365 jours ont passé, mais la douleur est encore vive dans le Sud-est. Le naufrage du Wakashio a bouleversé la vie paisible de cette région côtière depuis le 25 juillet 2020.
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Une commémoration a eu lieu ce matin, dimanche 25 juillet, au Mahébourg Waterfront, où lors de la catastrophe, on a vu des centaines de volontaires venir spontanément confectionner des centaines de booms pour faire barrage à l’huile lourde du Wakashio et l'empêcher de se répandre.
Plaisanciers, chauffeurs de taxis, commerçants, pêcheurs étaient présents. Aujourd'hui, ils peinent toujours à joindre les deux bouts.
Les séquelles de cette catastrophe écologique d'une ampleur sans précédent à Maurice n’ont pas manqué d’attirer l’attention internationale et de défenseurs de l'écologie, notamment la jeune activiste suédoise, Greta Thunberg. Le regard des grands médias internationaux était rivé sur notre pays. Certains journaux avaient vivement critiqué la gestion de ce désastre par le gouvernement.
Cette épreuve pour le pays a aussi été un déclic citoyen. À l'image de la marche pacifique qui a vu la participation d’une foule monstre à Port-Louis, aux slogans autant écologistes que politiques.
Retour sur les évènements
C’est à 19 h 25, dans la soirée du samedi 25 juillet, que les gardes-côtes établissent un premier contact avec le capitaine d'un vraquier se trouvant en difficulté dans le lagon de Pointe-D’Esny, dans le sud-est du pays. Le Wakashio, un navire battant pavillon Panaméen qui a quitté la Chine pour se diriger vers le Brésil avec 20 personnes à bord, a dévié de sa trajectoire pour finir par échouer sur le récif.
Dès lors, la National Coast Guard entreprend des patrouilles dans les parages et suit de près l'évolution de la situation à travers le Coastal Radar Surveillance System. La surveillance est maintenue afin de s’assurer si l’équipage est en sécurité.
Si, au début, aucun dégât ni fuite n’est constaté, malgré l’assurance des autorités, 12 jours plus tard, soit le 6 août, le Wakashio, à travers une brèche formée dans sa coque, déverse des tonnes d’huile dans les lagons de Pointe-d’Esny.
Si l’on obstinait à affirmer qu’il n’y avait aucun dégât majeur sur le navire, des photos ont révélé une grosse fissure sur la coque du Wakashio, par laquelle de l’huile s’échappait en grande quantité.
Selon les autorités, l’huile déversée dans le lagon était celle destinée au fonctionnement du navire.
Le vraquier transportait 200 tonnes de diesel et 3 900 tonnes d’huile lourde. Une nappe d’huile noire est rapidement très visible autour du vraquier.
Dès lors, c’est la mobilisation des autorités dans un contexte de critiques, leur reprochant une certaine inaction.
Le village de Mahébourg est déjà le théâtre mouvementé du déploiement des centaines de volontaires qui ont répondu à l’appel lancé par Eco Sud et Rezistans ek Alternativ entre autres. Des jours et des jours durant, ils confectionnent des barrières en paille et des booms avec des cheveux pour arrêter la lente avancée des nappes d’huile. La motivation de ceux qui sont sur place ne faiblit pas, les volontaires affluent, le travail se poursuit, et des kilomètres de barrières sont placées dans l’eau.
Entre-temps, des images désolantes de poissons morts, de mangroves souillés et d’oiseaux avec de l’huile commencent à être diffusées. L'aide internationale se manifeste notamment de France et d'autre pays amis.
La foule de bénévoles ne cesse de grossir à Mahébourg. Tous veulent mettre la main à la pâte pour sauver les côtes de Maurice. Les pécheurs de la région se jettent à l’eau pour enlever des seaux remplis d’hydrocarbures des lagons de Pointe-d'Esny, Rivière-des-Créoles, au Mahéboug Waterfront, entre autres. L’opération de nettoyage bat son plein.
Compte tenu de cette urgence environnementale, un compte bancaire est créé sous le Prime Minister’s Relief Fund pour subvenir aux frais occasionnés pour gérer la fuite d’huile du Wakashio.
Des comités de crise sont mis sur pied pour répondre à la catastrophe qui semble parfois échapper au contrôle des autorités.
Un mois après le naufrage du Wakashio, le 26 août, des dauphins électres échouent près des côtes du Sud-Est. La version officielle invoquera la thèse de désorientation.
Quelques jours plus tard, le 29 août, une manifestation d'une ampleur exceptionnelle rassemble des dizaines de milliers de Mauriciens, descendus dans les rues de Port-Louis pour dénoncer la gestion jugée insuffisante de la marée noire par les autorités. Marée qui aura eu temps de ravager une importante partie du littoral du Sud-est en ce début du mois d'août.
Une marée humaine contre la marée noire.
A ce jour, la cour d’investigation, présidée par l’ancien Juge Abdurrafeek Hamuth assisté de ses deux assesseurs, siège toujours.
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