Le pays fait pâle figure dans le classement de l’innovation. Ce n’est pas forcément un signe d’échec mais l’évidence que d’autres pays innovent plus que le nôtre. Ce recul doit interpeller le leadership étatique et celui du secteur privé. Autrement, le pays risque d’accentuer son recul à une époque où la compétitivité rime avec l’audace et l’innovation…
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Innover, c’est relever la gageure d’introduire pour la première fois quelque chose de nouveau sur le marché, une source d’énergie, une matière première, un produit ou un service, un mode d’organisation ou un procédé. Il n’y a pas de définition standard. Voici quelques pistes et deux jeux pour tester vos connaissances.
Ce concept, maintes fois réalisé par différentes civilisations, doit répondre à des impératifs : intégrer le meilleur du savoir dans un produit ou service créatif favorisant la satisfaction des individus ; adopter socialement ; avoir une portée géographiquement non-isolée ; protéger les auteurs de l’innovation afin de rassurer les éventuels promoteurs et assurer un succès commercial.
Où en est on ?
De 49e en 2015 à 75e cette année, le déclin constant du pays au classement mondial de l’innovation appelle à une prise de consciences des leaders politiques, du secteur privé et de la société en générale. Récemment à Maurice, Soumitra Dutta, auteur du rapport, estime que c’est le moment opportun, à l’ère de l’Industrie 4.0, qu’il y ait un leadership partagé entre les leaders afin de faire émerger l’innovation à travers toute l’économie.
Lors d’une conférence sur le thème de l’innovation, il s’avère qu’un manque de connaissances et de technologies a valu à Maurice une certaine déconfiture. Le principal intervenant à cette conférence était Soumitra Dutta. Ce qui fait bouger les choses, c’est l’innovation animée par des entreprises privées qui se penchent sur la nouveauté au sein de leurs entités. Les employés qui apportent un plus au niveau des opérations sont plus aptes à garder leur job.
« Ce qui est positif, c’est le fait qu’aucun pays, à l’heure actuelle, ne se situe nettement au-dessus des autres. La Chine et les États-Unis investissent massivement dans ce domaine mais les entreprises, à travers le monde, luttent pour voir comment s’orienter efficacement. Le moment est donc bien choisi pour que Maurice élabore une stratégie nationale avec l’appui des acteurs clés de l’économie. Vous pouvez vous inspirer du modèle du classement mondial de l’innovation et l’adapter dans le contexte local pour provoquer le changement à travers des efforts conjugués », souligne Soumitra Dutta.
Il ajoute que la chute de Maurice dans le classement en quelques années n’indique pas que le pays n’a pas progressé. Cela indique surtout que par rapport aux autres pays, Maurice ne s’est pas amélioré assez rapidement. En revanche, d’autres pays ont évolué beaucoup plus vite. Dans ce contexte, cela doit être interprété comme un avertissement pour Maurice, notamment pour les dirigeants locaux, qu’ils soient du gouvernement ou du secteur privé. Maurice doit, une fois plus, faire preuve de leadership dans le domaine de l’innovation.
Il explique ainsi que l’innovation requiert une multitude de facteurs. Il faut le voir comme une chaîne dans laquelle chaque maillon doit être solide. Pour commencer, il faut développer une vision nationale par rapport à l’importance de l’innovation. Tous les pays à l’avant-garde ont chacun une ambition d’envergure nationale. Il est crucial qu’un gouvernement puisse coordonner le développement de cette vision. Cela ne doit pas être une vision basée sur la science ou la technologie, mais une aspiration qui se met en place dans l’ensemble de l’économie.
Liens entre industries et universités
L’autre condition repose sur l’investissement dans le capital humain : l’éducation, la formation, des réformes pédagogiques et éducatives à l’école jusqu’au cycle tertiaire. Il faut créer des liens entre les universités et les industries. Sans cela, il n’y aura pas de connexions productives. Il faut aussi stimuler une culture au sein de la société qui favorise l’innovation et l’entrepreneuriat. Un exemple : si l’État décide de réduire l’usage du papier alors qu’il existe de nombreuses entreprises qui ne fonctionnent qu’à partir des documents papiers, il y a donc dissonance.
Singapour a un point commun avec Maurice pour les ressources humaines. Maurice peut devenir la capitale de l’innovation pour l’Afrique tout comme Singapour est devenu celle de l’Asie du sud-est. Maurice doit s’inspirer de Singapour. Comme un pays insulaire, il est difficile de faire face à la concurrence des autres pays qui ont davantage de ressources que vous.
Exemples de réussite
Plusieurs entreprises, notamment des filiales des importants groupes, sont à la pointe des technologies à Maurice. Parmi elles, figurent Rogers et IBL. Dans le cas le plus récent, Rogers Capital a scellé un accord avec BlockCerts International pour lancer des projets de Blockchain, ou chaîne de blocs à travers l’océan Indien et l’Afrique.
BlockCerts International est une prestation de Blockchain créée par Finaeos.com, une plateforme centrale de technologie qui offre une expertise professionnelle et technique pour la création de communautés collaboratives au sein d’une organisation Fintech. La fonctionnalité de BlockCerts est basée sur de contrats dits intelligents de plusieurs parties prenantes telles que des hypothécaires, des sociétés d’immobilier et de soins de santé pour compléter une transaction.
Le groupe IBL a réussi la mise en place de deux sociétés innovantes : le Centre International de Développement Pharmaceutique, un des pionniers à Maurice dans le domaine de la recherche et du développement pharmaceutique et cosmétique ; et QuantiLAB, laboratoire d’analyses doté d’équipements de pointe et de techniciens hautement qualifiés, apportant des solutions à diverses problématiques liées à la qualité de l’air, de l’environnement et des analyses de dépistage dans le cadre des courses hippiques, entre autres.
Exemples moins apparents
Le Mauritius Research Council accorde plusieurs plans de financement pour la commercialisation de l’innovation. Ces plans sont le Collaborative Research and Innovation Grant Scheme, l’Intellectual Property Promotion Scheme, le Social Innovation Research Grant Scheme, le National SME Incubator Scheme, le Proof of Concept Scheme, le Pole of Innovation Grant Scheme, le Research and Innovation Bridges. Toutes ces recherches et innovations doivent couvrir les domaines de l’énergie renouvelable, les technologies marines et océaniques, les télécommunications, l’externalisation et les centres d’appels, les sciences de la vie et la filière manufacturière. Les exemples de réussite ne sont pas plébiscités, encore moins les échecs dont le projet pour explorer les possibilités d’exploiter l’énergie houlomotrice.
Les faiblesses de Maurice
La principale lacune de Maurice est son faible ratio (105e) entre les intrants et les extrants de l’innovation pour développer un concept d’efficience. Deux des trois intrants, la création du savoir (105e) et l’évaluation des connaissances (111e) sont relativement peu élevés. Les autres piètres rendements se situent au niveau des brevets (113e), de la qualité des publications scientifiques (114e), d’une industrie manufacturière de haute et de moyenne-haute technologie (93e) et des exportations de haute technologie (120e). Au niveau institutionnel (59e), le cadre réglementaire (123e), l’indicateur de coût pour licenciement sont des éléments relativement médiocres. Les infrastructures générales (106e) constituent aussi un point faible dans le domaine de l’innovation. La taille du marché domestique (112e), la sophistication des affaires (82e) et les recherches et développement financé par les industriels (92e) représentent aussi des faiblesses.
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