Installé au cœur de la capitale financière du Vieux Continent depuis 2005, il a appris les rouages, les tenants et aboutissants de l’immobilier londonien, et a travaillé sur de grands chantiers. Désormais directeur et partenaire au sein d’Arcadis UK Limited, il affirme que le retrait imminent de la Grande-Bretagne de l’Union européenne n’entraînerait aucune secousse dans ce secteur.
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Son parcours professionnel a de quoi faire rêver Mauriciens et Européens cherchant à faire une percée à Londres. Dans le cas de Nitin Boodhun, c’est davantage une question d’abandonner une carrière locale, sacrifier un train de vie aisé, poursuivre des études dans la capitale britannique, recommencer à zéro sur le plan professionnel et saisir les opportunités en pleine crise financière mondiale de 2008. Et ce parcours est dans l’immobilier à grande échelle, un secteur volatile à souhait, mais porteur, dépendant de quel côté on se range.
Aujourd’hui, en tant que directeur et partenaire d’Arcadis UK Limited, il dirige une équipe de 40 personnes en Europe, dont 15 en Grande-Bretagne. Il est à la tête du département connu comme « due diligence and development advisory ». Son rôle, en termes simples, consiste à conseiller les investisseurs institutionnels de renom tels que Blackstone, JP Morgan ou Goldman Sachs dans leurs projets immobiliers - commercial, bureau et/ou résidentiel haut de gamme. Nitin Boodhun et son équipe s’expriment sur les volets techniques et effectuent des recommandations si le projet devrait aller de l’avant ou pas de même que les risques financiers existants et futurs accompagnant ce genre de transactions. Telles sont les responsabilités de ce natif de Belle-Rose, Quatre-Bornes, fils de médecin et d’une haut-cadre, 40 ans, et marié à Shaleena Nowbuth.
N’empêche que ce tracé professionnel est à peine visible quand cet ancien du collège Royal de Curepipe part en Grande-Bretagne pour les études supérieures. Son diplôme de Certified Quantity Surveyor en poche, il retourne au pays en 2001. Pendant trois ans, Nitin Boodhun travaille au sein de la firme Ong Seng- Goburdhun and Partners. En 2005, il repart pour la Grande-Bretagne pour une maîtrise en investissement immobilier. En parallèle, il prend de l’emploi au sein de la compagnie EC Harris, consultante en construction. Il boucle ses études en 2007 quand s’annoncent les premières craquelures dans la finance mondiale, minée par des investissements sans issus dans l’immobilier.
« La crise financière est une manne parce que les institutions financières sont moins enclines à prendre des risques. De plus, en sus de mettre leurs équipes sur les meilleures opportunités, elles sollicitent des firmes comme Arcadis pour mieux cerner l’offre et la demande. Nos services ont pris de la valeur avec une saine croissance au cours de la décennie écoulée », affirme notre interlocuteur, qui, entre autres, a travaillé sur le projet de village olympique pour les Jeux de Londres en 2012.
Mais une seconde crise se profile à l’horizon. Avec Theresa May et son gouvernement qui œuvrent en faveur du Brexit – retrait de la Grande-Bretagne de l’Union européenne – l’immobilier londonien et britannique ne serait-il pas frappé de plein fouet par un exode de grandes sociétés? D’ailleurs, les grandes banques installées dans la City of London, capitale de la haute finance européenne, prospectent Dublin, Paris ou Frankfort dans le sillage du Brexit.
« Le marché immobilier londonien reste solide. La demande y est. C’est un marché bien structuré et transparent, ce que recherchent les investisseurs internationaux. Ces derniers, venant de la Chine, de Singapour, de l’Inde et du Moyen-Orient, aidés par une livre sterling affaiblie, font des acquisitions à Londres sur le long terme au lieu d’investir dans leur pays. Le risque est moindre. Après une flambée de ces deux dernières années, les prix retournent à la normale », fait ressortir notre interlocuteur. « Qui plus est, les banques délocaliseront leurs activités de back office. En parallèle, ces institutions continuent à investir dans l’immobilier. Londres sera toujours le cœur des transactions et des deals. »
A Maurice, la construction entame sa troisième année de croissance, avec une expansion des activités estimée à 8,5% en 2018 (contre 9,5% en 2017). Les chantiers à but commercial et résidentiel, drivés par le secteur privé, émergent dans la capitale, sur le Plateau central et le littoral. Donc, le secteur de l’immobilier est en ébullition en amont dans la concrétisation et en aval dans la commercialisation. Et dans ce secteur, notre interlocuteur devrait trouver sa place, surtout dans une logique de faire appel à la diaspora pour participer au développement du pays. Est-il prêt à faire le saut ?
« Maurice se transforme en une plateforme de référence pour les investissements entre l’Asie et l’Afrique. Si l’opportunité se présente, je n’hésiterai pas à promouvoir l’ouverture d’une filiale d’Arcadis dans le pays, voire ouvrir ma firme et servir le pays. Mais, une fois de plus, tout est une question de la meilleure opportunité qui sera pérenne», affirme Nitin Boodhun.
Ce dernier n’hésite pas à mettre en avant son identité mauricienne. Il rappelle qu’il se fait un devoir de venir passer au minimum trois semaines dans son pays natal, chaque année, question de se ressourcer auprès de ses parents et à l’ombre, sur la plage, sous les filaos, loin de la grisaille et des gratte-ciel...
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