La recrudescence des cas de contamination à la Covid-19 à Maurice apporte son lot de changement dans le monde du travail. Des réorganisations qui ne sont cependant pas étrangères.
La Covid-19 gagne du terrain à Maurice. L’inquiétante propagation de l’épidémie au sein de la communauté a d’ailleurs provoqué la fermeture des écoles. La communauté des affaires n’est pas insensible à la situation. Se préparant à toute éventualité, les entreprises devraient ainsi, dans la mesure du possible, privilégier le travail à domicile. Les discussions à ce propos n’ont d’ailleurs pas tardé.
Areff Salauroo, président de l’Association of Human Ressource Professionals of Mauritius (MAHRP), explique qu’une réunion entre les membres de l’association a eu lieu en milieu de semaine.
« Nous encourageons les entreprises à opter pour le télétravail là où c’est possible. La majorité de nos membres sont d’avis que c’est la meilleure décision à prendre », avance-t-il.
Le télétravail ne serait pas une pratique nouvelle à Maurice. De nombreuses entreprises ont d’ailleurs maintenu les opérations par l’entremise du travail à domicile depuis le dernier confinement. Parmi les membres de la MAHRP, 40 % des sociétés opèrent toujours en mode ‘Work From Home’ depuis avril dernier.
Ashvin Pudaruth, Managing Director de SD Worx Mauritius soutient, quant à lui, que 85 % de son effectif travaillent à domicile. Il faut dire que la reprise en présentiel s’était faite de manière graduelle après la levée de confinement. La flexibilité avait été accordée aux employés dans certains cas. Chez Business & Decision par exemple, la présence au bureau s’effectue par équipe.
Selon Simon Ah Chin Kow, Managing Director de l’entreprise, les équipes se rencontrent à tour de son rôle dans leurs locaux.
Impact sur la productivité
Les entreprises favoriseraient désormais le travail à domicile. Une méthode qui, faut-il le souligner, n’influence pas la productivité. Bien au contraire, à en croire, Ashvin Pudaruth, Managing Director de SD Worx Mauritius, la productivité est maintenue, voire améliorée. Toutefois, à n’en point douter, la hausse des cas de contamination n’est pas sans conséquence sur l’état d’esprit des employés. Ajouter à cela, les échanges d’informations (fausses dans certains cas) par les réseaux sociaux qui, pour Roshan Seetohul, peut provoquer la panique. « L’augmentation des cas de contamination est certes inquiétante.
Toutefois, certaines personnes sur les réseaux sociaux tentent de devancer les informations officielles. Le mood des employés est impacté par les informations qui circulent », concède le président de l’Outsourcing and Telecommunications Association of Mauritius (OTAM). Non désireux de vivre une situation de couvre-feu pour les activités professionnelles, celui-ci se dit en faveur de mesures pour atténuer la transmission du virus. « Le rôle des dirigeants d’entreprise est de faire de la bonne communication et de sensibiliser les collaborateurs. Le couvre-feu peut s’appliquer pour des sorties nocturnes ou des plages par exemple. Au sein de nos entreprises, nous aidons dans la mise en application des protocoles », affirme Roshan Seetohul.
Hubert Gaspard, psychologue du travail : «Ce concept est la nouvelle norme »
> Le nombre galopant de cas de contamination à la Covid-19 à Maurice pousse les entreprises à privilégier le télétravail. Sont-elles mieux préparées pour rebasculer vers le travail à domicile ?
Les deux confinements traversés par le pays nous ont forcés à adopter le télétravail là où c’est possible. Les dirigeants d’entreprise ont changé leur management et les moyens technologiques ont été déployés pour le travail à domicile. Ceux qui étaient réticents face à cette méthode de travail ont constaté que cela assure la continuité des opérations. Le télétravail est ainsi la nouvelle norme. Cela a démontré qu’un employé n’a pas besoin d’être présent au bureau pour être performant.
> Cette méthode de travail a-t-elle une influence sur la productivité ?
Ceux qui ont une conscience professionnelle très forte et une indépendance prononcée vont prouver qu’ils sont les meilleurs employés. L’absence d’un patron sur le dos de l’employé reflète la notion de présentéisme contre celle de performance. Ceci dit, dans le secteur de production de bien et de service, où les équipes opèrent en quantité réduite, il y a une accumulation de fatigue. 
> Comment travailler efficacement dans des conditions qui favorisent l’inquiétude et l’incertitude liées à la pandémie et le variant Delta ?
Force est de constater que le nombre de cas de contamination et de décès liés à la Covid-19 provoque une certaine psychose. Il y a un vent de panique. Le télétravail est privilégié avec l’idée de protéger ceux qui doivent se rendre au bureau. C’est un vrai défi pour les opérations.
> De manière générale, la Covid-19 a-t-elle eu un impact psychologique sur les travailleurs ?
La pandémie a redéfini les paramètres de la notion du travail. Ceux qui vont faire preuve d’agilité, de mental et d’émotion vont mieux s’adapter. Les écoles étant fermées, les employés qui ont des enfants vont par exemple développer des compétences pour concilier vie familiale et vie professionnelle. L’être humain dans sa conception dispose d’un cerveau qui est capable de s’adapter à l’environnement. C’est ce qui dans la psychologie se définit comme la neuroplasticité. Il suffit que l’employé soit motivé, en confiance et trouve le bénéfice à changer.
> Quel est le rôle des employeurs pour permettre aux travailleurs de s’adapter aux changements ?
Certaines entreprises, notamment celles qui ont les moyens, se préparent pour mettre les employés dans les meilleures conditions pour le changement. Aujourd’hui, le modèle d’affaire ne peut plus rester le même que celui d’avant la pandémie. L’industrie de la formation a, à titre d’exemple, évolué. Cela a changé notre perception de la formation en ligne.
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