People

Nazeema Jaulim Seelarbokus : L’experte en transport qui souhaite freiner l’hécatombe sur nos routes

Nazeema Jaulim Seelarbokus Selon Nazeema Jaulim Seelarbokus, notre réseau routier s’est développé sans planification.

Elle est l’une de ces professionnelles mauriciennes engagées dans un des combats les plus visibles et violents de notre société : les accidents de la route. Nazeema Jaulim Seelarbokus, experte en logistiques et transport, a participé au lancement d’un document cette semaine, dont elle est co-auteur, et qui fait le point sur les accidents à Maurice.

Publicité

« Nous ne sommes pas en présence d’une fatalité, mais des conséquences d’un développement économique sans planification. » Ce constat n’est sans doute pas une nouveauté, mais au vu de la violence des accidents, devenus quasi quotidiens, et de leur récurrence, Nazeema Jaulim Seelarbokus vient nous rappeler que la vue de belles berlines offerte au regard du touriste à sa descente d’avion à Plaisance, ne doit pas dissimuler le revers de la médaille autrement plus sombre.

La jeune femme, mère d’un garçon, Jalil, 14 ans, est titulaire d’un MBA et est membre de l’Institute of Chartered Secretaries and Administrators. Employée à la Mauritius Ports Authority, où elle est Quality Coordinator, elle est aussi présidente de l’association Women in Logistics and Transport (WiLAT). À ce titre, elle peut aussi faire valoir que les chiffres officiels démontrent que les femmes sont plus prudentes au volant.

Une des réflexions auxquelles elle est arrivée durant la rédaction du document, est que le type de transport en usage dans un pays ainsi que la qualité de son réseau routier, sont déterminants pour son développement à tous les niveaux. Mais, à eux seuls, ces deux facteurs n’expliquent pas le nombre accablant d’accidents de la route à Maurice. « Notre réseau routier est saturé. Nous ne pouvons plus construire d’autres grandes voies routières, au risque de chambouler notre espace habitat-vie sociale. »

Sanctionner à la poche

Notre réseau routier, poursuit Nazeema Jaulim Seelarbokus, s’est développé sans planification. « D’une part, nous n’avons pas tenu compte de la réalité géographique du pays, d’autre part, notre essor économique a brûlé des étapes, en ignorant ses répercussions sur notre mode de vie. Les gens reportent leur stress sur la route, au volant. L’incapacité de maîtriser les pressions familiales et professionnelles, où il faut toujours faire plus, se libère dans la colère et l’intolérance sur nos routes. Si on ne traite pas ces problématiques en aval, la situation risque fort de s’aggraver », s’inquiète-t-elle.

En présence d’un bilan de 950 décès, de 2010 à 2016, attribués à la vitesse et l’alcool au volant, Nazeema Jaulim Seelarbokus met l’accent sur la nécessité de mener des actions pluridimensionnelles pour inverser cette tendance. « Je pense qu’il faut rapidement concrétiser le projet du monorail mais, en même temps, il faut organiser des campagnes de sensibilisation, en commençant dans les écoles maternelles. C’est un âge où on est plus réceptif. Les enfants peuvent faire pression sur les adultes pour une conduite plus responsable. Enfin, il faut durcir l’arsenal légal : il faut sanctionner à la poche et rapidement. »

Pour la présidente de WiLAT, il faut s’inspirer des pays qui ont réussi à mettre en place des politiques de gestion de la circulation. « Dans ces pays, il existe notamment des procédures qui permettent de vérifier régulièrement les aptitudes des conducteurs au volant. Il faut un vrai sursaut pour que nos campagnes de prévention routière soient efficaces et non des discours », conclut Nazeema Jaulim Seelarbokus.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !