadins attendent d’eux.

Patrick Hilbert

 

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